This Is Not A Love Song
Nîmes [Paloma] - vendredi 03 juin 2016 |
Bienvenue dans le meilleur festival rock de France : le plus humain, le mieux programmé, le meilleur rapport qualité-prix. Avec ses quatre scènes, deux en plein air et deux à l'intérieur de la SMAC (salle de musiques actuelles) Paloma, c'est également le festival des dilemmes, et particulièrement cette année. En même temps, avec plusieurs scènes, plus la programmation est excitante, plus les dilemmes sont nombreux, dirait ce bon vieux Lapalisse. L'an dernier, les programmateurs avaient eu le bon goût de déplacer au dernier moment Swans, qui étaient prévus en même temps que Thurston Moore, mais en provoquant une certaine confusion, et en les collant en même temps que la révélation post-punk Ought. En dehors de ce crève-cœur, mon plus gros dilemme de l'édition 2015 avait été de sacrifier Torche pour revoir Interpol et ses chansons magiques. Pas dramatique non plus.
En ce premier jour de l'édition 2016, ça commence très fort question dilemmes : Car Seat Headrest contre Ty Segall, soit les deux artistes que j'attendais le plus, qui jouent quasiment en même temps, chacun à un bout du site : j'ai théoriquement droit à un petit quart d'heure de Ty sur la grande scène extérieure avant de foncer au Club pour revoir Will Toledo et ses potos de Seattle pour la deuxième fois de la semaine. Je prends finalement une décision drastique : pas de Ty Segall du tout, je reste sur son inoubliable prestation à la Villette sonique quelques jours plus tôt.
Premier des rares couacs de ce week-end, un bug informatique provoque un embouteillage à l'ouverture des portes du festival, programmée seulement trente minutes avant le début du premier concert, celui de Daddy Long Legs. Dommage pour eux. Récupérer sa carte Cashless est en revanche très simple quand on a pris la précaution de la remplir de chez soi, ce qui me permet d'arriver dans la grande salle devant Dilly Dally une pinte à la main. J'aborde ce concert avec circonspection, moyennement convaincu par l'album, pas désagréable mais cumulant pas mal de clichés grunge, au premier rang desquels un chant poussant à l'extrême les tics de Kurt Cobain (ou ceux de Courtney Love, je ne sais plus bien), genre bébé qui braille. Je finis par me laisser embarquer par l'énergie et la sensibilité de ces compos teintées de Pixies voire de Radiohead et enrobées de guitares bien grasses. Cette chanteuse est attachante, malgré un jeu de scène aussi forcé que son chant et les borborygmes incompréhensibles qu'elle marmonne entre les morceaux, et ses musiciens accompagnent le mouvement avec énergie et efficacité. Un bon tour de chauffe avant LE concert...
Le début de la prestation de Car Seat Headrest est déroutant, très lent, avec un morceau que je ne reconnais pas, mais dont la montée fait progressivement taire les discussions des badauds venus jeter un œil à la sensation du moment : Matador a même décrété un blackout presse pour les préserver des énièmes questions sur le nom du groupe ou sur le pilonnage du pressage de leur dernier album Teens of Denial pour cause de conflit de droits d'auteur avec Ric Ocasek des Cars. Après ce tour de chauffe, les tueries de ce fameux dernier album s'enchaînent : "Fill in the Blank", "Vincent", "Destroyed by Hippie Powers", et le même final ultra-puissant qu'à l'Espace B trois jours plus tôt : "Connect the Dots" avec de vrais morceaux de "Gloria" (le tube des Them, pas le lait concentré). La différence, ce sont les conditions : Will Toledo a apprécié l'accueil (notamment le catering, nous lâche-t-il entre deux morceaux), il semble beaucoup plus à l'aise qu'à l'Espace B, et c'est tout le groupe qui est tiré vers le haut. Stephen Malkmus et Frank Black peuvent se réjouir, la relève arrive. Vivement la prochaine tournée.
Que faire après un tel concert ? Rentrer à l'appartement et réécouter les treize albums en boucle ? Aller jeter un œil au post-Bowie barré de Destroyer ? Heureusement, les Mistery Lights sont là - enfin, sur la petite scène extérieure - pour me faire redescendre sur terre. Un bon groupe de blues-rock-psyché dans la lignée des 13th Floor Elevators, énergique, efficace, classique, mélodique. À revoir dans d'autres circonstances, probablement. J'en aurai au moins profité pour manger le sandwich jambon-cheddar que je me suis préparé dans l'après-midi pour éviter les files d'attente aux food trucks. Cela étant dit, le burger-frites-guacamole de McNulty a l'air particulièrement appétissant (oui, ça balance sur XSilence).
