Girls Against Boys
Paris [La Maroquinerie] - mercredi 21 février 2007 |
Comment célébrer son quart de siècle d'existence en musique ? En se goinfrant les oreilles, cela va sans dire. Oui mais sous quel format ? CDs ? Vinyls ? DvD ? Le mieux pour un fainéant de mon espèce, c'est encore de choisir l'option concert histoire de ne pas rester avachi à la maison pour fêter cette prise de bouteille, le live étant la seule alternative musicale qui impose le volume et dégourdie les jambes. Bien, mais quel concert ? A en consulter quelques pages Internet (et merci cher collègue X_Cosmonaut), cela s'impose comme une évidence et un coup du sort élévateur : Girls Against Boys, LE groupe qui a moulé la musique noise au début des nineties dans son plus prestigieux écrin, passe sans raison apparente à la Maroquinerie dans très peu de temps (ni disque, ni sortie, ni promo !?!) ... Une force supérieure aurait-elle voulue me faire un cadeau... ? Il est sûr que non, mais en tout cas le hasard fait, comme on dit, bien les choses. Ce sera donc le 21 février.
Direction Paname après une journée de labeur habituelle et quelques semaines d'inactivité physique. Deux mois que je n'ai pas pris le train pour la capitale, et je ne le prends plus assez pour ne pas le trouver désagréable quand on l'associe à l'effort musculaire et respiratoire de la marche. Le trajet est plutôt long, les vibrations et secousses du trajet corrompent mon transit intestinal, et le lecteur mp3 en ma possession semble ne pas être content. Comme quoi la technologie a également ses faiblesses... Le voyage n'aura été qu'assoupissant à défaut d'être chiant, le souffle court, ne motivant guère pour parcourir la capitale.
La borne passée, c'est maintenant le métro qu'il faut endurer pour un petit bout de temps. C'est le retour de flamme de l'heure de pointe et beaucoup de gens s'entassent sur les quais, ne me laissant nul autre choix une fois à bord que de m'accrocher au loquet de la porte pendant toute la montée de stations. Prisonnier sans plus aucune liberté de mouvement. Puis c'est une bouffée de chaleur et des sueurs froides qui montent. Cela m'est déjà arrivé : un symptôme agoraphobe. Un vertige me prend l'espace d'un instant puis je me résous à supporter cet inconfort jusqu'à ma descente du wagon. ‘Affrontes la présence des gens et ça ira mieux. Regardes-les, écoutes-les'. Tout en reprenant des couleurs, j'apprends alors au détour d'une correspondance que Britney Spears s'est rasée la tête et que Sarko emporterait son combat de coq contre Ségo. Je me dis qu'il serait temps que je rallume la télé histoire de m'informer de choses aussi intéressantes, ou ne serait-ce que pour savoir ce qu'est devenu la jeune chaîne culturelle M6 et si Jacques Chancel présente toujours Le Grand Echiquier.
La marche est longue jusqu'à la sortie du tunnel et d'un geste automatique je porte bêtement à ma bouche une cigarette d'un paquet que j'avais acheté sans réfléchir. Par vice ou par bassesse... La nicotine refreine néanmoins un peu la tension accumulée dans ce Paris ferroviaire puis souterrain. Le temps de reprendre mes esprits je m'aperçois que je ne suis strictement pas sur la bonne voie pour atteindre la rue Boyer. La confirmation d'une passante bavarde mais bien intentionnée me fait faire machine arrière, l'automatisme absurde du tabac m'avait fait prendre un chemin tout aussi absurde... Il faut dire que je ne passe pas par la place Gambetta d'habitude, j'avais choisis plus court et surtout plus plat, car pour ceux qui pratiquent l'Avenue de Ménilmontant il est incontestable qu'à moins d'avoir déjà gagné le maillot à pois personne n'en a jamais été friand. Bref : Gambetta, Bidassoa, Boyer. L'apparition du fanion de la salle et de sa tribu compressée de mélomanes à l'horizon me laisse perplexe quant à ma forme physique : La fatigue se fait déjà sentir et les nerfs sont bien sollicités, vais-je tenir dans cette étroite pièce obscure et grondante, pleine à craquer de chaleur et d'excitation ? Je ne parviens pas à trouver mon second souffle, je m'essais de nouveau à la nicotine qui ne fera pas grand-chose de plus, la tête trop nébuleuse et le cerveau trop vide. J'aurais au moins de quoi remplir et garder un maximum de souvenirs de cette soirée. Note pour plus tard : ‘Il serait temps d'arrêter la clope (as-tu seulement commencé ?) et de se mettre au sport mon garçon, parce que là t'es ridicule...'
Après un long moment de répit et les premières minutes de la première partie laissées aux plus curieux, j'intègres La Maroquinerie avec un tampon rouge sur la main, me laissant comprendre que la salle s'est restreinte à la loi anti-tabac, voilà qui va de paire avec mes intentions et me rassure par rapport à l'hypothétique atmosphère intenable. Les semelles passant les marches puis le seuil de la salle, toute fatigue maladive et agoraphobie hypocondriaque s'expulsent de mon corps instantanément au premier assaut sonique s'assénant à mes tympans. Simple mais il fallait y penser : pour se sentir mieux, il suffisait de faire le plein de rock...
