Naked City

Absinthe

Absinthe

 Label :     Avant 
 Sortie :    vendredi 10 décembre 1993 
 Format :  Album / CD   

Naked City, fameux groupe avant-gardiste mené par un certain John Zorn, sort en 1993 son ultime opus. Jusqu'alors, le style du groupe était reconnaissable entre mille: un hybride de jazz complètement déjanté, empruntant des éléments à tous les styles inimaginables: pop, punk, hard, jusqu'au grindcore. Il en résultait des morceaux diaboliques avoisinant les quelques secondes, d'une richesse et d'une violence insondables.

Leur dernier album ressemble à la sortie d'un coma de vingt ans. Une absence totale de repères, l'angoisse de la découverte d'un monde défiguré qui nous a oublié depuis longtemps. Naked City oeuvre dans l'ambient expérimentale, lestant au passage toute sa fougue rythmique et le délire de ses saxophones. La musique n'est presque plus, il n'en reste plus que des bribes qui s'évertuent à créer la bande son de l'épouvante. On reconnaît quelques notes de guitare complètement déglinguées, noyées sous une lourdeur chargée d'éther. "Val De Travers" est une épreuve en soi, un chemin tortueux à travers une forêt où l'on sait que l'on va se perdre. "Une Correspondance", ou comment s'aventurer dans la plus sordide des prisons. Tout n'est que froideur, malaise et amnésie. Chacun pourra se faire son propre film à l'écoute du disque, mais il est difficile de planer. On sera juste perdu, comme dans cet "Artemisia Absinthium", envahi d'une nuée de moustiques obsèdants. Au milieu de cette lenteur excessive, certains titres sont totalement sourds. Il faudrait en effet pousser le volume pour pouvoir discerner quelque chose. Quant au dernier titre ("Rend Fou"), inutile de se poser de questions. Ce ne sont que six minutes de craquements dont le seul intérêt sera de nous laisser dans l'angoisse. En tout cas, l'indifférence n'est pas le sentiment qui prédomine après une écoute attentive.

Un tel disque divise forcément: une supercherie pour beaucoup, une expérience à la limite du traumatisme pour d'autres. Mais une curiosité bien placée saurait amener à la découverte de cette oeuvre on ne peut plus bizarre. Quoi de plus normal pour du Naked City remarquez.


Pas mal   13/20
par Head


 Moyenne 11.00/20 

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Posté le 26 décembre 2006 à 10 h 19

Ne me parlez pas de musique, Absinthe n'en est plus. Naked City dévore piste par piste des délires acousmatiques qui ont pour seul but de nous faire sortir de notre habituelle quiétude musicale. Ils nous font découvrir des bruits, des sons, qui ne vont pas ensemble mais qui se portent les uns les autres, jusqu'à rendre fou, comme le dit la dernière piste de l'album.

Comme tous les albums de ce genre musical mal connu, l'idée n'est pas ici d'écouter le disque comme on en écoute un 'classique' de jazz ou de rock. Il s'agit de temps en temps de revenir sur une piste pour découvrir un son qui apparaît à la 38ème seconde de la piste 3, par exemple. Du coup, je trouve cet album moins déroutant que les autres Naked City. Il est différent, le concept est plus marginal encore. En revanche, j'y vois un gros défaut: Zorn n'est pas un spécialiste du genre et il n'en respecte pas les codes. De temps en temps, il se borne à respecter des structures musicales, qui rendent l'exercice périlleux et à la limite du supportable. C'est un homme qui aime casser les codes et qui s'amuse à constamment détruire ce qu'il a compris. Quand on revisite les albums précédents de Naked City, celui-là perd tout son intérêt. Dommage, Naked City aurait mérité de prolonger son histoire.
Insipide   7/20



Posté le 28 mai 2007 à 23 h 04

Attention ! Je crois qu'il s'agit d'un des disques les plus glauques de l'histoire de la musique (ok, il y a aussi Hérésie d'Univers Zéro et sûrement quelques autres) ; parce que, vraiment, il faut être au 36ième dessous ou au bord du suicide pour avoir envie d'écouter ou plutôt de subir un truc pareil. C'est répétitif, monotone, bruitiste et malsain et pourtant, il y a quelque chose qui peut vous attirer et vous donne (parfois) envie d'y retourner...

C'est le dernier album de Naked City mais il n'a rien avoir avec les autres. Autant les précédents albums étaient cacophoniques et débridés, autant celui-ci est calme et posé, ce qui ne veut pas dire qu'il soit plus facile à appréhender. En fait, Absinthe relève plus de l'ambient et de la musique contemporaine que du jazz/hardcore auquel le groupe nous avait habitué.

A réserver à ceux qui traversent une grande crise existentielle et aux masochistes.
Pas mal   13/20







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