Nos Primavera Sound
Porto - Portugal [Parque Da Cidade] - vendredi 09 juin 2017 |
Grand soleil et vent intermittent en ce deuxième jour du Nos Primavera Sound Festival. Après un petit crochet par le front de mer pour admirer le surf spot installé entre la zone portuaire et le fort qui marque l'entrée de l'estuaire du Douro, me voici de retour dans le Parque da Cidade pour le tout début des concerts.
Le premier groupe de la journée joue à domicile, même si son nom - First Breath After Coma - a été piqué à un groupe américain au son caractéristique : Explosions in the Sky. Si les instrumentaux de First Breath After Coma sont en effet très inspirés - pour rester poli - par le son des Américains, leurs voix me ramènent en revanche aux affreux hippies de Local Natives. Ce curieux mélange ne fonctionne que par intermittence, d'autant que la section rythmique est loin d'avoir la puissance et la précision de celle des Explosions. Cela dit, on a vu des groupes français bien plus désagréables en ouverture de Rock en Seine.
Les choses sérieuses commencent avec Pond. J'ai longtemps boudé ce groupe pour sa proximité avec Tame Impala, ces derniers m'ayant beaucoup déçu en live. La première impression est mitigée, l'absence de basse renforçant le côté synthétique de leur musique. La basse revient sur les morceaux suivants, particulièrement jouissifs. Ce groupe peut largement postuler au concours du killer-riff glam-rock-psyché. Le chanteur est mélange (d)étonnant de Johnny Rotten pour l'apparence et de David Bowie pour la voix et la gestuelle androgyne. C'est très synthétique malgré les deux guitares, et pourtant furieusement rock'n'roll. Et même si l'intensité baisse sur les deux derniers morceaux, ça reste un très bon concert.
La suite est moins emballante, malgré le premier dilemme depuis le début du festival : Whitney ou Royal Trux ? Le folk-rock groovy et joyeux des premiers s'avérant trop Woodstock à mon goût, je décide dès le deuxième morceau d'aller voir les seconds, un duo punk légendaire encensé par Kim Gordon en personne dans son autobiographie. Leur arrivée sur scène me refroidit quelque peu : une chanteuse aux allures de vieille pochtronne, avec une voix de Courtney Love des mauvais soirs et un look peu engageant : casquette enfoncée jusqu'aux oreilles, et un blouson argenté trop large probablement volé sur un paddock de Formule 1. Son binôme guitariste balance des riffs garage minimalistes mais énergiques et groovy et la section rythmique derrière fait le taff, mais tout ça ne m'emballe pas plus que ça. Au quatrième morceau, je vais faire une pause en attendant Angel Olsen.
L'Américaine, ex-choriste de Bonnie Prince Billy, a sorti ces dernières années deux albums emballants dans le genre Courtney Barnett country. À l'heure prévue apparaît sur scène un quintet en costards gris, puis la chanteuse fait son apparition dans une robe couleur pistache. L'enchaînement des tubes peut commencer, entrecoupés de rires gênés de la chanteuse, visiblement impressionnée par la foule massée devant la grande scène. Au fur et à mesure du set, les morceaux se font plus lents et plus torturés, comme sur les albums. On découvre notamment que le clavier est en fait une sosie de la chanteuse, et leur duo de voix est assez poignant, mais sur la durée, mon attention finit par décrocher. Je reste tout de même jusqu'à la fin, tout en me rapprochant de la scène d'à côté sur laquelle Teenage Fanclub doit se produire dans la foulée. Pas le temps d'aller donner une seconde chance au rap-indus prolétaire des anglais de Sleaford Mods, dont le set est à cheval sur ceux de l'Américaine et des écossais. Ces derniers arrivent tranquillou pour un set pépère mais avec du volume, des guitares et des mélodies enchanteresses. L'influence des Byrds sur leur musique ne m'est jamais apparue aussi évidente. Je ne suis certes pas à fond, mais cela reste un des moments les plus agréables de ma soirée, musicalement parlant en tout cas.
Changement d'ambiance avec les vétérans américains de Swans : concentré comme jamais, le sextet dirigé d'une poigne de fer par le chef d'orchestre fou Michael Gira développe ses atmosphères anxiogènes sur de très longues plages durant lesquelles seule l'intensité sonore varie. La voix de prophète sataniste de Gira ne commence à se poser qu'au bout de plusieurs minutes du premier morceau. Je n'atteins même pas la fin du deuxième : épuisé et tenaillé par la faim, je m'éclipse discrètement en direction des stands vendant des sandwichs aux quantités de viande indécentes. C'est de là que j'entends le concert de Julien Baker débuter sur la scène Pitchfork. Étant perplexe sur le potentiel scénique de la jeune américaine, toute seule avec sa guitare, sa voix de gamine et ses chansons torturées, je finis tranquillement mon sandwich avant d'aller jeter un oeil. Mal m'en a pris, le set de cette gamine - physiquement, elle ne fait pas plus de 15-16 ans - est particulièrement intense : la foule clairsemée est enthousiaste et moi au milieu, je suis bluffé par son aplomb et son énergie.