C'est à The Ponys que l'on doit le petit échauffement auditif. Un quatuor noise-pop de Chicago méconnu s'apprêtant à sortir son troisième album (dont un avec Albini aux commandes) dans un mois tout juste, sur Matador. Un chanteur/guitariste/clavier filiforme dans la grande tradition de Thurston Moore, un second guitariste bougeant dans tous les sens en jouant 3 notes, une bassiste oscillant du bassin comme un métronome, un batteur bestial : le groupe sait ce qu'il fait et son rock est plus qu'efficace, il a un goût alternatif savoureux. Et d'autant plus appréciable que cet interdiction de fumer rend le lieu beaucoup plus vivable pour tous : pas de fumée, davantage de rentrée-sortie du public et donc plus de place ; que du son. Comme souvent avec les premières parties, on peut ressentir l'impatience du public par la tranquillité et les maigres applaudissements, mais ceci dit la formation n'a de cesse d'élever le nombre de frappements de mains à mesure que leur petit set se dévoile. Cela ira même jusqu'à ce que quelques personnes réagissent dès les premiers coups de médiator de leur outtake "I Wanna Fuck You", ce que l'on pourrait justifier par la ‘culture myspace' et les titres de chansons pour obsédés sexuels. Les gens n'iront pas jusqu'à réclamer un rappel mais les quatre quitte la scène en ayant convaincu la plupart.
Le changement de plateau (La batterie pour le plus gros) se fait relativement vite et de manière plus intéressante qu'à l'accoutumée puisque chacun des membres du groupe à venir s'occupe personnellement de son matos, et ne se cache pas à la foule comme deux mariés avant la cérémonie. Ils s'en excuseront en mentionnant la veille à Bucarest, mais nous étions loin de leur en tenir rigueur. Un sound check pendant lequel on reconnaît des riffs de chansons pour dire bonjour et un court retour en coulisse, puis lights baissent et les new-yorkais s'installent chaleureusement à leurs postes. Ils peaufinent les derniers réglages avant d'ouvrir le bal...
Cela n'aura échappé à personne, ni à Scott McCloud lui-même lorsqu'il s'accroche au micro pour débuter officiellement le gig : ‘Five Years !' Cinq ans que le groupe n'avait pas joué dans notre pays, soit depuis la sortie du dernier en date, You Can't Fight What You Can't See en 2002. Toujours pas de nouveau disque en vue, il n'en sera même pas question ce soir, ils ne sont pas là pour nous vendre leur lessive mais bien partager leur art du bruit avec ce petit rassemblement français.
L'une des basses hoquette des LAs, la guitare ouvre des harmoniques, la batterie tricote une montée en puissance, et tout le monde reconnaît "In Like Flynn" et les ‘Woo' ne lâcheront plus un début ou une fin de morceau : la machine est lancée. Le titre, très apprécié des connaisseurs, a toujours été un bon représentant du son du groupe. Le public se noue et la salle a l'air tout à coup plus étriquée ; les têtes se mettent à bouger frénétiquement. McCloud danse autour de son pied de micro et va le chercher à chaque bribe de ce chant au charisme diamétralement opposé à sa tessiture. Le batteur rentre dans le lard par des mouvements appuyés, on sent d'ores et déjà la puissance du bûcheron et la technique du tisserand. Les deux bassistes resteront concentrés un peu plus longtemps avant de lâcher du leste et commencer à transpirer. Les premiers hurlements de satisfaction explosent après les derniers mots du morceau, ‘Best and nothin'...' et "Go Be Delighted" ne tarde pas à dérouler sa contraction, et laisse Eli Janney s'échauffer à son tour les cordes vocales au dessus du clavier sur le fameux refrain entêtant. On fait déjà le rapprochement entre les deux morceaux, duo de tête de Venus Luxure N°1 Baby, et on se rappelle qu'ils avaient joué l'album entier lors de l'anniversaire du label Touch & Go en septembre dernier. Pour un événement aussi mystique et exceptionnel que cette mini-tournée de six dates européennes sortie de nulle part, on s'attend à n'importe quoi, même à ce que le show dure trois heures et qu'on loupe tous le dernier métro... Qui en serait mécontent ?
Ce n'est pas VLN1B dans son intégralité mais bien une setlist ordinaire, si ce n'est que chaque morceaux joué est une tuerie que tous les passionnés connaissent. Et c'est l'une des plus immédiates qui cueille le public de son tempo plus rapide : "Crash 17". Celle-ci, qui a désormais plus de 10 ans d'âge déjà, a définitivement tracée un chemin arpenté mille fois depuis le renouveau indie des années 2000. La tension monte d'un cran, c'est palpable au travers de cette mélodie à la fois dansante et oppressante, et se voit adroitement doublée à l'apparition du MI solennel de "Kill The Sexplayer". Autre classique dont la source a été maintes fois puisée. GvsB nous montre qu'il n'a pas besoin de garder ses singles en réserve pour tenir son auditoire en haleine, ici là pression ne fera que monter. C'est lors de ce quatrième morceau, joué plus lentement que sur Cruise Yourself et donc forcément plus pesant, que l'on conçoit totalement le jeu des deux basses. Les différentes textures de saturations, les harmonies, le parallèle avec le clavier... Mais c'est surtout les vibrations physiques qu'elles imposent, chose inconcevable sur disque. Les basses (et surtout celle de Janney) sont ici des guitares pas comme les autres, parmi lesquelles McCloud n'a qu'à infiltrer l'élément aigue. Je me rends graduellement compte que je fais partie des témoins privilégiés d'une démonstration magistrale de noise. Une démonstration qui n'oublie pas le fond dans la forme...
