Levitation
Angers [Le Quai] - samedi 22 septembre 2018 |
Un virus mortel a décimé la population de la Terre devenue un vaste territoire inculte et sauvage, livré à la barbarie des survivants dont certains, tels que vous, se sont réfugiés dans des villes fortifiées, alors que d'autres se sont réunis en hordes de bandits qui rôdent à travers le pays. VOUS avez été chargé d'une mission périlleuse : traverser, à bord d'une Dodge Interceptor, spécialement équipée et armée, les sauvages étendues qui mènent à la raffinerie de San Angelo, afin de ravitailler en essence la paisible ville où vous vivez, Nouvelle Espérance.
Voilà avec quoi je démarre ma journée. Trouvé dans une bibliothèque de notre ami angevin, Le Combattant de l'Autoroute, un de ces bons vieux Livre dont vous êtes le héros fascinant, dont on était tous friands à la fin des années 80. Si tu veux prendre la petite route,va au paragraphe 453, si tu veux continuer sur la grande route c'est au paragraphe 328, et si tu veux aller manger, tu rejoins les copains direction le centre d'Angers. On distingue au loin quelques chants de la manif antifas prévue dans l'après midi tout en découvrant qu'aujourd'hui on peut recharger nos compte cashless via internet. C'est aussi le moment où l'on peut, chose plutôt pratique, voir ce que l'on a consommé la veille, et par la même occasion découvrir les facturations hasardeuse, comme l'euro de consigne en plein milieu de soirée alors qu'on a gardé le même verre, ou le (plutôt bon) verre de vin à 3€ facturé au prix du blanc le plus cher. Il va falloir être plus vigilant ce soir. On laisse les antifas massacrer quelques tirettes et autres vitrines car c'est déjà l'heure de rentrer virer les sandales et attaquer l'apéro. Vous le savez comme moi, un retard calculé c'est avant tout une bonne organisation.
Comme dit précédemment, vu qu'on ne peut pas sortir du Quai une fois dedans, on snobe d'un commun accord la bornbaderie du jour, Bryan's Magic Tears, et Spelterini qui jouent bien trop tôt. Le temps de se mettre en route, qui est n'est jamais simple quand on est plus de deux, on arrive pile pour les dernières mesures de Go!Zilla, et c'est donc avec Flamingods qu'on va ouvrir cette seconde soirée.
Ce n'est pas parce que vous multipliez les instruments et que vous les changez presque à chaque morceau que ça fait de vous un groupe mémorable. Oui, c'est vrai, il y a quelques sonorités douces et incongrues aux oreilles qui font sourire, mais les morceaux, dans l'ensemble, peinent à convaincre. Alors, enfin, l'on se prend au rythme imposé par le festival, on a goûté, on va voir ce qui se passe ailleurs.
Je vous ai dit qu'ils avaient ENFIN fait quelque chose pour ces couloirs qui relient les différentes zones du festival ? Non ? Et bien si ! Un léger éclairage qui fait toute la différence, quelques spots bien placés, un couloir aux néons bleutés qui évoquent le couloir flippant d'Irreversible, genre tu croises quelqu'un tu ne le vois pas vraiment même à 50cm, mais ça change, et en bien. Comme quoi, il ne fallait pas grand chose pour habiller ce dédale de couloirs. Bien joué les gars/les filles.
On se dirige vers la grande hall pour découvrir Juniore, promesse yéyé de la journée. Une blonde à la batterie, un rouquin barbu derrière un masque (je vous spoile le truc, mais on ne saura qu'une fois le concert terminé qu'il est roux. Il le garde tout du long, et nous tourne le dos pour la seule fois où il enlève son masque argenté, histoire de se mettre un petit coup de Diplomatico, alors qu'on a quand même vendu un trio 100% féminin. On pourrait se faire une fausse idée du groupe en écoutant "Panique", le single imparable sorti en 2016, et les rapprocher de La Femme. Anna Jean, la frontgirl du groupe, nous répète qu'ils sont très heureux d'être là, même si elle fait beaucoup d'effort pour que ça ne transpire pas sur son visage. Dernier groupe programmé du weekend après l'annulation du Laetitia Sadier Ensemble, il faut tout de même quelques titres pour rentrer dans le bain, les titres les plus rythmés rappelant évidemment les riches heures du twist à la française, vaguement surf, ce combo guitare/synthé/batterie connaît bien son affaire. Une belle mise en bouche pour la suite, faussement naïve, un peu poseuse, mais un bon moment au final, qui donne envie de se pencher sur les albums.
