Isobel Campbell
There Is No Other... |
Label :
Cooking Vinyl |
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Dix ans qu'Isobel Campbell n'avait pas sorti d'album (Hawk en 2010, sa troisième et dernière collaboration avec Mark Lanegan), quatorze même si l'on prend en compte sa carrière solo (Milkwhite Sheets en 2006). Aussi discrète que sa musique, l'Écossaise est donc restée silencieuse une décennie entière, à l'exception d'une apparition au chant, le temps de deux titres, sur le Damage and Joy de ses compatriotes de Jesus and Mary Chain en 2017. Sinon, nada. Le début de l'enregistrement de There Is No Other... remonte pourtant à quelques années déjà, sans doute vers 2013-2014, après la fin du cycle promotionnel de Hawk, pour se terminer il y a plus de trois ans. Alors pourquoi ce disque a-t-il mis tant de temps à nous atteindre ? Tout d'abord parce que le label d'Isobel a soudainement fait faillite. Ensuite parce qu'il lui a fallu récupérer les droits de son album, action peu évidente dans l'industrie musicale actuelle. Et enfin parce qu'elle a dû, dans une conséquence logique, se trouver un nouveau label à même de publier ses nouvelles chansons. S'en sont suivis d'épuisants mois de bataille judiciaire et autres tracasseries du genre. Mais elle s'en est sortie, a signé chez Cooking Vinyl, qui a la particularité de permettre à ses artistes de conserver la propriété de leurs copyrights, et a finalement pu délivrer des limbes ce There Is No Other... que l'on attendait plus après tous ces coups du sort.
Et quelque part, c'est un peu comme si cette décennie maudite n'avait pas eu lieu, musicalement parlant bien sûr. There Is No Other... reprend les choses à peu près où elles s'étaient arrêtées il y a une dizaine d'années et se trouve être au moins aussi éclectique que les albums précédents de Campbell, sinon plus. Résidant depuis maintenant dix ans à Los Angeles, la native de Glasgow nimbe ses compositions de cette atmosphère californienne unique (du moins telle que se l'imagine quelqu'un comme moi qui vit là où habite la pluie), rêveuse, chaleureuse, ensoleillée, héritée du Laurel Canyon des sixties, les eaux cristallines du Pacifique à perte de vue, influence qui se retrouve jusque dans une pochette agréablement rétro. Sa douce voix murmurée si caractéristique aux accents jazzy est toujours aussi charmante et captive jusqu'au bout des treize titres que compte le disque. Sa délicieuse indolence ne nous fait jamais sombrer dans la neurasthénie, risque qui bien souvent guette ce genre de voix fluette sur la longueur. Mais Isobel connaît trop bien son affaire pour ne pas nous abandonner en chemin.
Comme dit plus avant, le temps n'a pas vraiment eu d'effet sur sa musique. Elle évolue toujours dans un folk doux et relaxant élégamment joué, aux orchestrations de cordes aussi feutrées qu'éclatantes. "City Of Angels", "Vultures" et "Rainbow", dans la première moitié du disque, en sont de remarquables exemples. Plus tard, "Just For Today", "See Your Face Again", "Boulevard", "Counting Fireflies" et "Below Zero" recèlent de ce même charme délicat et nous enveloppent de leurs bras rassurants. Mais entre ces moments un peu hors du temps, Isobel délivre des morceaux plus pop et enjoués, toujours auréolés d'une grâce certaine. "Ant Life" et "Hey World", un peu gospel avec ses chœurs féminins, sont deux belles excursions rondement menées, alors que "The Heart Of It All", lui aussi doté de chœurs réjouissants, et "The National Bird Of India" et ses cordes mystérieuses auraient pu être écrites à l'époque de son duo avec Lanegan. Et comment ne pas mentionner cette audacieuse reprise du "Runnin' Down A Dream" de Tom Petty avec boîte à rythmes et arrangements électroniques (employés en d'autres occasions sur cet album) ? Cette tentative aurait très bien pu ne pas fonctionner du tout, mais Campbell mène sa barque où bon lui semble et cela lui convient à merveille, puisqu'elle imprime profondément sa marque à cette version qui conserve tout l'allant de l'originale.