McCloud se plie sous les ‘Meurci bowcou' entre tous les titres, ravis et sans fausse pudeur, puis annonce "Don't Got A Place", un titre qui n'a jamais été en avant mais qui remporte tous les suffrages. C'est aussi ça le talent de Girls Against Boys, cette capacité à faire quelque chose d'intelligent et accessible à la fois, sans être renié par qui que ce soit. Un équilibre rock parfait entre noise bien présente et pop ténébreuse. "Basstation" le confirme aussitôt, le groupe peut tremper dans tout en un seul morceau sans faute de goût, à ceci près que la fièvre du live amplifie les contrastes du titre. Une intro rock au tempo disco dynamique et les corps se tordent, un couplet noise brumeux et les yeux se figent, un refrain lumineux et des chants à l'unisson apparaissent... et on recommence. Le hit hypnotisant "Disco 666" et son clavier assène le coup de grâce bien musclé de cette première partie de set, créant un mouvement de foule dans la fosse et autour. Passant la quasi-totalité du concert sur la mezzanine face à la scène, le dos au mur mais une visibilité plutôt bonne, voilà que des membres de l'assistance s'empressent de quitter leurs postes et m'offrent une vue parfaitement dégagée (ce qui n'arrive pas tous les soirs dans cette salle) pour l'interlude énigmatique que constitue "Satin Down". Seules quelques personnes viendront de temps à autres tâter l'espace vacant accoudées à la rambarde, mais n'étant que des jeunes filles aux humeurs fraîches, leurs dos fragiles et leurs parfums délicats ne seront pas un calvaire, l'ouïe ayant tout de même priorité sur tout autre sens. Pendant ce titre lent, j'ai l'impression de me reposer, et que le groupe recharge tout en tendant l'élastique.
Quand la telecaster de McCloud sort l'arpège haletant de "Bullet Proof Cupid", l'élastique lâche et propulse sa déferlante sonore. Le public sent bien qu'il s'est vu porter plus haut encore. Je me sens, comme tous, étreint par un rock sans concession, dont l'impression enfle avec un Janney en profitant pour cracher quelques syllabes dans son micro. "Cruise Your New Baby Fly Self", son riff sautillant et teigneux, me fait l'effet d'un classique discret mais incontournable. Cela me fait plaisir d'arriver à mettre un nom sur un tel morceau. Je me dis que cela faisait bien longtemps que je n'avais pas assisté à un concert auquel rien ne m'est inconnu, où je pouvais me satisfaire de chacune des notes jouée. Comme la sensation que, si j'avais été bon, j'aurais pu remplacer un des membres s'il avait été souffrant... Surtout accrue par le travail de Alexis Fleisig (le plus spectaculaire de tous) tant je guettais les variations de fills à la fin des mesures ou aux intros. Ceci dit cela aurait été bien dommage, Fleisig étant tout autant impressionnant en live qu'en studio, si ce n'est plus. Forcené, intelligent et méticuleux, le trio gagnant aux fûts.
Lorsque le leader annonce d'une dyslexie exagérée une version blindée du déjà brutal "The Kindda Mzk You Like", la foule s'égosille un bon coup, j'en ai pour ma part le souffle coupé. Le morceau à la ligne destructrice enfonce le clou, son refrain résumant leur habileté à exploser dans un son simultanément crade et jouissif. Le groupe rebondit ensuite sur House Of The GvsB avec l'oublié "Wilmington". Un titre discret parmi la discographie du groupe, au thème rock ordinaire mais au refrain enivrant et au court interlude qui en ce lieu nous gifle. Le doute plane à la fin du morceau comme l'heure commence à s'avancer, le jugeant moi-même par les cervicales endolories : Vont-ils la faire ou... Et je n'ai pas le temps de finir l'émission mentale de cette interrogation que le glas de "Super-Fire" soulève la salle entière. La tuerie de l'album de 1996 expose tellement l'enthousiasme du public que le groupe en est lui-même déstabilisé dans son exécution, les sonorités dégueulasses prenant le dessus durant un instant. En balayant mon regard d'un côté et de l'autre, j'aperçois les gens heureux de cette manifestation new-yorkaise, les membres à bout mais fermes devant leurs admirateurs, Johnny Temple serein et efficace comme il l'a été depuis le début... Il ne manque que les ampoules électriques et les lunettes de natation pour fusionner...