Vous saviez bien que lorsque vous mettez deux filles aux extrémités de la scène, court vêtues et faisant du bordel avec une guitare, un synthé et une batterie/boite à rythme, il reste plein de place pour un mec qui s'égosille au micro. C'est un fait avéré et prouvé maintes et maintes fois. Et bien c'est le principe de Sextile, faux groupe mancunien qui nous surprend en annonçant qu'ils viennent de L.A.. Ils tabassent, ça ne révolutionne rien mais dans le genre gros beat/petite mélodie ou riff noisy/un chanteur/hurleur charismatique, ça marche. Le côté beat techno/indus en 4/4 ravi la foule, il ne lui en faut pas plus, comme on le verra plus tard avec Oktober Lieber & Flavien Berger, pour adhérer. Le mini Mark E. Smith dont je reste persuadé des origines écossaises ou mancunienne, malgré sa chemise discutable, se révèle épatant avec son mélange de branleurisme assumé et de showman burné, ses deux copines ne sont évidemment pas en reste. J'ai quelques doutes sur l'intérêt d'un tel groupe sur disque, mais là ils sont vraiment bons.
Tiens, on frappe à la porte. Ah, mais c'est ce bon vieux Alex Maas, qui revient comme quasiment chaque année, avec des copains différents presque à chaque fois. Il est sympa cet Alex, limite rassurant. T'as limite envie de lui taper la bise, lui demander comment vont les enfants. Cette année, c'est avec MIEN, combo formé avec Tom Furse de The Horros, Rishi Dhir de Elephant Stone pour les plus connus. Sur le papier, et sur disque, ce supergroupe a tout pour plaire. Mais la faute au son, à je ne sais quoi, ils peinent à convaincre ce soir là. Dans les premiers titres, lorsque Rishi se pose en tailleur pour saisir son sitar, il est couvert d'un gros synthé, on ne l'entend quasiment pas même s'il se démène sur son gros manche. On profite donc de ce moment pour aller se jeter un petit pulled pork, ou sandwich au porc effiloché, seul foodtruck qui nourrit son bonhomme. Le temps de se remplir la panse sous une petite pluie, Oktober Lieber a déjà attaquer son set. Les deux française s'amuse derrière leurs machines, à mi-chemin entre Miss Kittin, Ellen Alien & Marie Davidson. Levitation gagner a programmer des groupes comme celui là. Ils le font depuis les premières éditions, avec parcimonie au début, mais c'est une bonne chose, je pense, qu'ils prennent de plus en plus de place. Si le festival se limitait au seul rock/pop psyché, il aurait vite fait le tour. D'ailleurs ça commence à se voir, les artistes reviennent, en seulement six éditions, l'ouverture est plus facile que le renouvellement. Mais il est des artistes qu'on aime revoir à chaque occasion, comme le jeune homme chevelu qui attend son tour sur la grande scène du forum.
Faisant des coucous concons à l'assemblée en patientant devant l'assemblage de son fatras synthétique, Flavien Berger marche, discute, sirote son ballon de rouge, posé avec une bouteille entamée sur un guéridon derrière des racks de synthés et machines. Beaucoup de titres de Contre-Temps seront joués ce soir, l'album ne sortant que la semaine suivante, parsemé des désormais classiques du premier album, "La Fête Noire", Bleu Sous-Marin", et ce "Léviathan" final, Flavien s'étant assuré juste avant qu'il avait le temps pour placer le long titre fleuve. J'entends çà et là qu'il aurait tout aussi bien pu nous passer l'album, comme lorsqu'il s'éloigne de ses machines pour "Maddy La Nuit", quand les choeurs arrivent pile dans "Océan Rouge" genre bon karaoké, mais il gère son truc, bouclant sa voix, n'hésitant pas à improviser sur le moment présent, libre de ses mouvements et de ses envies, gérant ses montées comme il veut, à l'exemple d'une Fête Noire qui, avec son efficacité rythmique & ses éructations AlanVegaïennes, Il ne faut que peu de temps au jeune homme pour se mettre la salle dans la poche, conquise d'avance, il est vrai.
