The Delano Orchestra

Un folk évanescent pour une mélancolie passive, un rock profond et sonore pour une mélancolie plus déterminée voilà à quoi ressemble The Delano Orchestra sur scène. On ne peut pas en dire autant de leur premier A Little Girl, A Little Boy And All The Snails They Have Drawn ou plutôt on peut dire que le contraste est moins flagrant. Derek Delano est toujours aux commandes avec ses accords engourdis et mène sa barque avec un flegme qui lui est propre. Qu'on l'ait vu sur scène ou pas on voit bien le mec les yeux fermés, recroquevillé sur sa guitare (ce qui est le cas). De sa voix étouffée aux murmures rappelant entre autres "Homecoming Queen" de Sparklehorse ou encore Elliott Smith ("Bubbles" parfaite) il nous fait part de son journal intime sous forme d'un conte mystérieux dont il est le seul à en connaître le véritable sens. La formule est plaisante : une musique aussi chancelante que la flamme d'une bougie menacée de s'éteindre à tout moment. Les comparaisons sont également valables pour l'acoustique du groupe de Clermont-Ferrand aux limites du lo-fi qui n'arrive jamais à jaillir complètement. L'artifice est idéal lorsque l'on se cache derrière sa timidité, il la rend en accord avec le reste, mais cela altère en parallèle la pertinence de certaines montées qui paraissent étouffées dans l'œuf notamment "An Idea Of The End" en deçà de sa version live. On peut également regretter la faible présence de la trompette, toujours très pertinente dans ses interventions, mais qui s'explique par le fait que Julien Quinet est arrivé en cours de route et donc n'a pas pu poser son empreinte sur tout le disque. Mis à part ces petits défauts qui pêchent un peu mais d'un côté rendent leurs concerts plus captivants, The Delano Orchestra signe tout de même un très bel album d'une sincérité à n'en pas douter.