L'ardent et basique "Let Me Come Back" sonne les adieux, tout le monde simule ces spasmes musicaux une dernière fois sur cet autre classique chevronné. La lumière accrochée au dessus de la sortie se met à vaciller, McCloud s'emploi à deux/trois courbettes et le groupe prend congé, mais la lumière reste éteinte. On sait bien ce que ça veut dire, et il n'y aura pas à insister longtemps pour qu'ils réintègrent leurs places.
Les larsens et le sustain des cymbales gravitent autour du public en guise de suspens, puis les coups dispersés sur la peau de frappe de la caisse claire font la lumière sur ce premier titre du rappel : "Rockets Are Red". Le titre à l'origine bien lourd est encore plus massif. Le public hâté il y a encore 2 minutes par le rythme frénétique de "Let Me Come Back" se voit ainsi plus sensible à la corpulence de ce rappel, agrémenté de délicieux déluges bruitistes. McCloud aura le temps de trahir un peu l'éventail de ses capacités dans la langue de Molière avant de lancer un "Cash Machine" carré pour la route et de retourner en coulisse. L'au revoir semble être convaincant.
Les portes s'ouvrent et une poignée de têtes s'éclipsent. ‘Peut être encore un peu trop tôt' me dis-je : Les lumières ne se sont toujours pas rallumées. Le groupe reprends une nouvelle fois place avec son restant d'énergie, trempé de sueur et visiblement bien rincé de ces 6 soirs en Europe (Milan, Turin, Vérone, Skopje, Bucarest et donc Paris). Et là où l'on pouvait avec conviction soupçonner la salle entière de s'attendre à un omniprésent "Tucked-In", McCloud laisse échapper une paire d'accords fin et clairs plongeant la salle et mes connaissances dans le vague. Le silence se fait, contrairement à tout ce qu'on a pu entendre je pressens l'incertitude des autres auditeurs : ‘Est-ce une nouvelle chanson ? Ou une reprise ?' Parce qu'elle me dis vaguement quelque chose... La lumière se fera petit à petit dans mon esprit, il s'agit d'un morceau remodelé de Nineties Vs Eighties, nommé "Kitty-yo". Quoi de mieux qu'une rareté langoureuse pour achever la soirée et le public, et lier cette boucle le plus logiquement qui soit. Car on peut subodorer la réflexion mathématique de ces fins savants noise à regarder de plus près la chronologie symétrique du nombre de chansons par albums : 1, 6, 3, 6, 1. Hasard ou réalité scientifique ? Quoi qu'il en soit je me dis que je ne devrais pas chercher trop loin si je ne veux pas finir en compagnon de chambrée de Raymond Babbitt, et me dirige gentiment vers la sortie à la suite d'un ultime coup d'oeil au matos du groupe...
Le concert de ma vie ? Bien qu'on ne puisse jamais vraiment répondre à cette question, c'est incontestablement le concert de mon quart de siècle. Les vingt-cinq années à venir sont merveilleusement bien parties, Girls Against Boys m'ayant définitivement et explicitement expliqué à l'instant qu'il était un marginal indéracinable du rock, et que son art m'était toujours source de plaisir.
La redescente de la capitale sera sur les rotules mais plus agréable, moins de gens sur les rails et réveillé par la résonance temporelle de cette dernière heure et demie, avec des bribes de paroles et de rythmes dans la tête en guise de walkman imaginaire (‘Your in like flynn, allright !').
Arrivé à la gare SNCF, un peu d'air frais de cette nuit d'hiver s'impose au pied de la tour pour rincer le parcours métropolitain. Devant la seule sortie encore ouverte, un trio d'uniformes bleus cause boulot, il semble y avoir quelques bonnes anecdotes à raconter, or n'étant pas ‘de la maison' je n'y comprends pas grand-chose. Il n'y a pas beaucoup plus de monde à l'extérieur, mais un vieil SDF s'approche lentement avec une formule de politesse maladroite cachant le désespoir de parler à quelqu'un pour y trouver un reste d'humanité : ‘Vous n'auriez pas une cigarette ?'. Je m'aperçois que j'en ai déjà une aux lèvres, me dis que ce paquet aura au moins fait plaisir à quelqu'un, et c'est le moins qu'on puisse faire pour un homme qui dans ses meilleurs jours doit certainement camper sur le canal St-Martin. La glace rompue et la jeunesse découverte sur mon visage, il s'empresse de lancer une discussion :
- 'Alors, vous vous êtes fait enculer par Sarkozy ?'
- 'Je crois bien que non, je l'aurais quand même senti passer...'
(bide)
- 'Ce fils de pute et cette salope, ils vous ont tout volé à vous les jeunes ! Tenez, vous avez de la monnaie sur vous ?'
Je conçois cette mendicité subtile mais ne retrouve pas dans mes poches les deux seules pièces de 50 centimes qui devait me rester.
- 'Et bien non'.
- 'Voyez ! Ils vous ont tous prit... Le budget... (charabia) ... L'armée ... (inaudible) ... ça fait 12000 euros ... (marmonne dans sa barbe) ... couic ! ... (onomatopée aux relents de vin rouge) ... Moi j'ai tout simplement envie de les tuer ces deux-là, égorger cet homme et cette femme...
