Sparks
N° In Heaven |
Label :
Elektra / Virgin |
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Dans le film La Moustache, Vincent Lindon rase celle-ci et tout son monde intérieur et extérieur est bouleversé : son entourage (sa femme, ses amis...) affirmant qu'il n'en a jamais porté. S'ensuit pour notre héros bon nombre de considérations et d'interrogations touffues... L'affiche du film résume assez bien toute la complexité broussailleuse qui va résulter d'un tel acte : le regard interrogateur du personnage de Lindon tenant le rasoir semble dissimuler des questions bien buissonneuses... Le reflet de sa femme, quant à lui, contient à la fois désir et vide vénéneux. Est-ce vraiment là la perfection au masculin ? Pour en revenir au vide dans le regard d'Emmanuelle Devos, raser cette moustache équivaudrait à retirer quelque chose ornant, remplissant cette vie. Alors est-ce que cette moustachue pilosité équivaudrait au désir de vivre, à la pulsion, à l'énergie ? Car oui, raser cette moustache sur cette affiche n'annonce pas forcément de belles promesses... Mais bon, on est dans un film français, et raser une moustache conduit forcément, dans ce cas, à de multiples complications existentielles (en gros, sur le fil du rasoir, notre héros a peur d'être le dindon (ou le Lindon) de la farce en n'honorant pas les accords de Devos)....
Selon Wikipedia et le site brive-tourisme.com (des sources solides à votre service), la moustache est un symbole de puissance et d'originalité depuis l'antiquité, qui a suscité par la suite à la fois attrait et dégoût (surtout depuis les années 1930 et 1940). En effet, apanage de quelques dictateurs en mal de confiance patriarcale et/ou virile, la moustache a ensuite incarné des images positives dans notre Pop Culture actuelle. Prenons Magnum, P.I., qu'on en ait une grosse (comme Magnum), ou une petite (comme Higgins) -nous parlons toujours de moustache-, en porter une peut représenter le summum du Cool et du Swag, de la classe et de l'intellect.
Et cette association de grosse et de petite moustache dans cette série fait véritablement des étincelles, un équilibre bienvenu au service de la justice et de la vie détendue du gland. Ben avec les Sparks c'est un peu pareil : l'album "N°1 In Heaven, c'est une belle rencontre avec une grosse moustache (celle de Giorgio Moroder) et une petite (celle de Ron Mael) au service de la Pop, exécutée avec finesse et accessibilité, avec du bon synthé bien concis, taillé bien net et de la Disco bien luxuriante, abondante, riche, et virile... Pour contraster avec cette densité, il y a bien évidemment le chant de Russel Mael, l'agent de la peau lisse ici, plus léger, plus...glabre. Tout ça pour nous donner un album, pour en revenir aux sites référencés au début de ce paragraphe, puissant et original.
N°1 In Heaven, c'est un peu la musique d'un laboratoire égaré se baladant à jamais dans l'espace, où des savants fous font des expériences tout aussi fantasques. On pourrait imaginer l'équipage vêtu de combinaisons argentées, se frottant de manière circonspecte les bacchantes à composer des mélodies Pop à tenue et à vertu légères, les yeux rivés sur leurs synthétiseurs, instrument principal de leurs expérimentations. N°1 au paradis, on ne le saura pas facilement, mais dans l'espace, certainement, d'ici à l'éternité...
Plus concrètement, les Sparks, alors souffrant de relatifs insuccès et de limites musciales depuis quelques années, décident en 1978 d'amorcer un virage sonore synthétique, qui restera plus ou moins leur marque de fabrique durant le reste de leur carrière. Se forgeant un son beaucoup plus européen avec l'aide du producteur-compositeur Giorgio Moroder (qui co-écrit la plupart des titres de N°1 In Heaven), alors fort de ses succès avec Donna Summer et grâce à diverses bandes originales ultra identifiables et populaires (celle de Midnight Express pour ne citer qu'elle à ce moment-là), la rencontre d'éléments Kraftwerkiens allemands et du Disco italien, passés à la moulinette de l'écriture toujours dynamique et enlevée de Ron Mael, accompagnés du chant haut perché de Russel et la production décomplexée de notre velu rital font immédiatement mouche.
