Gomez

Après la sortie de l'album de b-sides et de raretés au titre laborieux à retenir (Abandoned Shopping Trolley Hotline) et de l'excitant EP Machismo en 2000, on attendait Gomez pour, enfin, un véritable album. On savait déjà que les six jeunes hommes (en comptant l'homme caché : Dajon Averett) prenaient une direction artistique moins folk, moins blues, mais s'amusaient plutôt à s'approprier un son électronique (je me rends compte que ce mot fait peur, prenez-le dans le sens "utilisation de machines électroniques", pas celui de techno...). Et bien avec In Our Gun, nous sommes gâtés car ces messieurs ont compris comment BIEN les utiliser.

De l'intro surprenante au rythme déchaîné "Shot Shot" jusqu'au dernier titre de l'album, on sent que Gomez a décidé de nous brouiller les pistes. Ils n'aiment pas les étiquettes et celle qu'on leur avait collée : "Blues-Psychédélique" ne convient pas tellement ici.
Pour les fans de Bring it On et Liquid Skin, c'est peut être déroutant d'entendre les bruits expérimentaux de "Rex Kramer" ou les synthés de "Ruff Stuff". Mais il suffit de bien tendre l'oreille là il faut et après l'écoute entière de ce bijou, on se rend compte que les membres de Gomez sont franchement doués lorsqu'ils unissent la mélodie à l'expérimentation.

Cet album est aussi, l'air de rien, un coup de pied à la politique américaine et à la guerre en général (étant enregistré peu après le 11 Septembre). Beaucoup de titres de chanson agressifs qui en disent long : "Shot Shot", "Army Dub", ou encore "In Our Gun". Justement, cette dernière est sans doute la plus remarquable de cet album : un refrain envoûtant, des chœurs parfaits, une mélodie irrésistible pour une fin somptueuse avec un véritable massacre en guitare, en basse, une vraie apocalypse !!! Douce au début et déchirante à la fin.
Mais Gomez ne sont pas là uniquement pour parler politique, ils jouent, s'éclatent, se moquent bien de ce qui les entoure. Et ils ont bien raison ! On danse sur la trompette et le saxo de "Detroit Swing 66", on rêve autour d'un feu de camp sur les airs de "Sound of Sounds", on joue au ping-pong (sport favori du groupe) en sautillant sur les notes très entraînantes de "Ping One Down"...

Bref un voyage tout en légèreté auquel il ne faut pas hésiter à participer. En résumé, procurez-vous le vite. Et plongez dedans sans a priori, sans trop de questions, sans aucun snobisme, plongez dans leur univers sympa plutôt cool et croquez ces petites chansons au bon goût de bonbons acidulés.