- 'On verra bien où nous mène ce combat de coq' tentais-je, en rajoutant de façon subliminale ‘ Je vais louper mon train...'
A cet instant se dessine dans ma tête un étourdissement s'étalant sur quelques secondes à peine, à la manière d'une impression de déjà-vu, au moment où cet homme jette une réplique finale dont moi seul ai conscience du parallèle :
-'Allez-y monsieur. Et ouai, un combat de coq, un homme contre une femme qui vont tout vous prendre...'
Un dernier regard levé sur cette tour dominant Paris avant de me mettre debout. Et tandis que je gagne le dernier train de 0h30 je me dis que cet homme et cette femme 'qui vont tout nous prendre', ces deux guignols reconvertis en intermittents du PAF, s'ils veulent vraiment suivre le modèle américain, feraient bien de prendre exemple sur les new-yorkais de Girls Against Boys, qui eux ce soir 'nous ont tout donné'...
Direction Paname après une journée de labeur habituelle et quelques semaines d'inactivité physique. Deux mois que je n'ai pas pris le train pour la capitale, et je ne le prends plus assez pour ne pas le trouver désagréable quand on l'associe à l'effort musculaire et respiratoire de la marche. Le trajet est plutôt long, les vibrations et secousses du trajet corrompent mon transit intestinal, et le lecteur mp3 en ma possession semble ne pas être content. Comme quoi la technologie a également ses faiblesses... Le voyage n'aura été qu'assoupissant à défaut d'être chiant, le souffle court, ne motivant guère pour parcourir la capitale.
La borne passée, c'est maintenant le métro qu'il faut endurer pour un petit bout de temps. C'est le retour de flamme de l'heure de pointe et beaucoup de gens s'entassent sur les quais, ne me laissant nul autre choix une fois à bord que de m'accrocher au loquet de la porte pendant toute la montée de stations. Prisonnier sans plus aucune liberté de mouvement. Puis c'est une bouffée de chaleur et des sueurs froides qui montent. Cela m'est déjà arrivé : un symptôme agoraphobe. Un vertige me prend l'espace d'un instant puis je me résous à supporter cet inconfort jusqu'à ma descente du wagon. ‘Affrontes la présence des gens et ça ira mieux. Regardes-les, écoutes-les'. Tout en reprenant des couleurs, j'apprends alors au détour d'une correspondance que Britney Spears s'est rasée la tête et que Sarko emporterait son combat de coq contre Ségo. Je me dis qu'il serait temps que je rallume la télé histoire de m'informer de choses aussi intéressantes, ou ne serait-ce que pour savoir ce qu'est devenu la jeune chaîne culturelle M6 et si Jacques Chancel présente toujours Le Grand Echiquier.
La marche est longue jusqu'à la sortie du tunnel et d'un geste automatique je porte bêtement à ma bouche une cigarette d'un paquet que j'avais acheté sans réfléchir. Par vice ou par bassesse... La nicotine refreine néanmoins un peu la tension accumulée dans ce Paris ferroviaire puis souterrain. Le temps de reprendre mes esprits je m'aperçois que je ne suis strictement pas sur la bonne voie pour atteindre la rue Boyer. La confirmation d'une passante bavarde mais bien intentionnée me fait faire machine arrière, l'automatisme absurde du tabac m'avait fait prendre un chemin tout aussi absurde... Il faut dire que je ne passe pas par la place Gambetta d'habitude, j'avais choisis plus court et surtout plus plat, car pour ceux qui pratiquent l'Avenue de Ménilmontant il est incontestable qu'à moins d'avoir déjà gagné le maillot à pois personne n'en a jamais été friand. Bref : Gambetta, Bidassoa, Boyer. L'apparition du fanion de la salle et de sa tribu compressée de mélomanes à l'horizon me laisse perplexe quant à ma forme physique : La fatigue se fait déjà sentir et les nerfs sont bien sollicités, vais-je tenir dans cette étroite pièce obscure et grondante, pleine à craquer de chaleur et d'excitation ? Je ne parviens pas à trouver mon second souffle, je m'essais de nouveau à la nicotine qui ne fera pas grand-chose de plus, la tête trop nébuleuse et le cerveau trop vide. J'aurais au moins de quoi remplir et garder un maximum de souvenirs de cette soirée. Note pour plus tard : ‘Il serait temps d'arrêter la clope (as-tu seulement commencé ?) et de se mettre au sport mon garçon, parce que là t'es ridicule...'
Après un long moment de répit et les premières minutes de la première partie laissées aux plus curieux, j'intègres La Maroquinerie avec un tampon rouge sur la main, me laissant comprendre que la salle s'est restreinte à la loi anti-tabac, voilà qui va de paire avec mes intentions et me rassure par rapport à l'hypothétique atmosphère intenable. Les semelles passant les marches puis le seuil de la salle, toute fatigue maladive et agoraphobie hypocondriaque s'expulsent de mon corps instantanément au premier assaut sonique s'assénant à mes tympans. Simple mais il fallait y penser : pour se sentir mieux, il suffisait de faire le plein de rock...
