Garbage

Strange Little Birds

Strange Little Birds

 Label :     Stunvolume 
 Sortie :    vendredi 10 juin 2016 
 Format :  Album / CD  Vinyle  Numérique   

Bureau des XSilence Files, quelque part entre Paris, Brive-La-Gaillarde et Libourne. De nos jours...

L'agent Sculder se balade entre les bureaux en open spaces de toutes les mains ouvrières du quartier général de la musique indépendante, il souhaite rejoindre son propre bureau, au 666e niveau des sous-sols de ce monumental édifice, contenant encore et toujours dans ses murs les échos de toutes les musiques possibles et inimaginables jamais entendues par l'humain, voire même d'autres formes de vie encore non identifiées.
S'apprêtant à prendre l'ascenseur, il aperçoit l'agent Mully, sa sceptique coéquipière, arrivant haletante et hésitante, mais toujours prête à suivre son partenaire particulier dans sa quête de bon sons et de bonnes guitares électriques. Il lui assène alors sans préambule :

- Pourvu qu'on soit les seuls dans cet ascenseur...
- Pourquoi donc?
- Devine ce que j'ai retrouvé dans les ordures !
- Je ne sais pas Sculder... Des disques de néo folk pop vaporeux pour tablettes et smartphones que tu as refusé d'écouter ? Du Sludge Doom ambiant estonien que tu n'as pas pu endurer ?
- Non, le dernier album de Garbage, Strange Little Birds !
- Pff... Tu sais bien que ce groupe ne produit plus rien de correct depuis quasiment 20 ans. C'est à peine si on pourrait dire que ça a été un groupe important... C'étaient déjà des voleurs, des recycleurs de bas étage...
- En parlant de bas étage, nous voici arrivés dans notre bureau, nous allons pouvoir l'écouter dans les meilleures conditions.

Nos deux agents du Federal Bureau of Indies redécouvraient alors leur légendaire pièce confinée, lieux de nombreux débats et interrogations. Des exemplaires de XL le magazine dans leur version papier craft trainaient encore dans la poussière des étagères, des CD deux titres de Babylon Zoo et de Mark Morrison s'amassaient sur le bureau de Sculder... En outre, des photos d'extra-terrestres floues étaient encore accrochées au mur décrépi de cette cave à mystères...Dessus, on pouvait déchiffrer des noms que Sculder avaient gribouillé fièvreusement dans sa quête de vérité : Scatman, Whigfield et autres frères Hanson tandis qu'un avis de recherche sur Meredith Brooks pendait à leurs côtés bon gré mal gré comme une cause perdue. Mais il était temps de se mettre au travail, analyser ce disque de Garbage, l'écouter en entier, presser la touche "repeat" du lecteur CD autant de fois qu'il faudrait pour se forger un avis constructif.

- Tu ne vas tout de même pas nous faire écouter un CD en entier ?
- Bien sûr que si ! J'en ai assez de rechercher des vidéos sur Youtioube, de passer des heures sans trouver un titre potable ou inspiré !
- Pourtant ça ne te posait pas de problème il y a 20 ans de te taper des dizaines de minutes de M6 Boutique avec moult démonstrations du Body Trainer et autres Car Polish pour ne rien louper du Boulevard Des Clips, et enregistrer au final qu'une ou deux vidéos...
- Faisons notre travail Mully, juste notre travail...
- Comme tu voudras...