Se pose une nouvelle fois le problème des enchainements sans temps morts, voire des chevauchements. Après un concert, perso, j'ai pas forcément envie de repartir tout de suite sur un autre set complétement différent, un autre set tout court d'ailleurs, l'envie de souffler, de se poser, d'une sorte de transition. Oui mais là, Radar Men From The Moon attaque déjà depuis 15min, et dans une grosse demi-heure Spiritualized entre en scène. Argh, si vous me passez l'expression.
Patrick Bruel disait "J'sais bien que j'l'ai trop dit, mais j'te l'dis quand même". C'est toujours bon de citer Patrick, surtout quand ça tombe pile.
Je le répète encore, mais c'est dur de devoir faire l'impasse sur un groupe qui, dès que son nom est apparu dans la prog m'a vendu du rêve. Radar Men From the Moon, c'était vraiment un groupe que je ne voulais pas louper. Mais encore une fois, coincé entre deux sets que je voulais également voir en entier, je ne suis pas dedans, malgré le fait que les quelques minutes passées devant m'épatent et m'enchantent au plus au point, surtout que les mecs ont échangé leurs instruments contre un alignement de machines, de synthés, et bordel que c'est bon d'être surpris comme ça. Mais Jason Pierce arrive, et mon verre est vide.
C'est donc un peu déçu et résigné que je quitte la salle, pour remplir mon verre et me placer pour assister au Concert du weekend.
Je n'ai, à ma grande surprise, aucun mal à bien me placer, tant la foule est clairsemée. Il est vrai que Spiritualized n'attire pas grand monde en 2018, à moins d'écouter ça depuis des années, mais je ne pense que l'on puisse avoir une belle gifle en découvrant le groupe avec ses albums actuels, aussi bons soient-ils. Qu'à cela ne tienne, malgré les gens qui préfèrent discuter, et ce peu importe l'endroit où je me trouve dans la salle, à deux mètres de la scène, au fond, près des ingés sons & lumières, tout le monde s'en branle, et ce sur toute la longueur du concert. Chienne de vie. Le groupe s'installe enfin et attaque le combo magique d'entrée, qui manquait tant lors du concert parisien pour la tournée Sweet Light Sweet Heart, histoire de relever un peu le tout. "Hold On" / "Come Together" / "Shine A Light". On peut se demander si le groupe va nous la jouer best-of comme à la route du rock en 2012, où le groupe joua même des titres de Spacemen 3. Mais non, c'est une tout autre direction que prendra le concert quand on comprendra, après "A Perfect Miracle" et "I'm Your Man" joués à la suite, que c'est And Nothing Hurt que l'on va entendre, dans l'ordre et en entier. L'album prend évidemment une tout autre résonance sur scène, à l'image de mes voisins qui tentent de parler plus fort que la musique, chose peu évidente vu le niveau sonore atteint par Jason et ses camarades, mais certains y arrivent facilement. Quand ce n'est pas les discussions qui sortent du concert, c'est une demoiselle d'1m50 qui, à bout de bras, filme un direct du concert, autrement dit, de son point de vue,une nuée de nuque et de la lumière par dessus. Au moins, cette tentative aura eu le mérite de provoquer l'hilarité de mon voisin, recherchant lui aussi un peu de calme. C'est peut être pour un projet expérimental, qui sait. Mais il en faudrait plus pour déconcentrer Spiritualized, qui avance dans l'album, jouant les prolongations sur beaucoup de titres, mais sans communiquer vraiment avec le public. Bon, est ce vraiment là l'important ? Ce serait sans doute malvenu un vieux "Everybody say Oooho " ou un "Vous êtes chaud Angers ce soir" avec un accent à couper à la hache entre deux titres. Oui, je caricature. On se contentera d'un grand au revoir & merci lorsque "Sail On Through" se termine, laissant rêver quelques secondes d'un rappel, mais les roadies commencent déjà à remballer, à ramasser le cahier de partitions laisser ouvert sur le pupitre. Tant pis, mais merci. Les oreilles sonnent et résonnent, mais il est un autre groupe qu'il serait dommage de rater, histoire de bien finir le weekend.