6 titres pas plus, une petite moustache donc, mais bien fournie, représenteront la première collaboration Sparks-Moroder. Une collaboration fructueuse (qui se poursuivra sur l'album suivant Terminal Jive) puisque pas moins de 4 singles en seront extraits (" The Number One Song In Heaven ", " Beat The Clock ", " Tryouts For The Human Race " et " La Dolce Vita ").
Bienvenue dans un tourbillon Disco-Spatial-Kitsch, s'ouvrant et se refermant sur des sons d'une galaxie lointaine, très lointaine, à l'énergie débridée. Comment, en effet,ne pas se faire happer par la terrible introduction de " Tryout For The Human Race ", à la rythmique Disco implacable, musclée telle Hulk Hogan, et aux paroles résumant assez bien les intentions divertissantes du duo ? Après s'être faits démontés comme le fait si bien José Bové avec un Mc Donald's, voilà que l'énergie monte en gamme avec " Academy Award Performance ", plus sautillant qu'un Super Mario ayant ingéré des champignons avec des étoiles plein les yeux.
La croisière continue de s'amuser avec " La Dolce Vita " (il faut imaginer le fameux barman Isaac Washington servir des breuvages délirants dans ce vaisseau spécial) ou comment parler d'ennui avec un habillage sonore tragi-cosmique, toujours avec une touche d'humour désabusée mais toujours légère.
" Beat The Clock ", un autre tube bien huilé, continue de nous brosser dans le sens du poil manifestant, avec le même enthousiasme qu'un Philippe Martinez, un rythme irrésistible, où on sent l'auteur se foutre autant de la gueule des gens que de lui-même dans cette course " contre la montre " qu'est la vie.
" My Other Voice " est peut-être le moins connu des extraits, sans doute parce qu'un peu plus expérimental et moins bondissant que les titres précédents. Il est pourtant tout aussi beau, avec sa guitare mélancolique et ses synthés spatiaux plein de spleen. Emouvant tout simplement.
Enfin, le disque se clôt avec " The Number One Song In Heaven ". Un titre final bien choisi répondant à l'ensemble du disque, entre synthés éthérés, métriques imparables et sentiment spatial, se transformant progressivement en un autre tube joyeux et déluré.
Ici, les Sparks trouvaient donc une nouvelle formule qui allait leur coller à la peau pour les décennies à venir : une écriture toujours simple, des arrangements souvent malins, de l'humour, de l'élégance et de l'intelligence sous un vernis accessible et du synthé...
Ca ne fera pas le bonheur de tout le monde évidememment, mais pour les amateurs, ce sera au poil...
Selon Wikipedia et le site brive-tourisme.com (des sources solides à votre service), la moustache est un symbole de puissance et d'originalité depuis l'antiquité, qui a suscité par la suite à la fois attrait et dégoût (surtout depuis les années 1930 et 1940). En effet, apanage de quelques dictateurs en mal de confiance patriarcale et/ou virile, la moustache a ensuite incarné des images positives dans notre Pop Culture actuelle. Prenons Magnum, P.I., qu'on en ait une grosse (comme Magnum), ou une petite (comme Higgins) -nous parlons toujours de moustache-, en porter une peut représenter le summum du Cool et du Swag, de la classe et de l'intellect.
Et cette association de grosse et de petite moustache dans cette série fait véritablement des étincelles, un équilibre bienvenu au service de la justice et de la vie détendue du gland. Ben avec les Sparks c'est un peu pareil : l'album "N°1 In Heaven, c'est une belle rencontre avec une grosse moustache (celle de Giorgio Moroder) et une petite (celle de Ron Mael) au service de la Pop, exécutée avec finesse et accessibilité, avec du bon synthé bien concis, taillé bien net et de la Disco bien luxuriante, abondante, riche, et virile... Pour contraster avec cette densité, il y a bien évidemment le chant de Russel Mael, l'agent de la peau lisse ici, plus léger, plus...glabre. Tout ça pour nous donner un album, pour en revenir aux sites référencés au début de ce paragraphe, puissant et original.
