Levitation

Angers [Le Quai] - vendredi 15 septembre 2017

 Levitation
Les bars vont fermer, je me dirige vers la banque pour y échanger ma monnaie locale & éphémère contre des espèces sonnantes & trébuchantes.

"Salut, je voudrais échanger ces quelques tickets", dis je à la jeune fille qui se tient derrière son comptoir bricolé. Pendant qu'elle compte ma monnaie, je lui demande si, par le plus grand des hasards, elle aurait un peu d'eau. Elle me dit qu'elle n'en a que pour eux, mais que je peux aller remplir mon gobelet (ou plutôt mon verre de vin en plastique opaque, on s'embourgeoise d'un rien) dans les toilettes. Et moi de lui répondre que si je viens lui échanger mes bouts de papier, c'est que je n'ai plus de gobelet. Elle se sent con, on en rit, je garde ma bouche pâteuse pour moi et je rejoins les copains pour les quelques kilomètres qui nous séparent de notre spot pour le weekend. C'est samedi soir, il doit être dans les deux heures du mat'. Mais revenons un peu en arrière, voulez vous.


Vendredi, dans le milieu d'après midi, le GPS défaillant ne nous aide pas vraiment à trouver notre chemin dans les ruelles angevines. Après quelques tours de rond point, quelques prends-celle-là-à-gauche-ah-bah-non-c'était-l'autre, le ciel plus que menaçant nous accueille, la verte et tendre pelouse n'attendant que nos sardines est là aussi. La terrine de sanglier tartine la baguette, Le Taketsuru remplit le fond de nos gobelets, on n'est pas mal. Comme je vous l'ai dit, on s'embourgeoise d'un rien. Mais le temps passe comme disait Silmarils, et il est déjà l'heure de prendre la courte route pour rejoindre le Quai.

C'est Cosmonauts qui a la lourde tâche d'accompagner notre entrée dans les lieux, c'est toujours la première impression qui compte, quand bien même c'est la seconde fois que Levitation investit Le Quai. Leur son reconnaissable, comme les voix des chanteurs nous mettent tout de suite dans le bain, et nous font doucement hocher le temps de faire la queue pour acquérir la monnaie locale. Chouette musique d'ambiance, même si on aimerait en profiter davantage. Si la jauge a été quelque peu augmentée & que cette première soirée n'affiche pas complet (3700 personnes sur le weekend quand même), il y a déjà pas mal de monde, même si l'on sait bien que c'est pour le groupe de Reading qui jouera dans quelques heures que pas mal de gens sont là. Le temps de traverser les couloirs pour arriver à la seconde salle, on remarquera que la déco est toujours aussi minimale, voire inexistante, des multiples portes fermées succèdent aux panneaux d'orientation, et l'obscurité de la salle T400 nous appelle.
Je ne connaissais Ulrika Spacek qu'en album, et encore vite fait.
Leur son me rappelait un peu celui de Women, j'avais bien envie de voir ce que ça pouvait rendre en live. Et je ne fus pas déçu ! Leur sorte de musique répétitive marche plutôt bien, on sent le groupe qui gère son truc, la tournée des festivals a du bien rôder le set. On retrouve de belles accointances avec le Deerhunter de la bonne période, ces jeunes gens également originaires de Reading confirme tout le bien que je pensais d'eux.
Première curiosité de jour, les japonais de Bo Ningen. Ces androgynes mettent du temps à envoyer la sauce, débutant le set avec une sorte de pop à 100 lieux des rafales attendues, mais quand elles arrivent avec le bordel scénique attendu, dur de bouder son plaisir. Au centre, à la basse & au chant, celui que je pensais être une femme assure le show, tellement excentrique, toujours à la limite du ridicule mais ça passe plutôt bien, même si le chevauchement des différents concerts m'oblige à quitter le Hall pour rejoindre Kat & Nicholas dans l'autre salle.

The KVB, renouant avec le son cold wave/shoegaze des 90's (voire des 80's par moment), c'est toujours la perspective de passer un bon moment. Si les sets se ressemblent un peu tous au fil des mois, c'est toujours réjouissant de voir ces deux post ados sur scène, même s'ils ont parfois l'air de s'ennuyer ferme. Kat gère ses synthés mais aussi toutes les pédales de Nicholas, qui se démène & s'emmêle avec sa guitare & son micro. Ils piochent dans tous leurs albums, jouant le premier extrait de l'album solo de Monsieur & la désormais obligatoire reprise de "Sympathy For The Devil", C'est toujours marrant d'entendre les wooh wooh seulement après les quelques minutes nécessaires au public pour reconnaître la reprise. Fin de set un peu brutale avec Nicholas qui vient couper toutes les pédales, mais le fantôme de Clan Of Xymox a plané sur nous quelques minutes, c'est toujours bon à prendre, les vrais savent.