A la fin du set de Julien Baker, je me dirige mollement vers la grande scène où Bon Iver n'a toujours pas terminé son show. J'entends le dernier morceau, un extrait de son premier album, avec juste une guitare sèche - très sèche - et quelques contributions du batteur. Je ne me souviens même plus de ce qui m'avait plu sur ce premier album. Pendant ce temps, Michael Gira n'a toujours pas libéré nos camarades qui tiendront stoïquement jusqu'au bout des deux heures de cette performance épique. Il me reste un artiste à voir avant de les rejoindre pour le dernier concert : Hamilton Leithauser, ex-chanteur des classieux et regrettés Walkmen. Je ne suis pas toujours fan de ce qu'il fait en solo - ni non plus de tout ce qu'ont fait les Walkmen, d'ailleurs - mais le bonhomme est doté d'une sacrée présence scénique, d'une voix galvanisante et de quelques chansons magnifiques, quelque part entre Springsteen et Willy Deville.
Mais voici venue l'heure de reformer la petite bande qui m'accompagne dans ce périple pour le bouquet final : le hard-rock-stoner-garage-seventies de King Gizzard & The Lizard Wizard. Et je fais comme pour les feux d'artifices : je regarde de loin en baillant, tout en trouvant ça très impressionnant. A ce stade de fatigue (début du concert à deux heures du mat', heure portugaise, soit trois heures en France), je ne suis plus en état de rien, surtout après avoir maté autant de concerts différents en si peu de temps. C'est l'inconvénient de ce festival : il incite au zapping sans proposer grand-chose d'autre que des stands où dépenser son fric. Ah si, il y a un stand de maquillage et un autre pour faire des colliers de fleurs, avec une queue interminable pour chacun. Même pas une chapelle avec un faux Elvis pour célébrer des mariages. On est loin de la convivialité potache du TINALS. D'autant que tout est sponsorisé, vu que ça devient le modèle économique dominant avec la disparition des subventions publiques. Tout ça tient bien la route, ça permet de voir un maximum d'artistes moyennant un forfait pas exorbitant, mais à mon âge, on n'a plus toujours assez d'énergie pour enchaîner autant de concerts. Et finalement, j'ai du mal à retenir un concert qui m'aurait particulièrement marqué dans cette journée. Est-ce dû à une programmation moins attrayante ou au format du festival ? Difficile à dire à ce stade. Nous terminons ma journée dans une navette payante bien remplie mais régulière et rapide, pendant qu'au même moment, ceux de mes potes qui ont choisi Nîmes se galèrent dans des navettes gratuites mais très aléatoires. Vous avez dit modèle économique ?
Le premier groupe de la journée joue à domicile, même si son nom - First Breath After Coma - a été piqué à un groupe américain au son caractéristique : Explosions in the Sky. Si les instrumentaux de First Breath After Coma sont en effet très inspirés - pour rester poli - par le son des Américains, leurs voix me ramènent en revanche aux affreux hippies de Local Natives. Ce curieux mélange ne fonctionne que par intermittence, d'autant que la section rythmique est loin d'avoir la puissance et la précision de celle des Explosions. Cela dit, on a vu des groupes français bien plus désagréables en ouverture de Rock en Seine.
Les choses sérieuses commencent avec Pond. J'ai longtemps boudé ce groupe pour sa proximité avec Tame Impala, ces derniers m'ayant beaucoup déçu en live. La première impression est mitigée, l'absence de basse renforçant le côté synthétique de leur musique. La basse revient sur les morceaux suivants, particulièrement jouissifs. Ce groupe peut largement postuler au concours du killer-riff glam-rock-psyché. Le chanteur est mélange (d)étonnant de Johnny Rotten pour l'apparence et de David Bowie pour la voix et la gestuelle androgyne. C'est très synthétique malgré les deux guitares, et pourtant furieusement rock'n'roll. Et même si l'intensité baisse sur les deux derniers morceaux, ça reste un très bon concert.
La suite est moins emballante, malgré le premier dilemme depuis le début du festival : Whitney ou Royal Trux ? Le folk-rock groovy et joyeux des premiers s'avérant trop Woodstock à mon goût, je décide dès le deuxième morceau d'aller voir les seconds, un duo punk légendaire encensé par Kim Gordon en personne dans son autobiographie. Leur arrivée sur scène me refroidit quelque peu : une chanteuse aux allures de vieille pochtronne, avec une voix de Courtney Love des mauvais soirs et un look peu engageant : casquette enfoncée jusqu'aux oreilles, et un blouson argenté trop large probablement volé sur un paddock de Formule 1. Son binôme guitariste balance des riffs garage minimalistes mais énergiques et groovy et la section rythmique derrière fait le taff, mais tout ça ne m'emballe pas plus que ça. Au quatrième morceau, je vais faire une pause en attendant Angel Olsen.
