Big Bend
Radish |
Label :
Autoproduit |
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On trouve l'inspiration où on peut. Là, je reviens d'une petite sortie dans le square boisé à côté de chez moi, à profiter des derniers rayons de soleil avant l'arrivée du crépuscule, à la recherche d'un banc où je pourrais bouquiner un peu en regardant les gens batifoler autour de moi. Des ados à survêts qui faisaient les marioles sur la poutre mobile d'un parcours sportif, un petit vieux qui errait dans l'herbe en ayant l'air de chercher la source des piaillements d'oisillons qu'on pouvait entendre dans les buissons, un gamin enveloppé qui s'acharnait sur une haie à grands coups de branches en poussant des petits cris étouffés, une petite dame d'âge mur qui faisait son jogging le long du sentier... Je ne sais pas si tout ça m'a inspiré, mais en revenant poser mes fesses sur mon bon vieux canapé, j'ai été pris de l'envie de vous parler un peu de ce que j'écoutais pendant ce temps.
Nathan Phillips, l'homme derrière Big Bend, s'inspire quant à lui bel et bien de son quotidien. Plus exactement de son boulot dans un café, laissant les mélodies de la radio du bar (qui passe du Arvo Pärt, on est clairement pas sur de la fréquence lambda) s'imprégner en lui pour les chantonner discrètement lorsque les clients ne le regardent pas, et improviser pendant les silences. Radish est le premier album de Big Bend où Nathan se risque à chanter. Et on se demande pourquoi il ne l'a pas fait plus tôt ; sa voix douce n'est pas sans rappeler le Mark Kozelek des débuts, avec davantage de retenue. Lui qui s'était auparavant illustré au sein d'une musique instrumentale beaucoup plus proche d'un minimalisme gorgé d'un psychédélisme assez abrasif, le voici à présent à écrire des chansons calmes, aux sonorités douces, qui développent un écosystème passionnant - les instruments respirent, les timbres s'invitent et puis repartent... Je pense parfois à un Mark Hollis aux arrangements plus luxuriants. Radish se ressent avant tout comme une expérience de studio. Nathan semble avoir envisagé les différents segments de son album au cours de sessions studio séparées les unes des autres (par groupes de 4 musiciens à la fois, si on en croit les infos à notre disposition), ce qui est à la fois super et frustrant. Exemple parfait : "Swinging Low" et "Four", qui font intervenir la violoncelliste Clarice Jensen et le gourou new age Laraaji (avec un sample vocal de la mère de Nathan, chanteuse d'opéra, sur la première des deux pistes), laissent bien deviner qu'il s'agit de parties coupées de sessions bien plus longues. Et si ce sont deux morceaux superbes, on assiste à regret à l'arrêt prématuré de "Four", qui développait une stase parfaitement reposante, et qui aurait bien pu durer 10 minutes de plus, et qui se voit obligée de conclure brusquement.
Mais il s'agit là de plaintes secondaires ; s'il est vrai que Radish peut laisser par moment l'impression d'un patchwork de sessions différentes (cas étrange de ce "12' - 15'", brève pièce électroacoustique contemplative avec Susan Alcorn, fort belle mais curieusement placée entre deux chansons "pop" qui auraient tout aussi bien pu se suivre), chacun de ces segments est d'une beauté paisible qui réchauffe l'âme.
Nathan Phillips, l'homme derrière Big Bend, s'inspire quant à lui bel et bien de son quotidien. Plus exactement de son boulot dans un café, laissant les mélodies de la radio du bar (qui passe du Arvo Pärt, on est clairement pas sur de la fréquence lambda) s'imprégner en lui pour les chantonner discrètement lorsque les clients ne le regardent pas, et improviser pendant les silences. Radish est le premier album de Big Bend où Nathan se risque à chanter. Et on se demande pourquoi il ne l'a pas fait plus tôt ; sa voix douce n'est pas sans rappeler le Mark Kozelek des débuts, avec davantage de retenue. Lui qui s'était auparavant illustré au sein d'une musique instrumentale beaucoup plus proche d'un minimalisme gorgé d'un psychédélisme assez abrasif, le voici à présent à écrire des chansons calmes, aux sonorités douces, qui développent un écosystème passionnant - les instruments respirent, les timbres s'invitent et puis repartent... Je pense parfois à un Mark Hollis aux arrangements plus luxuriants. Radish se ressent avant tout comme une expérience de studio. Nathan semble avoir envisagé les différents segments de son album au cours de sessions studio séparées les unes des autres (par groupes de 4 musiciens à la fois, si on en croit les infos à notre disposition), ce qui est à la fois super et frustrant. Exemple parfait : "Swinging Low" et "Four", qui font intervenir la violoncelliste Clarice Jensen et le gourou new age Laraaji (avec un sample vocal de la mère de Nathan, chanteuse d'opéra, sur la première des deux pistes), laissent bien deviner qu'il s'agit de parties coupées de sessions bien plus longues. Et si ce sont deux morceaux superbes, on assiste à regret à l'arrêt prématuré de "Four", qui développait une stase parfaitement reposante, et qui aurait bien pu durer 10 minutes de plus, et qui se voit obligée de conclure brusquement.
Mais il s'agit là de plaintes secondaires ; s'il est vrai que Radish peut laisser par moment l'impression d'un patchwork de sessions différentes (cas étrange de ce "12' - 15'", brève pièce électroacoustique contemplative avec Susan Alcorn, fort belle mais curieusement placée entre deux chansons "pop" qui auraient tout aussi bien pu se suivre), chacun de ces segments est d'une beauté paisible qui réchauffe l'âme.
Très bon 16/20 | par X_Wazoo |
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