À peine le temps de souffler qu'il faut déjà se diriger vers la grande scène où le concert d'Explosions in the Sky va débuter. Bien que n'étant pas très fan de rock instrumental, j'ai un faible pour ces américains qui savent faire monter la sauce à partir d'ingrédients assez classiques : trois guitares alternant arpèges délicats et blitzkrieg shoegaze, et une rythmique basse-batterie puissante malgré la lenteur des tempos. Il me faut un peu de temps pour rentrer vraiment dedans: la succession des concerts s'ajoute aux onze heures de bus Macron de la nuit précédente, qui ont pallié l'annulation de mon IDTGV pour cause de grève. Mais dès qu'arrivent les vieux morceaux, plus nuancés, mieux construits, je change de dimension, transporté par cette drogue puissante que peut être la musique. Surtout combinée à la fatigue.
Et cette dernière va prendre le dessus pendant le concert de Yak. Je suis debout dans la fosse de la grande salle, à demi-conscient de ce qui se passe autour de moi : un trio rock incroyablement énergique galvanise une foule agitée. J'ouvre les yeux et réalise que le chanteur-guitariste a sauté dans la foule et est en train de slammer. Tout ça m'a l'air très prometteur, il faudra que je retourne voir ce groupe un jour...
Je ressors pour prendre un peu d'air frais, jette un oeil au merch', qui propose essentiellement des vinyles, une demi-oreille au concert de Foals sur la grande scène, qui propose essentiellement du gros rock de stade bien dansant, puis je rentre et vais m'installer au balcon de la grande salle pour commencer ce live report et piquer un roupillon en attendant le bouquet final : Battles. Je les entends vaguement faire leur balance, puis faire leur concert : leur musique instrumentale, groovy et très technique m'évoque une version math-rock de Talking Heads, mais mes absences m'empêchent de me concentrer vraiment.
D'autant qu'il reste une dernière épreuve : la navette, principal point noir de ce festival. Une seule navette en rotation vers le centre-ville, l'autre dessert le camping, nouveauté de cette édition. Résultat, une demi-heure d'attente, et une bonne grosse foire d'empoigne pour s'entasser à l'intérieur. Une première journée épuisante, mais après une bonne nuit de sommeil, ça devrait mieux se passer...
En ce premier jour de l'édition 2016, ça commence très fort question dilemmes : Car Seat Headrest contre Ty Segall, soit les deux artistes que j'attendais le plus, qui jouent quasiment en même temps, chacun à un bout du site : j'ai théoriquement droit à un petit quart d'heure de Ty sur la grande scène extérieure avant de foncer au Club pour revoir Will Toledo et ses potos de Seattle pour la deuxième fois de la semaine. Je prends finalement une décision drastique : pas de Ty Segall du tout, je reste sur son inoubliable prestation à la Villette sonique quelques jours plus tôt.
Premier des rares couacs de ce week-end, un bug informatique provoque un embouteillage à l'ouverture des portes du festival, programmée seulement trente minutes avant le début du premier concert, celui de Daddy Long Legs. Dommage pour eux. Récupérer sa carte Cashless est en revanche très simple quand on a pris la précaution de la remplir de chez soi, ce qui me permet d'arriver dans la grande salle devant Dilly Dally une pinte à la main. J'aborde ce concert avec circonspection, moyennement convaincu par l'album, pas désagréable mais cumulant pas mal de clichés grunge, au premier rang desquels un chant poussant à l'extrême les tics de Kurt Cobain (ou ceux de Courtney Love, je ne sais plus bien), genre bébé qui braille. Je finis par me laisser embarquer par l'énergie et la sensibilité de ces compos teintées de Pixies voire de Radiohead et enrobées de guitares bien grasses. Cette chanteuse est attachante, malgré un jeu de scène aussi forcé que son chant et les borborygmes incompréhensibles qu'elle marmonne entre les morceaux, et ses musiciens accompagnent le mouvement avec énergie et efficacité. Un bon tour de chauffe avant LE concert...
