Dopplereffekt

Cellular Automata

Cellular Automata

 Label :     Leisure System 
 Sortie :    jeudi 27 avril 2017 
 Format :  Album / Vinyle  Numérique   

Dopplereffekt, c'est le "main project" de Gerald Donald, a.k.a Dr. Rudolf Klorzeiger, musicien et bidouilleur électronique de Détroit depuis le début des années 90. Sa musique est électronique, brute, froide à souhait et très inspirée par celle de Kraftwerk : un contenu minimum pour un effet maximum. Donald est connu pour avoir contribué à mains projets de musique électronique minimale, le plus connu étant Drexciya, projet en commun avec son compère le feu James Stinson. Si Donald a continué à sortir des EPs sous différents pseudos ces dernières années, cela fait plus de dix ans qu'on ne l'avait pas véritablement retrouvé sur grand format. De mon point de vue, son dernier album majeur n'est autre que Inertial Frame, album sorti en 2006 sous le pseudo Arpanet.

Le projet Dopplereffekt a connu son heure de gloire à la toute fin des années 90, lorsqu'il a été assimilé comme influence première dans le développement de l'electro-clash (cf Miss Kittin & The Hacker) et dans la naissance d'une nouvelle génération de "technophiles" suite à la sortie de la compilation Gesamtkunstwerk (qui regroupe l'intégrale des EPs sortis entre 1992 et 1999). Depuis le milieu des années 2000 et la sortie de l'album Calabi Yau Space, Donald continue à développer son projet Dopplereffekt avec une poignée d'EP signés sous ce nom, notamment Tetrahymena en 2011. Depuis cette date, Dopplereffekt est également un projet live que son créateur embarque un peu partout dans le monde, accompagné d'une femme encore plus anonyme que lui (nommée Tho-Nan Le-Thi). Quoique très peu visible, il n'est pas rare de voir Gerald Donald donner des concerts en France, sous quelque pseudo que ce soit.

Ce nouvel opus de Dopplereffekt est donc une véritable surprise, car complètement inattendu (mais absolument bienvenu).
Titré Cellular Automata, il explore une fois de plus la fascination quasi malsaine de Donald pour les sciences et la recherche scientifique, cette fois non pas concernant le CERN et les accélérateurs de particules, mais les cellules. Ce thème général est représenté par une suite de neuf morceaux très minimalistes. On nage ici quelque part entre l'électro pure, l'IDM et l'ambient music. Fait notable : Donald a définitivement arrêté de jouer avec les percus; plus de breakbeats à la "Numbers" de Kraftwerk pour accompagner ses plages d'expérimentations synthétiques. Tout l'album est instrumental et porté rythmiquement par les séquences répétitives et hypnotiques de synthétiseur. Cette base est accompagnée de divers effets sonores, allant des grésillements incertains de "respirations électroniques" aux scintillements lointains de synthétiseurs distordus. Évidemment, les mélodies sont omniprésentes et forment la véritable force de cet album. Ces nappes de synthés lumineux permettent de contrebalancer la rigidité et la précision des séquences et de fait évitent de créer une routine musicale lassante.

D'une durée de 37 minutes, ce disque n'est de toute façons pas lassant. Il est taillé pour une écoute calme et posée : au lit, dans le noir tard le soir, ou au volant sur l'autoroute, la nuit. L'ambiance très nocturne des synthés et des ambiances ne s'apprécie pleinement que si cette ambiance est respecté jusqu'au bout. L'écoute de ce disque exige tout de même un certain niveau de concentration, quoique Cellular Automata pourrait tout aussi bien fonctionner comme fond sonore pour écrire ou travailler.

Amateurs de musique électronique et d'artistes comme Kraftwerk, Autechre, Aphex Twin ou Tangerine Dream, ce disque est fait pour vous. Attention cependant, Cellular Automata n'est pas à mettre entre toutes les mains et je ne saurais recommander l'écoute de ce disque a un nouvel auditeur de Dopplereffekt sans le "tour de chauffe obligatoire" qu'est Gesamtkunstwerk. Cependant, si comme moi vous ne jurez que par le Computer World de Kraftwerk, je suis sûr que vous apprécierez toute la subtilité de ce nouvel album de Gerald Donald.


Excellent !   18/20
par EmixaM


  Annexe : Donald himself a créé une vidéo minimaliste pour accompagner les 37 minutes du disque. Au programme : ballet hypnotique de pixels, animation abstraites en 3D et autres fantaisies minimalistes du genre. Le tout est visible ici : https://www.youtube.com/watch?v=5miTxBDwyYw


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