Dopplereffekt

Dans le futur, la technologie régnera sur l'espèce humaine.

C'est le postulat énoncé par Dopplereffekt dans un nouvel album.

Dans le passé, Gerald Simpson, tête pensante de Dopplereffekt (aussi connu sous les noms Heinrich Mueller et Rudolf Klorzeiger), faisait partie du groupe Drexciya avec feu son comparse James Stinson.

Dans le passé, Drexciya a su révolutionner l'électro made in Detroit, en s'inspirant à la fois de la musique de Kraftwerk et des écrits de SF qui passionnaient les deux musiciens.

Dans le passé, Simpson a créé le projet Dopplereffekt avec sa copine de l'époque comme un side-project à Drexciya.

Simpson est désormais accompagné dans ce projet par son épouse To Nhan Le Thi, autant sur scène qu'en studio.

Dans le passé, sous le nom Dopplereffekt, Simpson a sorti quatre albums : Gesamtkunstwerk (1999), Linear Accelerator (2003), Calabi Yau Space (2007) et Cellular Automata (2017) et deux EPs, Tetrahymena (2013) et finalement Athanatos en 2018.

Le groupe sort aujourd'hui un nouvel album qui s'appelle Neurotelepathy.

Dans le futur, selon Gerald et To Nhan, le cerveau humain sera nécessairement lié à l'usage de la technologie.

Dans le futur, toujours selon eux, ce système de fonctionnement humain/machine sera tout à fait naturel et le transhumanisme numérique régnera en maître : "celui qui contrôle l'esprit contrôle le corps".

Ils discutent de ce sujet à travers ce nouvel album composé de dix titres sans jamais porter de jugement de valeur.

Dans le passé, c'est-à-dire en l'espace de trois ans, Dopplereffekt a conçu ce disque en se questionnant sans arrêt sur ces problématiques et en expérimentant sur du matériel synthétique nouveau.

Ils en tirent un solide album à l'aspect scientifique, méthodique et précis.

C'est également l'album le plus mélodique de Dopplereffekt depuis la fin des années 1990.

Chaque thème, aussi varié que la chirurgie neuronale, la mémoire cérébrale informatisée ou encore la génétique modifiée par ordinateur est traité avec sérieux dans chacun des titres qui composent le disque.

Dans le passé, c'était déjà le cas, mais la musique était bien plus monolithique et impénétrable malgré l'usage sporadique de voix et de textes.

Les Dopplereffekt sur Neurotelepathy, sans user de paroles, transmettent leur propre bilan de réflexion concernant ce difficile sujet à travers leurs rythmes et leur mélodies, toujours autant synthétiques que futuristes.

Seul le titre "Mirror Neutron" utilise des vocalises féminines.

Leur constat à la fois désintéressé (par l'approche scientifique de la musique) mais pourtant terriblement humain évoque parfaitement l'état mental de l'évolution de notre espèce a l'ère anthropocène.

Dans le futur, une réflexion aussi poussée et sombre telle que dressée par Simpson et Le Thi reste tout à fait probable, voire inéluctable si on en croit les dernières avances technologiques en la matière.

Dans le passé, il y a vingt ans et avec son projet solo Arpanet (cf l'album Wireless Internet), Simpson avait su prédire à quel point la technologie sans fil serait prépondérante dans le mode de vie humain du XXIème siècle, prouvant à quel point le musicien est également un véritable passionné de sciences.

Dans le futur, avec de tels sujets et une musique toujours autant à l'avant garde, les musiciens-scientifiques de Dopplereffekt auront encore certainement beaucoup de théories et de postulats à énoncer.

Dans le futur, il nous tardera d'écouter leurs futurs projets et de les retrouver en live.