La Souterraine
FOLK - Musiques Traditionnelles Du Futur |
Label :
La Souterraine |
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Je le confesse ; j'ai beau être abonné au bandcamp de La Souterraine depuis quelques années, je n'écoute que très rarement leurs sorties. Mais quand j'ai vu de ma boîte mail jaillir l'annonce pour une compilation intitulée FOLK - Musiques Traditionnelles du Futur mon sang de curieux n'a fait qu'un tour. Depuis peu je me suis découvert une passion pour la Folk au sens noble : non pas ce terme creux qu'on utilise pour taxer toute musique plus ou moins dépouillée pourvue d'au moins une guitare acoustique, mais bien la folk music qui désigne quant à elle toute musique dont la raison d'être est de faire perdurer une tradition (souvent orale), de l'enseigner aux générations suivantes qui elles-mêmes l'incarneront à leur manière. La page bandcamp l'explique bien : la musique folk (racine : peuple) se distingue de la musique pop(ulaire) par le fait que la première provient du peuple tandis que la seconde vient du marché. Ainsi sur cette compile l'ambition des artistes (et du label) est de nous faire écouter cette folk du futur - libre à nous de l'interpréter comme étant une interprétation futuriste de chants traditionnels ou bien une tentative d'imaginer les musiques françaises traditionnelles de demain.
Les artistes font un peu des deux d'ailleurs, sur cette compile très variée. Certains reprennent de bonnes ritournelles oubliées en français ("Rossignolet Charmant, "Un voltigeur", "Joli Cul", "Amante du dauphin"...) ou en patois auvergnat ("Bonjorn Bonjorn"), d'autres préfèrent créer leurs propres textes, forcément plus contemporains, comme les douces protest songs pour chômeurs "L'économie du plein emploi" et "Du travail", le goût de l'absurde de la bluette "Joseph", l'errance contemporaine nocturne de "Peut-être dans un village". La tradition survit non pas en se répétant inlassablement de la même façon, mais en se renouvelant au diapason, sinon de son époque au moins de son interprète. Il appartient à chacun de donner chair à ces chants sans âge avec ses propres tripes, de leur offrir une nouvelle jeunesse. Ces interprètes-ci l'ont bien compris et leur style s'exprime sur chacun de ces morceaux dont tous partagent une même identité sans que le moindre d'entre ne ressemble vraiment à son voisin. Eric Chenaux, avec Eloïse Decazes, nous sert son habituel jeu de ménestrel sous morphine avec moult effets wah-wah, "Joseph" sur un fond acoustique primesautier te fait une hilarante imitation de poulailler avec je ne sais quel instrument. La Tène et le Duo PuechGourdon jouent la carte du lancinant et de l'hypnotique, les premiers à grands coups de percus monolithiques et de vielles en drones, les seconds avec vielle et chant scandé. "Joli Cul" démontre une maestria guitaristique digne des fingerpickers britanniques de la belle époque et vole mon coeur avec une ritournelle très gentiment grivoise, juste avant que Sophie Azambre Le Roy ne nous mette au lit avec une berceuse presque menaçante sur l'errance et le retour chez soi. La Noviarlt quant à elle nous emporte dans un flot implacable de chants planants étirés à l'infini, où se bousculent deux ritournelles monophrases dans un medley qui fait voyager très loin, jusqu'à nous faire voir la mer. Il n'est pas nécessaire de s'encombrer d'instrumentations ; les meilleurs chants brillent et parlent d'eux-mêmes dans leur nudité, et en ce sens quel flair d'avoir placé l'a capella à 3 voix de Daunàs de Còr pour clore ce voyage dans le temps aussi passéiste que futuriste. Sa simplicité, sa pureté se posent comme un humble rappel de la richesse tranquille d'un patrimoine qui ne demande qu'à être redécouvert.