L'Américaine, ex-choriste de Bonnie Prince Billy, a sorti ces dernières années deux albums emballants dans le genre Courtney Barnett country. À l'heure prévue apparaît sur scène un quintet en costards gris, puis la chanteuse fait son apparition dans une robe couleur pistache. L'enchaînement des tubes peut commencer, entrecoupés de rires gênés de la chanteuse, visiblement impressionnée par la foule massée devant la grande scène. Au fur et à mesure du set, les morceaux se font plus lents et plus torturés, comme sur les albums. On découvre notamment que le clavier est en fait une sosie de la chanteuse, et leur duo de voix est assez poignant, mais sur la durée, mon attention finit par décrocher. Je reste tout de même jusqu'à la fin, tout en me rapprochant de la scène d'à côté sur laquelle Teenage Fanclub doit se produire dans la foulée. Pas le temps d'aller donner une seconde chance au rap-indus prolétaire des anglais de Sleaford Mods, dont le set est à cheval sur ceux de l'Américaine et des écossais. Ces derniers arrivent tranquillou pour un set pépère mais avec du volume, des guitares et des mélodies enchanteresses. L'influence des Byrds sur leur musique ne m'est jamais apparue aussi évidente. Je ne suis certes pas à fond, mais cela reste un des moments les plus agréables de ma soirée, musicalement parlant en tout cas.
Changement d'ambiance avec les vétérans américains de Swans : concentré comme jamais, le sextet dirigé d'une poigne de fer par le chef d'orchestre fou Michael Gira développe ses atmosphères anxiogènes sur de très longues plages durant lesquelles seule l'intensité sonore varie. La voix de prophète sataniste de Gira ne commence à se poser qu'au bout de plusieurs minutes du premier morceau. Je n'atteins même pas la fin du deuxième : épuisé et tenaillé par la faim, je m'éclipse discrètement en direction des stands vendant des sandwichs aux quantités de viande indécentes. C'est de là que j'entends le concert de Julien Baker débuter sur la scène Pitchfork. Étant perplexe sur le potentiel scénique de la jeune américaine, toute seule avec sa guitare, sa voix de gamine et ses chansons torturées, je finis tranquillement mon sandwich avant d'aller jeter un oeil. Mal m'en a pris, le set de cette gamine - physiquement, elle ne fait pas plus de 15-16 ans - est particulièrement intense : la foule clairsemée est enthousiaste et moi au milieu, je suis bluffé par son aplomb et son énergie.
A la fin du set de Julien Baker, je me dirige mollement vers la grande scène où Bon Iver n'a toujours pas terminé son show. J'entends le dernier morceau, un extrait de son premier album, avec juste une guitare sèche - très sèche - et quelques contributions du batteur. Je ne me souviens même plus de ce qui m'avait plu sur ce premier album. Pendant ce temps, Michael Gira n'a toujours pas libéré nos camarades qui tiendront stoïquement jusqu'au bout des deux heures de cette performance épique. Il me reste un artiste à voir avant de les rejoindre pour le dernier concert : Hamilton Leithauser, ex-chanteur des classieux et regrettés Walkmen. Je ne suis pas toujours fan de ce qu'il fait en solo - ni non plus de tout ce qu'ont fait les Walkmen, d'ailleurs - mais le bonhomme est doté d'une sacrée présence scénique, d'une voix galvanisante et de quelques chansons magnifiques, quelque part entre Springsteen et Willy Deville.
Mais voici venue l'heure de reformer la petite bande qui m'accompagne dans ce périple pour le bouquet final : le hard-rock-stoner-garage-seventies de King Gizzard & The Lizard Wizard. Et je fais comme pour les feux d'artifices : je regarde de loin en baillant, tout en trouvant ça très impressionnant. A ce stade de fatigue (début du concert à deux heures du mat', heure portugaise, soit trois heures en France), je ne suis plus en état de rien, surtout après avoir maté autant de concerts différents en si peu de temps. C'est l'inconvénient de ce festival : il incite au zapping sans proposer grand-chose d'autre que des stands où dépenser son fric. Ah si, il y a un stand de maquillage et un autre pour faire des colliers de fleurs, avec une queue interminable pour chacun. Même pas une chapelle avec un faux Elvis pour célébrer des mariages. On est loin de la convivialité potache du TINALS. D'autant que tout est sponsorisé, vu que ça devient le modèle économique dominant avec la disparition des subventions publiques. Tout ça tient bien la route, ça permet de voir un maximum d'artistes moyennant un forfait pas exorbitant, mais à mon âge, on n'a plus toujours assez d'énergie pour enchaîner autant de concerts. Et finalement, j'ai du mal à retenir un concert qui m'aurait particulièrement marqué dans cette journée. Est-ce dû à une programmation moins attrayante ou au format du festival ? Difficile à dire à ce stade. Nous terminons ma journée dans une navette payante bien remplie mais régulière et rapide, pendant qu'au même moment, ceux de mes potes qui ont choisi Nîmes se galèrent dans des navettes gratuites mais très aléatoires. Vous avez dit modèle économique ?
Sympa 14/20 | par Myfriendgoo |
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