The Kinks
Kinda Kinks |
Label :
Sanctuary, Universal |
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Après deux singles de tueur qui irriguent encore le rock et ses épigones, Pye Records presse les Kinks, et surtout Ray Davies qui s'est révélé comme compositeur quasi unique et leader du groupe. Un cycle infernal commence fait de tournées, shows télé, émissions de radio, enregistrements entre deux portes sans vraiment le temps de composer et d'écrire.
Début février 1965 le groupe rentre d'une tournée dans le Pacifique, à peine débarqués de l'avion, les quatre musiciens sont emmenés en studio par le producteur maison Shel Talmy pour enregister Kinda Kinks, Pye Records leur accordent 15 jours ; la sortie de l'album le 5 mars suivant a déjà été annoncée dans la presse. Autant dire que tout se précipite ! Quatre chansons sont déjà enregistrées dont le single "Tired Of Waiting For You" sorti en janvier, mais certaines n'existent même pas !
L'album sort avec douze titres, dont deux reprises seulement, voici la grande nouveauté de ce disque.
Pour être honnête, les reprises ne sont pas terribles. Leur version plate de "Dancing In The Street", sortie en 1964 par Martha & The Vandellas n'apporte rien à l'album ni à la chanson, celle de Bowie et Jagger est mieux, c'est dire... Celle de "Naggin'Woman" de Jimmy Anderson n'a strictement aucun intérêt à part d'être chantée par Dave Davies.
Parmi les compositions, il faut faire le tri entre ce qui ressemble à du remplissage plus ou moins rythm'n blues et ce qui est intéressant. Malheureusement avec des délais aussi courts tout ne peut pas être de bonne qualité. Mais les Kinks ont quand même réussi à faire de sacrées bonnes chansons sur ce disque, à commencer par "Nothin'In The World Can Stop Me Worryin'Bout That Girl", une composition calme et subtile qui débute avec une simple guitare, "So Long" creuse cette même veine. Un très bon morceau et un énorme succès, le fluide et mélancolique "Tired Of Waiting For You" qui est l'unique single (sorti en janvier 1965) de Kinda Kinks, a été enregistré deux mois avant, sa face B, "Come On Now" est basée sur un blues bien roots, chanté par Dave Davies, ce morceau aurait pu être un bon single si la production ne l'avait pas assagi.
Parmi les autres titres, soit c'est simplement banal ou carrément mauvais, soit le travail de Shel Talmy a gâché ce qui pouvait être bon. Le groupe n'aime pas Kinda Kinks, pour les mêmes raisons. Pye Records était pressé de faire rentrer de l'argent dans ses caisses et n'hésitait pas à saboter le travail de ses artistes, les Kinks n'en sont pas les seules victimes. Il faut rappeler que Pye a quand même viré le jeune David Bowie.
Malgré tout ça, l'album se classera très bien.
En août 1965 Kinda Kinks sort en Amérique, si l'album porte bien le même nom, la liste des morceaux est complètement remaniée, les singles ne sont pas les mêmes. C'est une pratique habituelle à cette époque, les pressages américains reprennent avant tout les tubes anglais.
La réédition courante la plus intéressante est celle sortie chez Sanctuary en 2011. Sur le premier disque figure l'album, en mono. Le second est une mine pleine de diamants présentant plusieurs singles, le EP Kwyet Kinks, quelques demos et cinq titres d'une session radio.
Pour le deuxième single de cette année 1965, sort l'arrogant et vitaminé "Ev'rybody's Gonna Be Happy", repris par Queen Of The Stone Age bien plus tard ; contre l'avis de Ray Davies la maison de disque n'attend pas l'enregistrement définitif et sort la démo. Bien mal lui en a pris puisque ce titre stagnera quelques semaines en milieu de tableau avant de disparaître. De ce fait, aux Etats-Unis les faces seront inversées, c'est "Who'll Be The Next In Line" qui sera en face A, et n'aura pas plus de succès.
"Set Me Free", chanson d'amour déçu, single plus cool que les autres malgré une guitare bien rêche, sera la première chanson du groupe à figurer dans un film, et ce dès 1965 grâce au jeune Ken Loach. En face B, se trouve "I Need You", un blues dopé sauvage et tranchant : une vraie machine de guerre, le titre est souvent cité parmi les racines du punk. Bizarrement il ne sera que très rarement joué sur scène.