Rendez-Vous a la lourde tâche de terminer le weekend, et bordel, il le font bien. On pénètre dans une salle surchauffée, et ces jeunes gnes tiennent la scène comme peu de groupes. Infligeant une violence bienvenue à leur post punk, ils ne se la jouent pas, rentrent dedans comme il faut, comme on aime, à l'image du t-shirt Godflesh arboré par l'un d'eux. On se rend bien compte que c'est en live qu'explose ce genre de groupe, un peu compressé par le format du disque. Mais qu'importe, l'album est bon, en live c'est évidemment encore meilleur, loin du copier collé qu'on pourrait attendre.
Et bien voilà, c'est sur ces notes saturées et abruptes que ce termine ce sixième épisode du Levitation. Le festival a la très bonne idée de s'ouvrir encore davantage, de ne pas rester les yeux dans la vision fermée du psychédélisme, même si c'est extrêmement large comme terme. C'est une bonne tournure, car on voit bien qu'il est dur de rester dans cette mouvance sans tourner un peu en rond. En six éditions pas mal de groupes sont venus au moins deux fois comme je le disais plus haut. Une fréquentation en baisse visible pour cette édition 2018, mais une programmation qui n'a pas à rougir, et qui ne sombre pas dans la facilité hors-sujet pour attirer du monde. Je reste toujours sur mon impression qu'il y a trop de groupes, surtout le samedi, il faudrait des temps morts, des respirations, pour en sortir moins frustré et pour avoir la possibilité de bien plus profiter des concerts. Mais tant que ce festival proposera à la fois de belles têtes d'affiches comme il le fait depuis 6 ans (Melvins, Loop, Spiritualized, Damo Suzuki et j'en passe) et des découvertes comme PIGSx7 cette année pour n'en citer qu'une, on ne peut qu'être curieux de ce qu'ils vont proposer l'année prochaine, c'est pas simple de trouver l'équilibre.
Voilà avec quoi je démarre ma journée. Trouvé dans une bibliothèque de notre ami angevin, Le Combattant de l'Autoroute, un de ces bons vieux Livre dont vous êtes le héros fascinant, dont on était tous friands à la fin des années 80. Si tu veux prendre la petite route,va au paragraphe 453, si tu veux continuer sur la grande route c'est au paragraphe 328, et si tu veux aller manger, tu rejoins les copains direction le centre d'Angers. On distingue au loin quelques chants de la manif antifas prévue dans l'après midi tout en découvrant qu'aujourd'hui on peut recharger nos compte cashless via internet. C'est aussi le moment où l'on peut, chose plutôt pratique, voir ce que l'on a consommé la veille, et par la même occasion découvrir les facturations hasardeuse, comme l'euro de consigne en plein milieu de soirée alors qu'on a gardé le même verre, ou le (plutôt bon) verre de vin à 3€ facturé au prix du blanc le plus cher. Il va falloir être plus vigilant ce soir. On laisse les antifas massacrer quelques tirettes et autres vitrines car c'est déjà l'heure de rentrer virer les sandales et attaquer l'apéro. Vous le savez comme moi, un retard calculé c'est avant tout une bonne organisation.
Comme dit précédemment, vu qu'on ne peut pas sortir du Quai une fois dedans, on snobe d'un commun accord la bornbaderie du jour, Bryan's Magic Tears, et Spelterini qui jouent bien trop tôt. Le temps de se mettre en route, qui est n'est jamais simple quand on est plus de deux, on arrive pile pour les dernières mesures de Go!Zilla, et c'est donc avec Flamingods qu'on va ouvrir cette seconde soirée.
