You Am I

5 ans après l'épuisement, l'urgence.

L'album sans nom se terminait comme une bougie s'éteint doucement et plonge dans l'obscurité, Porridge & Hotsauce lui tire brutalement les rideaux et laisse le soleil inonder la pièce, autant dire que le réveil est brutal. "Good Advices" est portée par un riff tranchant comme une lame de rasoir qui va et vient à un rythme frénétique. Une telle débauche d'énergie pourrait facilement tourner à vide (oui, on pense aux Foo Fighters) mais You Am I écrit avant tout des chansons et cherche dans un second temps à faire les malins. "Bon Vivants" et "No, A Minor Blue" continuent sur la trace de fumée de la première roquette en déviant cette fois vers l'orbite stellaire de Big Star période #1 Record à coup de riffs et breaks de batterie en forme d'hommages. Et soudain tout change : "Two Hands" et "One Drink At A Time" partent vers des émotions gospel et des arrangements classieux avant que la sombre rumination acoustique "Daemons" n'ouvre la voie au puissant "Beehive", piano martelé, cordes délicieuses et chœurs délectables. Ici et là le petit événement est que deux morceaux sont signés Davey Lane ce qui en fait, hors reprises, les premiers morceaux de You Am I non écrits par Tim Rogers. Le fanboy devenu second guitariste en chef livre un excellent "Out To The Never, Now" et se veut plus touchant sur "Buzz The Boss". Le boss Rogers lui reprend les rênes de la diligence et fonce tambour battant, l'urgence toujours, sur les 4 excellents derniers titres toutes guitares dehors –mention spéciale à "An East Doncaster Gurl"- qui sentent bon le groupe bolide audiblement heureux de faire les malins sur de si bonnes chansons.

Tièdement reçu à sa sortie en 2015 (en mode "et alors ?") Porridge & Hotsauce n'a en effet à offrir que de bonnes chansons superbement écrites jouées avec énergie et haute tension par un gang de rockers qui a fait les 400 coups ensemble. Pas assez pour exciter les médias, bien assez pour nous car bien trop rare de nos jours.