Autre single, "See My Friends" est écrite après une escale en Inde, c'est une des premières fois, si ce n'est la première, que l'influence indienne fait son apparition dans la pop occidentale. Il ne s'agit pas d'un sitar mais bien d'une guitare acoustique (a priori une douze cordes) jouée par Dave Davies très près de son ampli. Son manque de succès sera une déception pour son compositeur, Ray Davies, qui s'était beaucoup investi émotionnellement dans la musique comme dans les paroles. Le morceau est remarquable grâce au travail fait sur le chant, il sonne comme un choeur, ce qui est inhabituel dans leurs morceaux.
Les quatre titres du Kwyet Kinks EP sortent en septembre afin d'occuper le terrain entre deux albums. C'est aussi et surtout un disque de transition musicale grâce au doux-amer "A Well Respected Man" qui sonne plus ou moins l'abandon des influences soul et rythm'n blues et engage le groupe vers une pop de plus en plus riche et élaborée. Ray Davies au chant, et son frère aux choeurs, ont fait d'énormes progrès mélodiques, et ça s'entend précisément sur ce titre pour Ray. Concernant Dave, il faut l'écouter chanter sur "Wait Till The Summer Comes Along" pour le constater.
Parmi les compléments il y a plusieurs demos ou prises alternatives dont une notable.
"I Go To Sleep" n'a jamais été publié officiellement par les Kinks, c'est pourtant la meilleure chanson composée par Ray Davies et jamais sortie par le groupe. Ce qui est parfaitement incompréhensible. Cette démo au piano est sublime, elle aurait pu sortir telle quelle. C'est pourtant Peggy Lee qui chantera sur la première version officielle, suivie par les oubliés The Appeljacks en août 1965, puis par Cher et d'autres, et enfin avec un succès phénoménal par les Pretenders en 1981.
Autre démo donnée à chanter à d'autres, le très beau "There's A New World Just Opening For Me" joué simplement guitare/piano avec des choeurs. Encore un coup loupé. "This Is Now", très courte, n'est tristement jamais sortie des cartons. Même ici, mal enregistré, c'est un titre magnifique dans une veine un peu folk que les Kinks pratiqueront plus tard.
Ce second disque se termine par quelques titres issus de sessions pour la BBC, dont "Hide & Seek", connue uniquement grâce à cet enregistrement.
Si ce Kinda Kinks n'est pas l'album le plus intéressant dans la discographie du groupe, il fait tout de même partie des fondations de la pop anglaise.
En septembre 1965, l'année est loin d'être terminée pour les Kinks, ça se passe sur l'album suivant The Kink Kontroversy.
Début février 1965 le groupe rentre d'une tournée dans le Pacifique, à peine débarqués de l'avion, les quatre musiciens sont emmenés en studio par le producteur maison Shel Talmy pour enregister Kinda Kinks, Pye Records leur accordent 15 jours ; la sortie de l'album le 5 mars suivant a déjà été annoncée dans la presse. Autant dire que tout se précipite ! Quatre chansons sont déjà enregistrées dont le single "Tired Of Waiting For You" sorti en janvier, mais certaines n'existent même pas !
L'album sort avec douze titres, dont deux reprises seulement, voici la grande nouveauté de ce disque.
Pour être honnête, les reprises ne sont pas terribles. Leur version plate de "Dancing In The Street", sortie en 1964 par Martha & The Vandellas n'apporte rien à l'album ni à la chanson, celle de Bowie et Jagger est mieux, c'est dire... Celle de "Naggin'Woman" de Jimmy Anderson n'a strictement aucun intérêt à part d'être chantée par Dave Davies.
Parmi les compositions, il faut faire le tri entre ce qui ressemble à du remplissage plus ou moins rythm'n blues et ce qui est intéressant. Malheureusement avec des délais aussi courts tout ne peut pas être de bonne qualité. Mais les Kinks ont quand même réussi à faire de sacrées bonnes chansons sur ce disque, à commencer par "Nothin'In The World Can Stop Me Worryin'Bout That Girl", une composition calme et subtile qui débute avec une simple guitare, "So Long" creuse cette même veine. Un très bon morceau et un énorme succès, le fluide et mélancolique "Tired Of Waiting For You" qui est l'unique single (sorti en janvier 1965) de Kinda Kinks, a été enregistré deux mois avant, sa face B, "Come On Now" est basée sur un blues bien roots, chanté par Dave Davies, ce morceau aurait pu être un bon single si la production ne l'avait pas assagi.
