David Byrne
Rei Momo |
Label :
Luaka Bop |
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En 1989, David Byrne est en pause de Talking Heads, qui viennent l'année précédente de sortir leur ultime album, Naked. Effectuant un retour vers une production "poly-rythmique", construite sur plusieurs strates d'instrumentations, permettant de créer un groove approfondi, ce dernier album de Talking Heads ne connaît pas un très grand succès. Pour cause ? Une musique teintée "world" qui commence à lasser les américains : Peter Gabriel et Paul Simon, pour ne citer qu'eux se sont engouffrés dans la brèche ouverte par Remain In Light en 1980, avec nettement plus de succès que Talking Heads. Ajoutons que nous sommes en présence d'un groupe sur la pente descendante et qu'aucune tournée de ce dernier n'est prévue ou n'a eu lieu depuis 1984. Visiblement, Byrne nourrit d'autres projets que de faire perdurer "l'aventure" Talking Heads.
Alors qu'il tournait son film True Stories en 1986, Byrne s'est entiché de musique latine, en particulier les disques de mambo, salsa et merengue originaires du Brésil et de Colombie. Il fonde donc son propre label Luaka Bop à la fin de l'année 1988 et édite une compilation de ses titres de musique latine préférés. "Enfin" en vacances de Talking Heads à la même période, Byrne profite de cette pause (qui finira par aboutir au split définitif du groupe en 1991) et commence à créer un album uniquement basé sur des rythmes et des mélodies latines.
En fait, il a sans le savoir vraiment déjà commencé ce travail en enregistrant la chanson "Loco De Amor" en 1986, un salsa endiablé composé en compagnie de Celià Cruz pour figurer dans la B.O du film Something Wild réalisé par Jonathan Demme (également réalisateur de Stop Making Sense, le concert filmé de Talking Heads). Mêlant poly-rythmes latinos avec pop 80's américaine, les paroles sont à la fois chantées en anglais et en espagnol par une variété de guest-musiciens provenant tous de pays Latins, rassemblés pour l'occasion par Byrne à New York. Le reste de l'album, nommé Rei Momo ("roi du carnaval", personnage annonçant l'arrivée d'un carnaval dans de nombreux pays d'Amérique Latine) sera composé et enregistré de la même façon, engageant pas moins d'une cinquantaine de musiciens pour créer l'orchestre latin dont Byrne a besoin pour construire les grooves de ses morceaux. Tout comme pour Naked, Rei Momo est produit par Steve Lilywhite, grand producteur américain qui a pu également travailler avec U2, Rolling Stones ou Morrissey pour ne citer qu'eux. La production de Lilywhite permet d'apporter une certaine unité de son dans la quinzaine de morceaux qui composent l'album, et rassure peut-être le fan légèrement perdu de Talking Heads face à cette profusion de nouveauté de la part de Byrne. Il faut savoir que chaque morceau explore un style latin différent : merengue, orisa, salsa, cha-cha, etc... Le rendu final est une sorte de "ratatouille" de genres, et les morceaux latinos d'accoutumée si festifs gagnent ici en groove et en tension tout ce que Byrne a pu apprendre au fil de la décennie précédente en compagnie de son groupe et de Brian Eno.
Pour ce qui est des thèmes lyriques, Byrne reste fidèle à lui même et décrit dans ses chansons les même choses que d'habitudes : paranoïa et imposture ("Make Believe Mambo"), idéal de vie à l'américaine ("Dirty Old Town", "The Dream Police", "Office Cowboy"), amours fous et impossibles ("Loco De Amor", "Women VS Men", "Don't Want To Be Part Of Your World" avec Christy McColl) ou exploration de paysages sauvages ("Call Of The Wild", "Marching Through The Wilderness"). L'album se termine avec "I Know Sometimes A Man Is Wrong", une piste très atmosphérique et sans percussions, concluant en douceur cette explosion de bonne humeur qu'est Rei Momo.
La tournée qui s'est ensuivi, le "Rei Momo Tour" (tout simplement), voyait Byrne se produire en compagnie d'un backing-band d'une quinzaine de "Latino All-Stars", à commencer par sa principale guest-vocalist, Margareth Menezes, chanteuse de salsa très connue au Brésil. La setlist le voyait reprendre des classiques de la musique latine, les chansons du nouvel album et seulement trois morceaux de Talking Heads, "Mr.Jones" joué en début de concert, "Papa Legba" (extrait de True Stories) pour le conclure en rappel et l'inusable "Psycho Killer", réarrangé pour être accompagné d'un accordéon joué de temps en temps...
En bref, Rei Momo est un excellent album de "salsa pop", hybride de musique latine et de pop-funk américain. C'est un album qui reste cela dit assez difficile à écouter si l'oreille n'est pas habituée à ce type de musique. Même un fan assidu de Talking Heads aura du mal à s'y retrouver. Il m'a personnellement fallu trois ans pour pouvoir enfin apprécier l'intégralité du disque sans zapper de morceaux. Byrne lui même s'est rendu compte que cette escapade latine a laissé une grande partie de ses fans habituels dans un état de confusion avancé. L'album suivant, Uh, Oh, permettra de réajuster le tir en gardant cette influence latine, mais de manière bien moindre dans des morceaux bien plus conventionnels et dans le même esprit que Talking Heads. Après écoutes prolongées de Rei Momo, on se rend tout de même compte que le disque propose son lot de pépites. Comment se passer de "Make Believe Mambo", "Dirty Old Town", "Call Of The Wild" ou "Loco De Amor" ? A vous de me le dire...