Et quelle redécouverte ce fut ! Ma passion pour la tradition musicale m'a jusqu'alors surtout porté en Amérique, dans la folk roots, le blues, la country ainsi qu'auprès des guitaristes primitifs qui la transcendent. C'est un plaisir de réaliser le terreau qui gît dans nos contrées pour changer - même si j'ai bien conscience que la vision que j'en ai via un label pop underground comme La Souterraine n'est pas forcément représentatif. Sur FOLK, même si les ambiances sont variées, on est le plus souvent dans une certaine douceur, dans un dénuement comme si, qu'importe l'époque, la tradition était toujours transmise au coin du feu, devant la cheminée. Le titre Musiques Traditionnelles du Futur prend même un sens différent lorsqu'on réalise que la plupart des artistes de la compile vont paraître un album sous peu... la légende reste à écrire. Le net aujourd'hui rend le voyage musical très aisé, nous ne sommes jamais à plus de quelques clicks de toutes les musiques du monde, au risque de nous faire oublier parfois que le Graal peut être enterré juste sous notre nez. Il suffit simplement de creuser un peu.
Les artistes font un peu des deux d'ailleurs, sur cette compile très variée. Certains reprennent de bonnes ritournelles oubliées en français ("Rossignolet Charmant, "Un voltigeur", "Joli Cul", "Amante du dauphin"...) ou en patois auvergnat ("Bonjorn Bonjorn"), d'autres préfèrent créer leurs propres textes, forcément plus contemporains, comme les douces protest songs pour chômeurs "L'économie du plein emploi" et "Du travail", le goût de l'absurde de la bluette "Joseph", l'errance contemporaine nocturne de "Peut-être dans un village". La tradition survit non pas en se répétant inlassablement de la même façon, mais en se renouvelant au diapason, sinon de son époque au moins de son interprète. Il appartient à chacun de donner chair à ces chants sans âge avec ses propres tripes, de leur offrir une nouvelle jeunesse. Ces interprètes-ci l'ont bien compris et leur style s'exprime sur chacun de ces morceaux dont tous partagent une même identité sans que le moindre d'entre ne ressemble vraiment à son voisin. Eric Chenaux, avec Eloïse Decazes, nous sert son habituel jeu de ménestrel sous morphine avec moult effets wah-wah, "Joseph" sur un fond acoustique primesautier te fait une hilarante imitation de poulailler avec je ne sais quel instrument. La Tène et le Duo PuechGourdon jouent la carte du lancinant et de l'hypnotique, les premiers à grands coups de percus monolithiques et de vielles en drones, les seconds avec vielle et chant scandé. "Joli Cul" démontre une maestria guitaristique digne des fingerpickers britanniques de la belle époque et vole mon coeur avec une ritournelle très gentiment grivoise, juste avant que Sophie Azambre Le Roy ne nous mette au lit avec une berceuse presque menaçante sur l'errance et le retour chez soi. La Noviarlt quant à elle nous emporte dans un flot implacable de chants planants étirés à l'infini, où se bousculent deux ritournelles monophrases dans un medley qui fait voyager très loin, jusqu'à nous faire voir la mer. Il n'est pas nécessaire de s'encombrer d'instrumentations ; les meilleurs chants brillent et parlent d'eux-mêmes dans leur nudité, et en ce sens quel flair d'avoir placé l'a capella à 3 voix de Daunàs de Còr pour clore ce voyage dans le temps aussi passéiste que futuriste. Sa simplicité, sa pureté se posent comme un humble rappel de la richesse tranquille d'un patrimoine qui ne demande qu'à être redécouvert.
Et quelle redécouverte ce fut ! Ma passion pour la tradition musicale m'a jusqu'alors surtout porté en Amérique, dans la folk roots, le blues, la country ainsi qu'auprès des guitaristes primitifs qui la transcendent. C'est un plaisir de réaliser le terreau qui gît dans nos contrées pour changer - même si j'ai bien conscience que la vision que j'en ai via un label pop underground comme La Souterraine n'est pas forcément représentatif. Sur FOLK, même si les ambiances sont variées, on est le plus souvent dans une certaine douceur, dans un dénuement comme si, qu'importe l'époque, la tradition était toujours transmise au coin du feu, devant la cheminée. Le titre Musiques Traditionnelles du Futur prend même un sens différent lorsqu'on réalise que la plupart des artistes de la compile vont paraître un album sous peu... la légende reste à écrire. Le net aujourd'hui rend le voyage musical très aisé, nous ne sommes jamais à plus de quelques clicks de toutes les musiques du monde, au risque de nous faire oublier parfois que le Graal peut être enterré juste sous notre nez. Il suffit simplement de creuser un peu.
Parfait 17/20 | par X_Wazoo |
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