Parmi les autres titres, soit c'est simplement banal ou carrément mauvais, soit le travail de Shel Talmy a gâché ce qui pouvait être bon. Le groupe n'aime pas Kinda Kinks, pour les mêmes raisons. Pye Records était pressé de faire rentrer de l'argent dans ses caisses et n'hésitait pas à saboter le travail de ses artistes, les Kinks n'en sont pas les seules victimes. Il faut rappeler que Pye a quand même viré le jeune David Bowie.
Malgré tout ça, l'album se classera très bien.
En août 1965 Kinda Kinks sort en Amérique, si l'album porte bien le même nom, la liste des morceaux est complètement remaniée, les singles ne sont pas les mêmes. C'est une pratique habituelle à cette époque, les pressages américains reprennent avant tout les tubes anglais.
La réédition courante la plus intéressante est celle sortie chez Sanctuary en 2011. Sur le premier disque figure l'album, en mono. Le second est une mine pleine de diamants présentant plusieurs singles, le EP Kwyet Kinks, quelques demos et cinq titres d'une session radio.
Pour le deuxième single de cette année 1965, sort l'arrogant et vitaminé "Ev'rybody's Gonna Be Happy", repris par Queen Of The Stone Age bien plus tard ; contre l'avis de Ray Davies la maison de disque n'attend pas l'enregistrement définitif et sort la démo. Bien mal lui en a pris puisque ce titre stagnera quelques semaines en milieu de tableau avant de disparaître. De ce fait, aux Etats-Unis les faces seront inversées, c'est "Who'll Be The Next In Line" qui sera en face A, et n'aura pas plus de succès.
"Set Me Free", chanson d'amour déçu, single plus cool que les autres malgré une guitare bien rêche, sera la première chanson du groupe à figurer dans un film, et ce dès 1965 grâce au jeune Ken Loach. En face B, se trouve "I Need You", un blues dopé sauvage et tranchant : une vraie machine de guerre, le titre est souvent cité parmi les racines du punk. Bizarrement il ne sera que très rarement joué sur scène.
Autre single, "See My Friends" est écrite après une escale en Inde, c'est une des premières fois, si ce n'est la première, que l'influence indienne fait son apparition dans la pop occidentale. Il ne s'agit pas d'un sitar mais bien d'une guitare acoustique (a priori une douze cordes) jouée par Dave Davies très près de son ampli. Son manque de succès sera une déception pour son compositeur, Ray Davies, qui s'était beaucoup investi émotionnellement dans la musique comme dans les paroles. Le morceau est remarquable grâce au travail fait sur le chant, il sonne comme un choeur, ce qui est inhabituel dans leurs morceaux.
Les quatre titres du Kwyet Kinks EP sortent en septembre afin d'occuper le terrain entre deux albums. C'est aussi et surtout un disque de transition musicale grâce au doux-amer "A Well Respected Man" qui sonne plus ou moins l'abandon des influences soul et rythm'n blues et engage le groupe vers une pop de plus en plus riche et élaborée. Ray Davies au chant, et son frère aux choeurs, ont fait d'énormes progrès mélodiques, et ça s'entend précisément sur ce titre pour Ray. Concernant Dave, il faut l'écouter chanter sur "Wait Till The Summer Comes Along" pour le constater.
Parmi les compléments il y a plusieurs demos ou prises alternatives dont une notable.
"I Go To Sleep" n'a jamais été publié officiellement par les Kinks, c'est pourtant la meilleure chanson composée par Ray Davies et jamais sortie par le groupe. Ce qui est parfaitement incompréhensible. Cette démo au piano est sublime, elle aurait pu sortir telle quelle. C'est pourtant Peggy Lee qui chantera sur la première version officielle, suivie par les oubliés The Appeljacks en août 1965, puis par Cher et d'autres, et enfin avec un succès phénoménal par les Pretenders en 1981.
Autre démo donnée à chanter à d'autres, le très beau "There's A New World Just Opening For Me" joué simplement guitare/piano avec des choeurs. Encore un coup loupé. "This Is Now", très courte, n'est tristement jamais sortie des cartons. Même ici, mal enregistré, c'est un titre magnifique dans une veine un peu folk que les Kinks pratiqueront plus tard.
Ce second disque se termine par quelques titres issus de sessions pour la BBC, dont "Hide & Seek", connue uniquement grâce à cet enregistrement.
Si ce Kinda Kinks n'est pas l'album le plus intéressant dans la discographie du groupe, il fait tout de même partie des fondations de la pop anglaise.
En septembre 1965, l'année est loin d'être terminée pour les Kinks, ça se passe sur l'album suivant The Kink Kontroversy.
Bon 15/20 | par NicoTag |
N.B. : L'album original est sortie en 1965 sur le label Pye Records
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