Alors qu'il tournait son film True Stories en 1986, Byrne s'est entiché de musique latine, en particulier les disques de mambo, salsa et merengue originaires du Brésil et de Colombie. Il fonde donc son propre label Luaka Bop à la fin de l'année 1988 et édite une compilation de ses titres de musique latine préférés. "Enfin" en vacances de Talking Heads à la même période, Byrne profite de cette pause (qui finira par aboutir au split définitif du groupe en 1991) et commence à créer un album uniquement basé sur des rythmes et des mélodies latines.
En fait, il a sans le savoir vraiment déjà commencé ce travail en enregistrant la chanson "Loco De Amor" en 1986, un salsa endiablé composé en compagnie de Celià Cruz pour figurer dans la B.O du film Something Wild réalisé par Jonathan Demme (également réalisateur de Stop Making Sense, le concert filmé de Talking Heads). Mêlant poly-rythmes latinos avec pop 80's américaine, les paroles sont à la fois chantées en anglais et en espagnol par une variété de guest-musiciens provenant tous de pays Latins, rassemblés pour l'occasion par Byrne à New York. Le reste de l'album, nommé Rei Momo ("roi du carnaval", personnage annonçant l'arrivée d'un carnaval dans de nombreux pays d'Amérique Latine) sera composé et enregistré de la même façon, engageant pas moins d'une cinquantaine de musiciens pour créer l'orchestre latin dont Byrne a besoin pour construire les grooves de ses morceaux. Tout comme pour Naked, Rei Momo est produit par Steve Lilywhite, grand producteur américain qui a pu également travailler avec U2, Rolling Stones ou Morrissey pour ne citer qu'eux. La production de Lilywhite permet d'apporter une certaine unité de son dans la quinzaine de morceaux qui composent l'album, et rassure peut-être le fan légèrement perdu de Talking Heads face à cette profusion de nouveauté de la part de Byrne. Il faut savoir que chaque morceau explore un style latin différent : merengue, orisa, salsa, cha-cha, etc... Le rendu final est une sorte de "ratatouille" de genres, et les morceaux latinos d'accoutumée si festifs gagnent ici en groove et en tension tout ce que Byrne a pu apprendre au fil de la décennie précédente en compagnie de son groupe et de Brian Eno.
Pour ce qui est des thèmes lyriques, Byrne reste fidèle à lui même et décrit dans ses chansons les même choses que d'habitudes : paranoïa et imposture ("Make Believe Mambo"), idéal de vie à l'américaine ("Dirty Old Town", "The Dream Police", "Office Cowboy"), amours fous et impossibles ("Loco De Amor", "Women VS Men", "Don't Want To Be Part Of Your World" avec Christy McColl) ou exploration de paysages sauvages ("Call Of The Wild", "Marching Through The Wilderness"). L'album se termine avec "I Know Sometimes A Man Is Wrong", une piste très atmosphérique et sans percussions, concluant en douceur cette explosion de bonne humeur qu'est Rei Momo.
La tournée qui s'est ensuivi, le "Rei Momo Tour" (tout simplement), voyait Byrne se produire en compagnie d'un backing-band d'une quinzaine de "Latino All-Stars", à commencer par sa principale guest-vocalist, Margareth Menezes, chanteuse de salsa très connue au Brésil. La setlist le voyait reprendre des classiques de la musique latine, les chansons du nouvel album et seulement trois morceaux de Talking Heads, "Mr.Jones" joué en début de concert, "Papa Legba" (extrait de True Stories) pour le conclure en rappel et l'inusable "Psycho Killer", réarrangé pour être accompagné d'un accordéon joué de temps en temps...
En bref, Rei Momo est un excellent album de "salsa pop", hybride de musique latine et de pop-funk américain. C'est un album qui reste cela dit assez difficile à écouter si l'oreille n'est pas habituée à ce type de musique. Même un fan assidu de Talking Heads aura du mal à s'y retrouver. Il m'a personnellement fallu trois ans pour pouvoir enfin apprécier l'intégralité du disque sans zapper de morceaux. Byrne lui même s'est rendu compte que cette escapade latine a laissé une grande partie de ses fans habituels dans un état de confusion avancé. L'album suivant, Uh, Oh, permettra de réajuster le tir en gardant cette influence latine, mais de manière bien moindre dans des morceaux bien plus conventionnels et dans le même esprit que Talking Heads. Après écoutes prolongées de Rei Momo, on se rend tout de même compte que le disque propose son lot de pépites. Comment se passer de "Make Believe Mambo", "Dirty Old Town", "Call Of The Wild" ou "Loco De Amor" ? A vous de me le dire...
Très bon 16/20 | par EmixaM |
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