Après plusieurs fois 52 minutes et quelques d'autopsie et de commentaires voués à l'opposition, nos deux chercheurs de l'absolu continuaient leur discussion enflammée :

- On ne va rien écrire sur ce disque, c'est une merde !
Mully tentait de convaincre son partenaire avec exaspération, mais cela semblait peine perdue...
- Je veux bien reconnaître la faiblesse de certains titres gâchant l'ensemble... Mais quelle intro ! "Sometimes" sent le danger, ce fragile point d'équilibre où tout peut basculer, et ce son, écoute ce son, à la fois vintage et actuel. Et puis, tu ne vas pas me dire que la voix de Shirley Manson manque d'authenticité, on y croit bordel !
- Sculder, tu sens bien comme moi dès le deuxième titre que l'entreprise générale est vouée à l'échec ! "Empty" ne tient pas les promesses de "Sometimes", on passe d'une tension, qui, je veux bien l'admettre, est palpable mais ce n'est pas en mettant quelques effets nineties sur un titre sans réelle mélodie que tu vas me dire qu'on tient un disque correct !
- "Blackout" relève le niveau, non ? C'est un peu plus introspectif, solide, habité...
- Ce n'est pas en mettant quelques effets sur une basse pour qu'elle soit simili Cold Wave et en compressant les guitares sur un refrain encore très fabriqué que l'on peut crier à la transcendance. Ces gens-là sont des copistes de toute manière : ils nous refont le coup du pompage sans vergogne de Curve sur "If I Lost You", tu as beau apprécier les voix charnelles, on ne peut s'y tromper, surtout en ajoutant un arrangement Trip Hop à la con !

Sculder retourna à son bureau, pris de colère et de doute, il balança tout ce qui s'y trouvait, incluant sa collection de Pogs du 3e type et un récepteur Tatoo hors d'usage (Mully se souvenait encore du dernier message qu'elle lui avait transmis dessus, il y a 20 ans : "lis l'article sur Garbage dans Rocksound, Mon Truc En Plumes..."). Il cria, la conviction nouée à la gorge :

- Et "So We Can Stay Alive" !!! C'est un chef d'œuvre d'élaboration, taillé pour être un moment fort sur scène, alternant moments technoïdes soft et tension rock véritable, tu ne peux pas me contredire !!!

Mully soupira, tout en tentant de comprendre son compagnon de la chanson. Il lui avait déjà fait le coup à multiples reprises, elle avait depuis longtemps intégré le business des reformations et des retours inattendus. La rigueur scientifique cependant revenait au galop :

- C'est un piège Mulder, ouvre les yeux ! Ils tentent de jouer le coup de la crédibilité en étirant leurs titres sur 5 à 6 minutes pour se donner une fausse consistance ! "Night Drive Loneliness" est profondément ennuyeux, la colère est factice, "Even Though Our Love Is Doomed" est une balade sirupeuse et chiante au possible...
- Ton alliage d'arguments préfabriqués ne tient pas la route ! "Amends" est en ce sens un beau titre de conclusion, avec ce qu'il faut de douceur et d'élévation, avec un véritable refrain travaillé, et ici quantité rime avec qualité !
- Pff... Et puis tu vas me dire que "Magnetized" est une orfèvrerie Pop aussi ?! Rarement entendu une chanson aussi niaise et énervante.

Mully sentait qu'elle avait poussé le bouchon un peu trop loin. Ils s'étaient déjà affrontés ainsi sur qui entre Los Del Mar ou Los Del Rio avait délivré la meilleure version de "La Macarena"... Elle aurait pu lui dire que "Teaching Little Fingers To Play" était une autre pause factice, uniquement présente pour diversifier l'album et ne pas perdre sa dynamique, mais elle sentait en son for intérieur qu'il aurait fait un commentaire élogieux sur le bonus track "Fucking With You". Il valait mieux s'arrêter là avant que la tension n'éclate complètement... Il déclara alors :

- Je vais quand même le chroniquer cet album, les gens doivent savoir !

Elle le laissa faire... Elle savait qu'uniquement 3 ou 4 pélos nostalgiques s'y intéresseraient, de loin... Il fallait bien classer l'affaire de toute manière. Elle sortit calmement du bureau sans mot dire, referma la porte discrètement et repartit dans ce couloir mal éclairé, en attendant un prochain album à découvrir, où leurs opinions enfin convergeraient.



To be continued...


Moyen   10/20
par Machete83


Proposez votre chronique !







Recherche avancée
En ligne
168 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages
En concert, tu n'aimes pas :