C'est à The Ponys que l'on doit le petit échauffement auditif. Un quatuor noise-pop de Chicago méconnu s'apprêtant à sortir son troisième album (dont un avec Albini aux commandes) dans un mois tout juste, sur Matador. Un chanteur/guitariste/clavier filiforme dans la grande tradition de Thurston Moore, un second guitariste bougeant dans tous les sens en jouant 3 notes, une bassiste oscillant du bassin comme un métronome, un batteur bestial : le groupe sait ce qu'il fait et son rock est plus qu'efficace, il a un goût alternatif savoureux. Et d'autant plus appréciable que cet interdiction de fumer rend le lieu beaucoup plus vivable pour tous : pas de fumée, davantage de rentrée-sortie du public et donc plus de place ; que du son. Comme souvent avec les premières parties, on peut ressentir l'impatience du public par la tranquillité et les maigres applaudissements, mais ceci dit la formation n'a de cesse d'élever le nombre de frappements de mains à mesure que leur petit set se dévoile. Cela ira même jusqu'à ce que quelques personnes réagissent dès les premiers coups de médiator de leur outtake "I Wanna Fuck You", ce que l'on pourrait justifier par la ‘culture myspace' et les titres de chansons pour obsédés sexuels. Les gens n'iront pas jusqu'à réclamer un rappel mais les quatre quitte la scène en ayant convaincu la plupart.
Le changement de plateau (La batterie pour le plus gros) se fait relativement vite et de manière plus intéressante qu'à l'accoutumée puisque chacun des membres du groupe à venir s'occupe personnellement de son matos, et ne se cache pas à la foule comme deux mariés avant la cérémonie. Ils s'en excuseront en mentionnant la veille à Bucarest, mais nous étions loin de leur en tenir rigueur. Un sound check pendant lequel on reconnaît des riffs de chansons pour dire bonjour et un court retour en coulisse, puis lights baissent et les new-yorkais s'installent chaleureusement à leurs postes. Ils peaufinent les derniers réglages avant d'ouvrir le bal...
Cela n'aura échappé à personne, ni à Scott McCloud lui-même lorsqu'il s'accroche au micro pour débuter officiellement le gig : ‘Five Years !' Cinq ans que le groupe n'avait pas joué dans notre pays, soit depuis la sortie du dernier en date, You Can't Fight What You Can't See en 2002. Toujours pas de nouveau disque en vue, il n'en sera même pas question ce soir, ils ne sont pas là pour nous vendre leur lessive mais bien partager leur art du bruit avec ce petit rassemblement français.
L'une des basses hoquette des LAs, la guitare ouvre des harmoniques, la batterie tricote une montée en puissance, et tout le monde reconnaît "In Like Flynn" et les ‘Woo' ne lâcheront plus un début ou une fin de morceau : la machine est lancée. Le titre, très apprécié des connaisseurs, a toujours été un bon représentant du son du groupe. Le public se noue et la salle a l'air tout à coup plus étriquée ; les têtes se mettent à bouger frénétiquement. McCloud danse autour de son pied de micro et va le chercher à chaque bribe de ce chant au charisme diamétralement opposé à sa tessiture. Le batteur rentre dans le lard par des mouvements appuyés, on sent d'ores et déjà la puissance du bûcheron et la technique du tisserand. Les deux bassistes resteront concentrés un peu plus longtemps avant de lâcher du leste et commencer à transpirer. Les premiers hurlements de satisfaction explosent après les derniers mots du morceau, ‘Best and nothin'...' et "Go Be Delighted" ne tarde pas à dérouler sa contraction, et laisse Eli Janney s'échauffer à son tour les cordes vocales au dessus du clavier sur le fameux refrain entêtant. On fait déjà le rapprochement entre les deux morceaux, duo de tête de Venus Luxure N°1 Baby, et on se rappelle qu'ils avaient joué l'album entier lors de l'anniversaire du label Touch & Go en septembre dernier. Pour un événement aussi mystique et exceptionnel que cette mini-tournée de six dates européennes sortie de nulle part, on s'attend à n'importe quoi, même à ce que le show dure trois heures et qu'on loupe tous le dernier métro... Qui en serait mécontent ?
Ce n'est pas VLN1B dans son intégralité mais bien une setlist ordinaire, si ce n'est que chaque morceaux joué est une tuerie que tous les passionnés connaissent. Et c'est l'une des plus immédiates qui cueille le public de son tempo plus rapide : "Crash 17". Celle-ci, qui a désormais plus de 10 ans d'âge déjà, a définitivement tracée un chemin arpenté mille fois depuis le renouveau indie des années 2000. La tension monte d'un cran, c'est palpable au travers de cette mélodie à la fois dansante et oppressante, et se voit adroitement doublée à l'apparition du MI solennel de "Kill The Sexplayer". Autre classique dont la source a été maintes fois puisée. GvsB nous montre qu'il n'a pas besoin de garder ses singles en réserve pour tenir son auditoire en haleine, ici là pression ne fera que monter. C'est lors de ce quatrième morceau, joué plus lentement que sur Cruise Yourself et donc forcément plus pesant, que l'on conçoit totalement le jeu des deux basses. Les différentes textures de saturations, les harmonies, le parallèle avec le clavier... Mais c'est surtout les vibrations physiques qu'elles imposent, chose inconcevable sur disque. Les basses (et surtout celle de Janney) sont ici des guitares pas comme les autres, parmi lesquelles McCloud n'a qu'à infiltrer l'élément aigue. Je me rends graduellement compte que je fais partie des témoins privilégiés d'une démonstration magistrale de noise. Une démonstration qui n'oublie pas le fond dans la forme...
