Medicine
Her Highness |
Label :
American |
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Peu de groupes ont cherché à joindre les contraires, pensant que deux facettes opposées d'un plan ne peuvent s'associer. Si on imagine les choses comme un cercle, la suture de extrémités fait partie intégrante du tout. Au lieu de s'annuler et de se neutraliser, l'union aboutit à une élévation, à la création de quelque chose de nouveau. Comme un électron et un positron provoque une gerbe énergétique en cas de colision.
Avec un son plus poli que sur les précédents opus et un rendu plus soigné, Brad Laner et les siens vont attendre que la mode du shoegazing meure pour mieux la régénérer et en donner la définition. Jamais l'association entre machinerie robotique et chants de haute altitude n'aura approché de si près la luminosité et l'éclat. La fusion (par exemple sur "All Good Thing" ou "A Fractured Smile") entre rythmiques étranges et distordues et spirale saturée échappatoire, apparaît comme une évidence.
Une clarté émerge, une clarté froide, mécanique, comme sur "Heads", presque synthétique (le groupe aime beaucoup les boites à rythmes saccadées, les samples arabisants, les reverbérations, les murs de guitares, les voix déformées...) mais qui sait aussi se faire plus chaude, plus abrasive ("I Feel Nothing At All"), de par le charme mirifique et grandiose des mélodies. On est envoûté par ces élixirs magiques, véritables délices entre guitares amères et refrains sucrés.
Cette ambiguïté se retrouve dans le duo de voix féminine/masculine, pourtant très proches dans la douceur, l'hébatitude et la grâce angélique. Sur "Candy Candy", l'atmosphère prend même l'apparance d'une petite chanson pop toute sage et gentillette, entre jazz poétique et comptine planante, au cours de laquelle le chant de Beth Thompson paraît sans cesse être prêt à basculer dans l'exubérance.
Tout au long de ce rêve éveillé, absolument magnifique, on se dit qu'on est à la frontière du cauchemar étrange ("Farther Dub"). Mais ici, cet aspect nous semble tout aussi beau et la tentation de le visiter est très incidieuse. Du chaos concentré et inextrincible de "Aarhus", on perçoit tout de même la brillance cristaline, comme une porte ouverte sur un autre monde onirique. A l'inverse, le calme et le romantisme sur "Seen The Light Alone" est perverti sadiquement par des éclairs d'électricité furibonde.
En joignant le bruit à la pop, Medicine établit de nouveaux codes, étend les horizons, ouvre les espaces et incite à l'évasion. Lourdeur oppressante et fuite baudelairienne n'ont jamais été aussi proche. Car en imaginant un cercle des possibles, il est bien connu que le tour ne s'arrête jamais.
Avec Her Highness, le groupe osera ce que d'autres n'ont jamais essayé depuis: lutter contre la gravité (parabole de tout ce qui nous contraint en tant qu'individu) et atteindre le ciel à force de saut de trampoline...
Avec un son plus poli que sur les précédents opus et un rendu plus soigné, Brad Laner et les siens vont attendre que la mode du shoegazing meure pour mieux la régénérer et en donner la définition. Jamais l'association entre machinerie robotique et chants de haute altitude n'aura approché de si près la luminosité et l'éclat. La fusion (par exemple sur "All Good Thing" ou "A Fractured Smile") entre rythmiques étranges et distordues et spirale saturée échappatoire, apparaît comme une évidence.
Une clarté émerge, une clarté froide, mécanique, comme sur "Heads", presque synthétique (le groupe aime beaucoup les boites à rythmes saccadées, les samples arabisants, les reverbérations, les murs de guitares, les voix déformées...) mais qui sait aussi se faire plus chaude, plus abrasive ("I Feel Nothing At All"), de par le charme mirifique et grandiose des mélodies. On est envoûté par ces élixirs magiques, véritables délices entre guitares amères et refrains sucrés.
Cette ambiguïté se retrouve dans le duo de voix féminine/masculine, pourtant très proches dans la douceur, l'hébatitude et la grâce angélique. Sur "Candy Candy", l'atmosphère prend même l'apparance d'une petite chanson pop toute sage et gentillette, entre jazz poétique et comptine planante, au cours de laquelle le chant de Beth Thompson paraît sans cesse être prêt à basculer dans l'exubérance.
Tout au long de ce rêve éveillé, absolument magnifique, on se dit qu'on est à la frontière du cauchemar étrange ("Farther Dub"). Mais ici, cet aspect nous semble tout aussi beau et la tentation de le visiter est très incidieuse. Du chaos concentré et inextrincible de "Aarhus", on perçoit tout de même la brillance cristaline, comme une porte ouverte sur un autre monde onirique. A l'inverse, le calme et le romantisme sur "Seen The Light Alone" est perverti sadiquement par des éclairs d'électricité furibonde.
En joignant le bruit à la pop, Medicine établit de nouveaux codes, étend les horizons, ouvre les espaces et incite à l'évasion. Lourdeur oppressante et fuite baudelairienne n'ont jamais été aussi proche. Car en imaginant un cercle des possibles, il est bien connu que le tour ne s'arrête jamais.
Avec Her Highness, le groupe osera ce que d'autres n'ont jamais essayé depuis: lutter contre la gravité (parabole de tout ce qui nous contraint en tant qu'individu) et atteindre le ciel à force de saut de trampoline...
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Vic |
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