Ce n'est pas parce que vous multipliez les instruments et que vous les changez presque à chaque morceau que ça fait de vous un groupe mémorable. Oui, c'est vrai, il y a quelques sonorités douces et incongrues aux oreilles qui font sourire, mais les morceaux, dans l'ensemble, peinent à convaincre. Alors, enfin, l'on se prend au rythme imposé par le festival, on a goûté, on va voir ce qui se passe ailleurs.
Je vous ai dit qu'ils avaient ENFIN fait quelque chose pour ces couloirs qui relient les différentes zones du festival ? Non ? Et bien si ! Un léger éclairage qui fait toute la différence, quelques spots bien placés, un couloir aux néons bleutés qui évoquent le couloir flippant d'Irreversible, genre tu croises quelqu'un tu ne le vois pas vraiment même à 50cm, mais ça change, et en bien. Comme quoi, il ne fallait pas grand chose pour habiller ce dédale de couloirs. Bien joué les gars/les filles.
On se dirige vers la grande hall pour découvrir Juniore, promesse yéyé de la journée. Une blonde à la batterie, un rouquin barbu derrière un masque (je vous spoile le truc, mais on ne saura qu'une fois le concert terminé qu'il est roux. Il le garde tout du long, et nous tourne le dos pour la seule fois où il enlève son masque argenté, histoire de se mettre un petit coup de Diplomatico, alors qu'on a quand même vendu un trio 100% féminin. On pourrait se faire une fausse idée du groupe en écoutant "Panique", le single imparable sorti en 2016, et les rapprocher de La Femme. Anna Jean, la frontgirl du groupe, nous répète qu'ils sont très heureux d'être là, même si elle fait beaucoup d'effort pour que ça ne transpire pas sur son visage. Dernier groupe programmé du weekend après l'annulation du Laetitia Sadier Ensemble, il faut tout de même quelques titres pour rentrer dans le bain, les titres les plus rythmés rappelant évidemment les riches heures du twist à la française, vaguement surf, ce combo guitare/synthé/batterie connaît bien son affaire. Une belle mise en bouche pour la suite, faussement naïve, un peu poseuse, mais un bon moment au final, qui donne envie de se pencher sur les albums.
Vous saviez bien que lorsque vous mettez deux filles aux extrémités de la scène, court vêtues et faisant du bordel avec une guitare, un synthé et une batterie/boite à rythme, il reste plein de place pour un mec qui s'égosille au micro. C'est un fait avéré et prouvé maintes et maintes fois. Et bien c'est le principe de Sextile, faux groupe mancunien qui nous surprend en annonçant qu'ils viennent de L.A.. Ils tabassent, ça ne révolutionne rien mais dans le genre gros beat/petite mélodie ou riff noisy/un chanteur/hurleur charismatique, ça marche. Le côté beat techno/indus en 4/4 ravi la foule, il ne lui en faut pas plus, comme on le verra plus tard avec Oktober Lieber & Flavien Berger, pour adhérer. Le mini Mark E. Smith dont je reste persuadé des origines écossaises ou mancunienne, malgré sa chemise discutable, se révèle épatant avec son mélange de branleurisme assumé et de showman burné, ses deux copines ne sont évidemment pas en reste. J'ai quelques doutes sur l'intérêt d'un tel groupe sur disque, mais là ils sont vraiment bons.
Tiens, on frappe à la porte. Ah, mais c'est ce bon vieux Alex Maas, qui revient comme quasiment chaque année, avec des copains différents presque à chaque fois. Il est sympa cet Alex, limite rassurant. T'as limite envie de lui taper la bise, lui demander comment vont les enfants. Cette année, c'est avec MIEN, combo formé avec Tom Furse de The Horros, Rishi Dhir de Elephant Stone pour les plus connus. Sur le papier, et sur disque, ce supergroupe a tout pour plaire. Mais la faute au son, à je ne sais quoi, ils peinent à convaincre ce soir là. Dans les premiers titres, lorsque Rishi se pose en tailleur pour saisir son sitar, il est couvert d'un gros synthé, on ne l'entend quasiment pas même s'il se démène sur son gros manche. On profite donc de ce moment pour aller se jeter un petit pulled pork, ou sandwich au porc effiloché, seul foodtruck qui nourrit son bonhomme. Le temps de se remplir la panse sous une petite pluie, Oktober Lieber a déjà attaquer son set. Les deux française s'amuse derrière leurs machines, à mi-chemin entre Miss Kittin, Ellen Alien & Marie Davidson. Levitation gagner a programmer des groupes comme celui là. Ils le font depuis les premières éditions, avec parcimonie au début, mais c'est une bonne chose, je pense, qu'ils prennent de plus en plus de place. Si le festival se limitait au seul rock/pop psyché, il aurait vite fait le tour. D'ailleurs ça commence à se voir, les artistes reviennent, en seulement six éditions, l'ouverture est plus facile que le renouvellement. Mais il est des artistes qu'on aime revoir à chaque occasion, comme le jeune homme chevelu qui attend son tour sur la grande scène du forum.