McCloud se plie sous les ‘Meurci bowcou' entre tous les titres, ravis et sans fausse pudeur, puis annonce "Don't Got A Place", un titre qui n'a jamais été en avant mais qui remporte tous les suffrages. C'est aussi ça le talent de Girls Against Boys, cette capacité à faire quelque chose d'intelligent et accessible à la fois, sans être renié par qui que ce soit. Un équilibre rock parfait entre noise bien présente et pop ténébreuse. "Basstation" le confirme aussitôt, le groupe peut tremper dans tout en un seul morceau sans faute de goût, à ceci près que la fièvre du live amplifie les contrastes du titre. Une intro rock au tempo disco dynamique et les corps se tordent, un couplet noise brumeux et les yeux se figent, un refrain lumineux et des chants à l'unisson apparaissent... et on recommence. Le hit hypnotisant "Disco 666" et son clavier assène le coup de grâce bien musclé de cette première partie de set, créant un mouvement de foule dans la fosse et autour. Passant la quasi-totalité du concert sur la mezzanine face à la scène, le dos au mur mais une visibilité plutôt bonne, voilà que des membres de l'assistance s'empressent de quitter leurs postes et m'offrent une vue parfaitement dégagée (ce qui n'arrive pas tous les soirs dans cette salle) pour l'interlude énigmatique que constitue "Satin Down". Seules quelques personnes viendront de temps à autres tâter l'espace vacant accoudées à la rambarde, mais n'étant que des jeunes filles aux humeurs fraîches, leurs dos fragiles et leurs parfums délicats ne seront pas un calvaire, l'ouïe ayant tout de même priorité sur tout autre sens. Pendant ce titre lent, j'ai l'impression de me reposer, et que le groupe recharge tout en tendant l'élastique.
Quand la telecaster de McCloud sort l'arpège haletant de "Bullet Proof Cupid", l'élastique lâche et propulse sa déferlante sonore. Le public sent bien qu'il s'est vu porter plus haut encore. Je me sens, comme tous, étreint par un rock sans concession, dont l'impression enfle avec un Janney en profitant pour cracher quelques syllabes dans son micro. "Cruise Your New Baby Fly Self", son riff sautillant et teigneux, me fait l'effet d'un classique discret mais incontournable. Cela me fait plaisir d'arriver à mettre un nom sur un tel morceau. Je me dis que cela faisait bien longtemps que je n'avais pas assisté à un concert auquel rien ne m'est inconnu, où je pouvais me satisfaire de chacune des notes jouée. Comme la sensation que, si j'avais été bon, j'aurais pu remplacer un des membres s'il avait été souffrant... Surtout accrue par le travail de Alexis Fleisig (le plus spectaculaire de tous) tant je guettais les variations de fills à la fin des mesures ou aux intros. Ceci dit cela aurait été bien dommage, Fleisig étant tout autant impressionnant en live qu'en studio, si ce n'est plus. Forcené, intelligent et méticuleux, le trio gagnant aux fûts.
Lorsque le leader annonce d'une dyslexie exagérée une version blindée du déjà brutal "The Kindda Mzk You Like", la foule s'égosille un bon coup, j'en ai pour ma part le souffle coupé. Le morceau à la ligne destructrice enfonce le clou, son refrain résumant leur habileté à exploser dans un son simultanément crade et jouissif. Le groupe rebondit ensuite sur House Of The GvsB avec l'oublié "Wilmington". Un titre discret parmi la discographie du groupe, au thème rock ordinaire mais au refrain enivrant et au court interlude qui en ce lieu nous gifle. Le doute plane à la fin du morceau comme l'heure commence à s'avancer, le jugeant moi-même par les cervicales endolories : Vont-ils la faire ou... Et je n'ai pas le temps de finir l'émission mentale de cette interrogation que le glas de "Super-Fire" soulève la salle entière. La tuerie de l'album de 1996 expose tellement l'enthousiasme du public que le groupe en est lui-même déstabilisé dans son exécution, les sonorités dégueulasses prenant le dessus durant un instant. En balayant mon regard d'un côté et de l'autre, j'aperçois les gens heureux de cette manifestation new-yorkaise, les membres à bout mais fermes devant leurs admirateurs, Johnny Temple serein et efficace comme il l'a été depuis le début... Il ne manque que les ampoules électriques et les lunettes de natation pour fusionner...