Et c'est cette capacité à surprendre aussi bien qu'à creuser ce sillon familier qu'il faut retenir de There Is No Other..., le cinquième effort d'Isobel Campbell. La musique de l'Écossaise dégage toujours autant de mystère, de cette suave sérénité, parfois un peu voilée, qui n'appartient qu'à elle et qui fait tout simplement beaucoup de bien. Malgré les désagréments engendrés par une sortie retardée, on ne peut que savourer à sa juste valeur ce retour inespéré. Et espérer que la suite ne se fera pas aussi longtemps désirer.
Et quelque part, c'est un peu comme si cette décennie maudite n'avait pas eu lieu, musicalement parlant bien sûr. There Is No Other... reprend les choses à peu près où elles s'étaient arrêtées il y a une dizaine d'années et se trouve être au moins aussi éclectique que les albums précédents de Campbell, sinon plus. Résidant depuis maintenant dix ans à Los Angeles, la native de Glasgow nimbe ses compositions de cette atmosphère californienne unique (du moins telle que se l'imagine quelqu'un comme moi qui vit là où habite la pluie), rêveuse, chaleureuse, ensoleillée, héritée du Laurel Canyon des sixties, les eaux cristallines du Pacifique à perte de vue, influence qui se retrouve jusque dans une pochette agréablement rétro. Sa douce voix murmurée si caractéristique aux accents jazzy est toujours aussi charmante et captive jusqu'au bout des treize titres que compte le disque. Sa délicieuse indolence ne nous fait jamais sombrer dans la neurasthénie, risque qui bien souvent guette ce genre de voix fluette sur la longueur. Mais Isobel connaît trop bien son affaire pour ne pas nous abandonner en chemin.
Comme dit plus avant, le temps n'a pas vraiment eu d'effet sur sa musique. Elle évolue toujours dans un folk doux et relaxant élégamment joué, aux orchestrations de cordes aussi feutrées qu'éclatantes. "City Of Angels", "Vultures" et "Rainbow", dans la première moitié du disque, en sont de remarquables exemples. Plus tard, "Just For Today", "See Your Face Again", "Boulevard", "Counting Fireflies" et "Below Zero" recèlent de ce même charme délicat et nous enveloppent de leurs bras rassurants. Mais entre ces moments un peu hors du temps, Isobel délivre des morceaux plus pop et enjoués, toujours auréolés d'une grâce certaine. "Ant Life" et "Hey World", un peu gospel avec ses chœurs féminins, sont deux belles excursions rondement menées, alors que "The Heart Of It All", lui aussi doté de chœurs réjouissants, et "The National Bird Of India" et ses cordes mystérieuses auraient pu être écrites à l'époque de son duo avec Lanegan. Et comment ne pas mentionner cette audacieuse reprise du "Runnin' Down A Dream" de Tom Petty avec boîte à rythmes et arrangements électroniques (employés en d'autres occasions sur cet album) ? Cette tentative aurait très bien pu ne pas fonctionner du tout, mais Campbell mène sa barque où bon lui semble et cela lui convient à merveille, puisqu'elle imprime profondément sa marque à cette version qui conserve tout l'allant de l'originale.
Et c'est cette capacité à surprendre aussi bien qu'à creuser ce sillon familier qu'il faut retenir de There Is No Other..., le cinquième effort d'Isobel Campbell. La musique de l'Écossaise dégage toujours autant de mystère, de cette suave sérénité, parfois un peu voilée, qui n'appartient qu'à elle et qui fait tout simplement beaucoup de bien. Malgré les désagréments engendrés par une sortie retardée, on ne peut que savourer à sa juste valeur ce retour inespéré. Et espérer que la suite ne se fera pas aussi longtemps désirer.
Parfait 17/20 | par Poukram |
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