The Delano Orchestra
NowthatyouARefree MyBelovedLove |
Label :
Kütu Folk |
||||
(L'auteur de cette chronique est un chieur qui ne veut pas noter la musique. Par défaut, il met 20/20 partout et cette note n'engage que ceux qui veulent la prendre au sérieux)
Dans l'incompréhensible et pas si grande histoire du rock indépendant français, il y eut à la fin des années 2000 une drôle de parenthèse. Du jamais-vu. Une réjouissante anomalie géographique. Imperceptiblement mais sûrement, le centre de gravité de l'hexagone s'était éloigné des ses pôles habituels et recentré autour de Clermont-Ferrand. Mais oui madame.
Écartelé pour le meilleur et pour le pire entre Paris, Bordeaux voire Rennes ou le Grand Est, la France avait, l'espace de quelques années, trouvé dans la cité auvergnate un barycentre solide. Une SMAC de bon goût (La Coopérative de Mai), quelques lieux dégourdis (le Raymond Bar, le Baraka...), un disquaire pointu (Spliff), des bons groupes en pagaille (parenthèse à garnir avec vos groupes clermontois préférés, moi je déclare un faible irrémédiable pour les Wendy Darlings). Il n'en fallait pas plus. L'indie zeitgeist gaulois avait, comme la France de Giscard une trentaine d'années plus tôt, basculé au centre.
A quoi on pouvait ajouter un label, Kütu Folk Records, qui mêlait fièrement et humblement identité régionale, indépendance et musiques sincères. Et au sein de ce label, j'espère ne faire injure à personne, un des groupes fondateurs, The Delano Orchestra, faisait un peu figure de tête de peloton.
Leur premier album de 2008, tout en classe folk et tubes dépressifs chuchotés, devait autant à Eels et Sparklehorse qu'à Elliott Smith et leur avait assuré une belle notoriété. Le deuxième amorçait un virage cinématographique assez subtil à définir : folk toujours, post-rock un peu, slow-quelque-chose sans doute.
Autant dire que ce troisième album, nowthatyouARefree MyBelovedLove, avant même d'avoir existé, portait déjà sur lui le costume encombrant de l'album de la confirmation/consécration/maturité.
Vous l'avez vu venir de loin, il fut tout sauf cela. Prenant de plus en plus grand soin de ne pas reproduire tout ce qui avait fait les riches heures de son premier album, le Delano Orchestra continuait sa mue à petit feu. Les plages lancinantes par ci, les reliefs doux par là. Les ballades nocturnes en trois temps et peu de mouvements se succédaient les unes aux autres, les moments de grâce s'étiraient jusqu'à ce qu'on se demande s'ils allaient s'éteindre d'eux mêmes ou exploser d'un coup. L'équilibre sonore y était fragile, les guitares électriques souvent présentes mais il y avait toujours une trompette, un orgue, un violoncelle, ou un mellotron pour nous rappeler qu'on ne sortirait jamais vraiment de l'entre-deux cotonneux dans lequel les Delano nous avaient plongés.
Au final, cette lente réinvention qui culmine sur ce troisième album ne manquait certainement pas de flamboyance. Elle aurait peut-être mérité une autre époque, ça oui, plus portée sur les changements de peau au long cours. Pas de regret, en pleine lumière, cet album aurait peut-être pâli, ce n'est qu'en pleine nuit qu'on apprécie vraiment les bougies (*).
(*) non, ce n'est pas une injonction à la sobriété énergétique, c'est juste une fin de chronique un peu poussive, on fait au mieux hein
Dans l'incompréhensible et pas si grande histoire du rock indépendant français, il y eut à la fin des années 2000 une drôle de parenthèse. Du jamais-vu. Une réjouissante anomalie géographique. Imperceptiblement mais sûrement, le centre de gravité de l'hexagone s'était éloigné des ses pôles habituels et recentré autour de Clermont-Ferrand. Mais oui madame.
Écartelé pour le meilleur et pour le pire entre Paris, Bordeaux voire Rennes ou le Grand Est, la France avait, l'espace de quelques années, trouvé dans la cité auvergnate un barycentre solide. Une SMAC de bon goût (La Coopérative de Mai), quelques lieux dégourdis (le Raymond Bar, le Baraka...), un disquaire pointu (Spliff), des bons groupes en pagaille (parenthèse à garnir avec vos groupes clermontois préférés, moi je déclare un faible irrémédiable pour les Wendy Darlings). Il n'en fallait pas plus. L'indie zeitgeist gaulois avait, comme la France de Giscard une trentaine d'années plus tôt, basculé au centre.
A quoi on pouvait ajouter un label, Kütu Folk Records, qui mêlait fièrement et humblement identité régionale, indépendance et musiques sincères. Et au sein de ce label, j'espère ne faire injure à personne, un des groupes fondateurs, The Delano Orchestra, faisait un peu figure de tête de peloton.
Leur premier album de 2008, tout en classe folk et tubes dépressifs chuchotés, devait autant à Eels et Sparklehorse qu'à Elliott Smith et leur avait assuré une belle notoriété. Le deuxième amorçait un virage cinématographique assez subtil à définir : folk toujours, post-rock un peu, slow-quelque-chose sans doute.
Autant dire que ce troisième album, nowthatyouARefree MyBelovedLove, avant même d'avoir existé, portait déjà sur lui le costume encombrant de l'album de la confirmation/consécration/maturité.
Vous l'avez vu venir de loin, il fut tout sauf cela. Prenant de plus en plus grand soin de ne pas reproduire tout ce qui avait fait les riches heures de son premier album, le Delano Orchestra continuait sa mue à petit feu. Les plages lancinantes par ci, les reliefs doux par là. Les ballades nocturnes en trois temps et peu de mouvements se succédaient les unes aux autres, les moments de grâce s'étiraient jusqu'à ce qu'on se demande s'ils allaient s'éteindre d'eux mêmes ou exploser d'un coup. L'équilibre sonore y était fragile, les guitares électriques souvent présentes mais il y avait toujours une trompette, un orgue, un violoncelle, ou un mellotron pour nous rappeler qu'on ne sortirait jamais vraiment de l'entre-deux cotonneux dans lequel les Delano nous avaient plongés.
Au final, cette lente réinvention qui culmine sur ce troisième album ne manquait certainement pas de flamboyance. Elle aurait peut-être mérité une autre époque, ça oui, plus portée sur les changements de peau au long cours. Pas de regret, en pleine lumière, cet album aurait peut-être pâli, ce n'est qu'en pleine nuit qu'on apprécie vraiment les bougies (*).
(*) non, ce n'est pas une injonction à la sobriété énergétique, c'est juste une fin de chronique un peu poussive, on fait au mieux hein
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Santiagoo |
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