Faisant des coucous concons à l'assemblée en patientant devant l'assemblage de son fatras synthétique, Flavien Berger marche, discute, sirote son ballon de rouge, posé avec une bouteille entamée sur un guéridon derrière des racks de synthés et machines. Beaucoup de titres de Contre-Temps seront joués ce soir, l'album ne sortant que la semaine suivante, parsemé des désormais classiques du premier album, "La Fête Noire", Bleu Sous-Marin", et ce "Léviathan" final, Flavien s'étant assuré juste avant qu'il avait le temps pour placer le long titre fleuve. J'entends çà et là qu'il aurait tout aussi bien pu nous passer l'album, comme lorsqu'il s'éloigne de ses machines pour "Maddy La Nuit", quand les choeurs arrivent pile dans "Océan Rouge" genre bon karaoké, mais il gère son truc, bouclant sa voix, n'hésitant pas à improviser sur le moment présent, libre de ses mouvements et de ses envies, gérant ses montées comme il veut, à l'exemple d'une Fête Noire qui, avec son efficacité rythmique & ses éructations AlanVegaïennes, Il ne faut que peu de temps au jeune homme pour se mettre la salle dans la poche, conquise d'avance, il est vrai.
Se pose une nouvelle fois le problème des enchainements sans temps morts, voire des chevauchements. Après un concert, perso, j'ai pas forcément envie de repartir tout de suite sur un autre set complétement différent, un autre set tout court d'ailleurs, l'envie de souffler, de se poser, d'une sorte de transition. Oui mais là, Radar Men From The Moon attaque déjà depuis 15min, et dans une grosse demi-heure Spiritualized entre en scène. Argh, si vous me passez l'expression.
Patrick Bruel disait "J'sais bien que j'l'ai trop dit, mais j'te l'dis quand même". C'est toujours bon de citer Patrick, surtout quand ça tombe pile.
Je le répète encore, mais c'est dur de devoir faire l'impasse sur un groupe qui, dès que son nom est apparu dans la prog m'a vendu du rêve. Radar Men From the Moon, c'était vraiment un groupe que je ne voulais pas louper. Mais encore une fois, coincé entre deux sets que je voulais également voir en entier, je ne suis pas dedans, malgré le fait que les quelques minutes passées devant m'épatent et m'enchantent au plus au point, surtout que les mecs ont échangé leurs instruments contre un alignement de machines, de synthés, et bordel que c'est bon d'être surpris comme ça. Mais Jason Pierce arrive, et mon verre est vide.
C'est donc un peu déçu et résigné que je quitte la salle, pour remplir mon verre et me placer pour assister au Concert du weekend.