Le début de la prestation de Car Seat Headrest est déroutant, très lent, avec un morceau que je ne reconnais pas, mais dont la montée fait progressivement taire les discussions des badauds venus jeter un œil à la sensation du moment : Matador a même décrété un blackout presse pour les préserver des énièmes questions sur le nom du groupe ou sur le pilonnage du pressage de leur dernier album Teens of Denial pour cause de conflit de droits d'auteur avec Ric Ocasek des Cars. Après ce tour de chauffe, les tueries de ce fameux dernier album s'enchaînent : "Fill in the Blank", "Vincent", "Destroyed by Hippie Powers", et le même final ultra-puissant qu'à l'Espace B trois jours plus tôt : "Connect the Dots" avec de vrais morceaux de "Gloria" (le tube des Them, pas le lait concentré). La différence, ce sont les conditions : Will Toledo a apprécié l'accueil (notamment le catering, nous lâche-t-il entre deux morceaux), il semble beaucoup plus à l'aise qu'à l'Espace B, et c'est tout le groupe qui est tiré vers le haut. Stephen Malkmus et Frank Black peuvent se réjouir, la relève arrive. Vivement la prochaine tournée.
Que faire après un tel concert ? Rentrer à l'appartement et réécouter les treize albums en boucle ? Aller jeter un œil au post-Bowie barré de Destroyer ? Heureusement, les Mistery Lights sont là - enfin, sur la petite scène extérieure - pour me faire redescendre sur terre. Un bon groupe de blues-rock-psyché dans la lignée des 13th Floor Elevators, énergique, efficace, classique, mélodique. À revoir dans d'autres circonstances, probablement. J'en aurai au moins profité pour manger le sandwich jambon-cheddar que je me suis préparé dans l'après-midi pour éviter les files d'attente aux food trucks. Cela étant dit, le burger-frites-guacamole de McNulty a l'air particulièrement appétissant (oui, ça balance sur XSilence).
À peine le temps de souffler qu'il faut déjà se diriger vers la grande scène où le concert d'Explosions in the Sky va débuter. Bien que n'étant pas très fan de rock instrumental, j'ai un faible pour ces américains qui savent faire monter la sauce à partir d'ingrédients assez classiques : trois guitares alternant arpèges délicats et blitzkrieg shoegaze, et une rythmique basse-batterie puissante malgré la lenteur des tempos. Il me faut un peu de temps pour rentrer vraiment dedans: la succession des concerts s'ajoute aux onze heures de bus Macron de la nuit précédente, qui ont pallié l'annulation de mon IDTGV pour cause de grève. Mais dès qu'arrivent les vieux morceaux, plus nuancés, mieux construits, je change de dimension, transporté par cette drogue puissante que peut être la musique. Surtout combinée à la fatigue.
Et cette dernière va prendre le dessus pendant le concert de Yak. Je suis debout dans la fosse de la grande salle, à demi-conscient de ce qui se passe autour de moi : un trio rock incroyablement énergique galvanise une foule agitée. J'ouvre les yeux et réalise que le chanteur-guitariste a sauté dans la foule et est en train de slammer. Tout ça m'a l'air très prometteur, il faudra que je retourne voir ce groupe un jour...
Je ressors pour prendre un peu d'air frais, jette un oeil au merch', qui propose essentiellement des vinyles, une demi-oreille au concert de Foals sur la grande scène, qui propose essentiellement du gros rock de stade bien dansant, puis je rentre et vais m'installer au balcon de la grande salle pour commencer ce live report et piquer un roupillon en attendant le bouquet final : Battles. Je les entends vaguement faire leur balance, puis faire leur concert : leur musique instrumentale, groovy et très technique m'évoque une version math-rock de Talking Heads, mais mes absences m'empêchent de me concentrer vraiment.
D'autant qu'il reste une dernière épreuve : la navette, principal point noir de ce festival. Une seule navette en rotation vers le centre-ville, l'autre dessert le camping, nouveauté de cette édition. Résultat, une demi-heure d'attente, et une bonne grosse foire d'empoigne pour s'entasser à l'intérieur. Une première journée épuisante, mais après une bonne nuit de sommeil, ça devrait mieux se passer...
Excellent ! 18/20 | par Myfriendgoo |
Photo : François Medaerts
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