N°1 In Heaven, c'est un peu la musique d'un laboratoire égaré se baladant à jamais dans l'espace, où des savants fous font des expériences tout aussi fantasques. On pourrait imaginer l'équipage vêtu de combinaisons argentées, se frottant de manière circonspecte les bacchantes à composer des mélodies Pop à tenue et à vertu légères, les yeux rivés sur leurs synthétiseurs, instrument principal de leurs expérimentations. N°1 au paradis, on ne le saura pas facilement, mais dans l'espace, certainement, d'ici à l'éternité...
Plus concrètement, les Sparks, alors souffrant de relatifs insuccès et de limites musciales depuis quelques années, décident en 1978 d'amorcer un virage sonore synthétique, qui restera plus ou moins leur marque de fabrique durant le reste de leur carrière. Se forgeant un son beaucoup plus européen avec l'aide du producteur-compositeur Giorgio Moroder (qui co-écrit la plupart des titres de N°1 In Heaven), alors fort de ses succès avec Donna Summer et grâce à diverses bandes originales ultra identifiables et populaires (celle de Midnight Express pour ne citer qu'elle à ce moment-là), la rencontre d'éléments Kraftwerkiens allemands et du Disco italien, passés à la moulinette de l'écriture toujours dynamique et enlevée de Ron Mael, accompagnés du chant haut perché de Russel et la production décomplexée de notre velu rital font immédiatement mouche.
6 titres pas plus, une petite moustache donc, mais bien fournie, représenteront la première collaboration Sparks-Moroder. Une collaboration fructueuse (qui se poursuivra sur l'album suivant Terminal Jive) puisque pas moins de 4 singles en seront extraits (" The Number One Song In Heaven ", " Beat The Clock ", " Tryouts For The Human Race " et " La Dolce Vita ").
Bienvenue dans un tourbillon Disco-Spatial-Kitsch, s'ouvrant et se refermant sur des sons d'une galaxie lointaine, très lointaine, à l'énergie débridée. Comment, en effet,ne pas se faire happer par la terrible introduction de " Tryout For The Human Race ", à la rythmique Disco implacable, musclée telle Hulk Hogan, et aux paroles résumant assez bien les intentions divertissantes du duo ? Après s'être faits démontés comme le fait si bien José Bové avec un Mc Donald's, voilà que l'énergie monte en gamme avec " Academy Award Performance ", plus sautillant qu'un Super Mario ayant ingéré des champignons avec des étoiles plein les yeux.
La croisière continue de s'amuser avec " La Dolce Vita " (il faut imaginer le fameux barman Isaac Washington servir des breuvages délirants dans ce vaisseau spécial) ou comment parler d'ennui avec un habillage sonore tragi-cosmique, toujours avec une touche d'humour désabusée mais toujours légère.
" Beat The Clock ", un autre tube bien huilé, continue de nous brosser dans le sens du poil manifestant, avec le même enthousiasme qu'un Philippe Martinez, un rythme irrésistible, où on sent l'auteur se foutre autant de la gueule des gens que de lui-même dans cette course " contre la montre " qu'est la vie.
" My Other Voice " est peut-être le moins connu des extraits, sans doute parce qu'un peu plus expérimental et moins bondissant que les titres précédents. Il est pourtant tout aussi beau, avec sa guitare mélancolique et ses synthés spatiaux plein de spleen. Emouvant tout simplement.
Enfin, le disque se clôt avec " The Number One Song In Heaven ". Un titre final bien choisi répondant à l'ensemble du disque, entre synthés éthérés, métriques imparables et sentiment spatial, se transformant progressivement en un autre tube joyeux et déluré.
Ici, les Sparks trouvaient donc une nouvelle formule qui allait leur coller à la peau pour les décennies à venir : une écriture toujours simple, des arrangements souvent malins, de l'humour, de l'élégance et de l'intelligence sous un vernis accessible et du synthé...
Ca ne fera pas le bonheur de tout le monde évidememment, mais pour les amateurs, ce sera au poil...
Parfait 17/20 | par Machete83 |
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