Je n'ai, à ma grande surprise, aucun mal à bien me placer, tant la foule est clairsemée. Il est vrai que Spiritualized n'attire pas grand monde en 2018, à moins d'écouter ça depuis des années, mais je ne pense que l'on puisse avoir une belle gifle en découvrant le groupe avec ses albums actuels, aussi bons soient-ils. Qu'à cela ne tienne, malgré les gens qui préfèrent discuter, et ce peu importe l'endroit où je me trouve dans la salle, à deux mètres de la scène, au fond, près des ingés sons & lumières, tout le monde s'en branle, et ce sur toute la longueur du concert. Chienne de vie. Le groupe s'installe enfin et attaque le combo magique d'entrée, qui manquait tant lors du concert parisien pour la tournée Sweet Light Sweet Heart, histoire de relever un peu le tout. "Hold On" / "Come Together" / "Shine A Light". On peut se demander si le groupe va nous la jouer best-of comme à la route du rock en 2012, où le groupe joua même des titres de Spacemen 3. Mais non, c'est une tout autre direction que prendra le concert quand on comprendra, après "A Perfect Miracle" et "I'm Your Man" joués à la suite, que c'est And Nothing Hurt que l'on va entendre, dans l'ordre et en entier. L'album prend évidemment une tout autre résonance sur scène, à l'image de mes voisins qui tentent de parler plus fort que la musique, chose peu évidente vu le niveau sonore atteint par Jason et ses camarades, mais certains y arrivent facilement. Quand ce n'est pas les discussions qui sortent du concert, c'est une demoiselle d'1m50 qui, à bout de bras, filme un direct du concert, autrement dit, de son point de vue,une nuée de nuque et de la lumière par dessus. Au moins, cette tentative aura eu le mérite de provoquer l'hilarité de mon voisin, recherchant lui aussi un peu de calme. C'est peut être pour un projet expérimental, qui sait. Mais il en faudrait plus pour déconcentrer Spiritualized, qui avance dans l'album, jouant les prolongations sur beaucoup de titres, mais sans communiquer vraiment avec le public. Bon, est ce vraiment là l'important ? Ce serait sans doute malvenu un vieux "Everybody say Oooho " ou un "Vous êtes chaud Angers ce soir" avec un accent à couper à la hache entre deux titres. Oui, je caricature. On se contentera d'un grand au revoir & merci lorsque "Sail On Through" se termine, laissant rêver quelques secondes d'un rappel, mais les roadies commencent déjà à remballer, à ramasser le cahier de partitions laisser ouvert sur le pupitre. Tant pis, mais merci. Les oreilles sonnent et résonnent, mais il est un autre groupe qu'il serait dommage de rater, histoire de bien finir le weekend.
Rendez-Vous a la lourde tâche de terminer le weekend, et bordel, il le font bien. On pénètre dans une salle surchauffée, et ces jeunes gnes tiennent la scène comme peu de groupes. Infligeant une violence bienvenue à leur post punk, ils ne se la jouent pas, rentrent dedans comme il faut, comme on aime, à l'image du t-shirt Godflesh arboré par l'un d'eux. On se rend bien compte que c'est en live qu'explose ce genre de groupe, un peu compressé par le format du disque. Mais qu'importe, l'album est bon, en live c'est évidemment encore meilleur, loin du copier collé qu'on pourrait attendre.
Et bien voilà, c'est sur ces notes saturées et abruptes que ce termine ce sixième épisode du Levitation. Le festival a la très bonne idée de s'ouvrir encore davantage, de ne pas rester les yeux dans la vision fermée du psychédélisme, même si c'est extrêmement large comme terme. C'est une bonne tournure, car on voit bien qu'il est dur de rester dans cette mouvance sans tourner un peu en rond. En six éditions pas mal de groupes sont venus au moins deux fois comme je le disais plus haut. Une fréquentation en baisse visible pour cette édition 2018, mais une programmation qui n'a pas à rougir, et qui ne sombre pas dans la facilité hors-sujet pour attirer du monde. Je reste toujours sur mon impression qu'il y a trop de groupes, surtout le samedi, il faudrait des temps morts, des respirations, pour en sortir moins frustré et pour avoir la possibilité de bien plus profiter des concerts. Mais tant que ce festival proposera à la fois de belles têtes d'affiches comme il le fait depuis 6 ans (Melvins, Loop, Spiritualized, Damo Suzuki et j'en passe) et des découvertes comme PIGSx7 cette année pour n'en citer qu'une, on ne peut qu'être curieux de ce qu'ils vont proposer l'année prochaine, c'est pas simple de trouver l'équilibre.
Très bon 16/20 | par X_Lok |
Vous l'aurez sans doute deviné, la photo affiche l'homme masqué de Juniore.
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