Reveille

J'aime bien poser un disque, l'écouter sans savoir du tout à quoi m'attendre, un peu comme quand on va au ciné sans avoir rien lu sur le film, se laisser pénétrer au mieux, vierge de tout avis préalable. La voix de François Virot ressemble à celle d'un ami qu'on aimerait écouter à longueur de journée, et si en plus elle est sertie d'un rock teinté 90's, le plaisir n'en est que plus grand.

Il pourrait paraître assez commun ce Broken Machines au premier abord, agréable, mais se révèle vraiment au gré des écoutes, des effets surprennent derrière l'apparente facilité des titres, pour peu qu'on ne l'écoute pas seulement d'une oreille distraite. Ce disque a vraiment un effet attractif, on pourrait le réécouter quotidiennement, sans se lasser, s'accrocher aux titres qu'on fredonnent, découvrir une guitare dans un coin à laquelle on n'avait pas encore prêté attention ("Revenge"), une ambiance, un jeu ne sais quoi qui vous met le sourire au coin des lèvres. On retrouve un souvenir, comme si on connaissait cet album par coeur, et ce dès la première écoute ; ce sentiment perdure au fil des écoutes. Croyez moi, ça doit bien faire trois semaines qu'il m'accompagne cet album de Reveille.
Quand Lisa fait entendre sa voix, portée par la guitare et le martèlement de la batterie, on tient là un des sommets de l'album ("Long Distance Runner"), qui se poursuit avec des arrangements savamment troussés, rappelant souvent Women -groupe trop méconnu, à la carrière malheureusement stoppée en plein élan- par la voix de Mr Virot & la rythmique à la fois bancal et astucieuse ("Horizon", 'No Goal", autre excellent titre de l'album, "Swallow Everything") qui donne à ce Broken Machines une magie ténue, qui tient jusqu'au "Athletic Man" final, tout en réserve et en tension.

Je ne connaissais François Virot que de nom, mais ce Reveille me donne envie de fouiller dans sa discographie, ses nombreux projets, pour saisir l'étendue de son talent, et retrouver cette voix déjà familière...