Un concert de Cheveu, c'est toujours une bonne occasion d'aller profiter d'une terrasse agréable loin de la scène. Et l'endroit nommé le Patio remplit parfaitement ce rôle. Entre les foodtrucks de Louisiane & Vegan, les tables arrosées de projection psychédéliques font une pause idéale pour goûter le pinard local. Les plus observateurs auront remarqué que la carte n'est pas la même à chaque bar, ce qui permet d'alterner les découvertes. On pourra noter le manque d'audace au niveau des boissons à base d'houblon par contre. Une bête Kronenbourg en bière de base, et Grimbergen pour 1 € de plus, il y avait moyen de la jouer plus aventureuse je pense, ce n'est pas les petites brasseries qui manquent dans le coin. Mais bon, je ne connais pas toute l'économie d'un tel événement, ce n'est là que l'avis d'un consommateur qui rechigne un peu à payer 4e un demi de Grim'.
Forest Swords est déjà bien entamé quand j'arrive dans la salle, et ce mélange 1000 fois entendu d'electro à tendance dub avec une grosse basse qui se déhanche peine vraiment à me convaincre, je tourne les talons au bout de quelques titres. Une petite muraille se dresse en travers du couloir, rendant le passage difficile, les gens font la queue pour honorer les toilettes accueillantes de ce lieu, le public veut évidemment se vider la vessie pour le messie du shoegaze.

Slowdive a un son bien à lui, c'est indéniable. Une manière de faire tourner les riffs de guitares, les faire durer, il faut bien reconnaître que c'est assez unique comme sensation. Mais, comme évidemment il y a un mais, j'éprouve la même sensation d'ennui que lors de lors de leur reformation en 2014. J'adore les albums de Slowdive, mais pour moi, malgré le son quasi parfait dans ce hall rempli de courants d'air (il faut vraiment le souligner, très bon boulot à ce niveau lors de tout le weekend), Slowdive s'écoute chez soi, peut être en faisant autre chose, mais pas vraiment en restant attentif durant 1h30. Ce n'est évidemment que mon point de vue, car à la vue du public conquis par la prestation du groupe, il n'est pas représentatif. C'est donc pendant ce concert que je vais explorer les recoins du Quai, à la recherche de bacs à disques. Et bien je peux vous dire que la déception fut grande. Mis à part le merch du groupe en train de jouer, il n'y a rien. Pas le moindre petit disquaire indé n'est présent dans la place. Je vais pas vous faire le coup du c'était mieux avant, mais au Chabada, il y avait tout une palanquée de disquaires, de labels, il y a avait de quoi s'occuper & se remplir le totebag. Les seuls à avoir un traitement de faveur, comme on le verra le lendemain, ce sont The Black Angels, qui auront une table à merch sur toute la durée de la soirée. Mais quand on vend son dernier album plus cher qu'en magasin, ça n'incite pas vraiment à l'acheter directement au groupe, j'dis ça j'dis rien.
C'est donc durant la recherche desdit vinyles qu'un p'tit mec vient nous parler, avec un paquet de galettes de Cheveu sous le bras. Rigolard, il nous dit qu'il vient de Reims, ce paradis du néant (c'est lui qui le dit). La discussion est bon enfant, jusqu'au moment où il nous montre son cul. Je m'explique.

On parle de festivals, d'ambiance, de groupes, de Ty Segall, de Nantes et de Reims donc. Ce chevelu nous dit que pour le moment son festoche préféré c'est TINALS. "Jamais été" lui dis-je, "Faut trop que t'y ailles" me rétorque-t-il. Et là il se retourne, descend son futale de quelques centimètres et nous dévoile un This Is Not A Love Song tatoué sur le haut de sa fesse gauche. Son fion n'est pas une chanson d'amour. Respect.
Acid Mothers Temple en concert, comme sur disque remarque, c'est toujours la certitude de l'incertain. Que vont ils jouer, sous quelle formation, combien de titres, un seul ou bien plus ? Clôture parfaite pour tout festival, les japonais y vont franchement, les titres à rallonges prennent l'apparence de jams improvisées, une rythmique punk-funk/disco enflamme la salle dès le second titre, le theremin blanc épate en front de scène, ce groupe pourrait jouer des heures, laissant filer les titres, les rallongeant à l'envi ou les coupant brusquement, c'est toujours une bonne expérience ce groupe en live.

[To Be Continued...]


Bon   15/20
par X_Lok


  Photos par Koj


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