L'ardent et basique "Let Me Come Back" sonne les adieux, tout le monde simule ces spasmes musicaux une dernière fois sur cet autre classique chevronné. La lumière accrochée au dessus de la sortie se met à vaciller, McCloud s'emploi à deux/trois courbettes et le groupe prend congé, mais la lumière reste éteinte. On sait bien ce que ça veut dire, et il n'y aura pas à insister longtemps pour qu'ils réintègrent leurs places.
Les larsens et le sustain des cymbales gravitent autour du public en guise de suspens, puis les coups dispersés sur la peau de frappe de la caisse claire font la lumière sur ce premier titre du rappel : "Rockets Are Red". Le titre à l'origine bien lourd est encore plus massif. Le public hâté il y a encore 2 minutes par le rythme frénétique de "Let Me Come Back" se voit ainsi plus sensible à la corpulence de ce rappel, agrémenté de délicieux déluges bruitistes. McCloud aura le temps de trahir un peu l'éventail de ses capacités dans la langue de Molière avant de lancer un "Cash Machine" carré pour la route et de retourner en coulisse. L'au revoir semble être convaincant.
Les portes s'ouvrent et une poignée de têtes s'éclipsent. ‘Peut être encore un peu trop tôt' me dis-je : Les lumières ne se sont toujours pas rallumées. Le groupe reprends une nouvelle fois place avec son restant d'énergie, trempé de sueur et visiblement bien rincé de ces 6 soirs en Europe (Milan, Turin, Vérone, Skopje, Bucarest et donc Paris). Et là où l'on pouvait avec conviction soupçonner la salle entière de s'attendre à un omniprésent "Tucked-In", McCloud laisse échapper une paire d'accords fin et clairs plongeant la salle et mes connaissances dans le vague. Le silence se fait, contrairement à tout ce qu'on a pu entendre je pressens l'incertitude des autres auditeurs : ‘Est-ce une nouvelle chanson ? Ou une reprise ?' Parce qu'elle me dis vaguement quelque chose... La lumière se fera petit à petit dans mon esprit, il s'agit d'un morceau remodelé de Nineties Vs Eighties, nommé "Kitty-yo". Quoi de mieux qu'une rareté langoureuse pour achever la soirée et le public, et lier cette boucle le plus logiquement qui soit. Car on peut subodorer la réflexion mathématique de ces fins savants noise à regarder de plus près la chronologie symétrique du nombre de chansons par albums : 1, 6, 3, 6, 1. Hasard ou réalité scientifique ? Quoi qu'il en soit je me dis que je ne devrais pas chercher trop loin si je ne veux pas finir en compagnon de chambrée de Raymond Babbitt, et me dirige gentiment vers la sortie à la suite d'un ultime coup d'oeil au matos du groupe...
Le concert de ma vie ? Bien qu'on ne puisse jamais vraiment répondre à cette question, c'est incontestablement le concert de mon quart de siècle. Les vingt-cinq années à venir sont merveilleusement bien parties, Girls Against Boys m'ayant définitivement et explicitement expliqué à l'instant qu'il était un marginal indéracinable du rock, et que son art m'était toujours source de plaisir.
La redescente de la capitale sera sur les rotules mais plus agréable, moins de gens sur les rails et réveillé par la résonance temporelle de cette dernière heure et demie, avec des bribes de paroles et de rythmes dans la tête en guise de walkman imaginaire (‘Your in like flynn, allright !').
Arrivé à la gare SNCF, un peu d'air frais de cette nuit d'hiver s'impose au pied de la tour pour rincer le parcours métropolitain. Devant la seule sortie encore ouverte, un trio d'uniformes bleus cause boulot, il semble y avoir quelques bonnes anecdotes à raconter, or n'étant pas ‘de la maison' je n'y comprends pas grand-chose. Il n'y a pas beaucoup plus de monde à l'extérieur, mais un vieil SDF s'approche lentement avec une formule de politesse maladroite cachant le désespoir de parler à quelqu'un pour y trouver un reste d'humanité : ‘Vous n'auriez pas une cigarette ?'. Je m'aperçois que j'en ai déjà une aux lèvres, me dis que ce paquet aura au moins fait plaisir à quelqu'un, et c'est le moins qu'on puisse faire pour un homme qui dans ses meilleurs jours doit certainement camper sur le canal St-Martin. La glace rompue et la jeunesse découverte sur mon visage, il s'empresse de lancer une discussion :
- 'Alors, vous vous êtes fait enculer par Sarkozy ?'
- 'Je crois bien que non, je l'aurais quand même senti passer...'
(bide)
- 'Ce fils de pute et cette salope, ils vous ont tout volé à vous les jeunes ! Tenez, vous avez de la monnaie sur vous ?'
Je conçois cette mendicité subtile mais ne retrouve pas dans mes poches les deux seules pièces de 50 centimes qui devait me rester.
- 'Et bien non'.
- 'Voyez ! Ils vous ont tous prit... Le budget... (charabia) ... L'armée ... (inaudible) ... ça fait 12000 euros ... (marmonne dans sa barbe) ... couic ! ... (onomatopée aux relents de vin rouge) ... Moi j'ai tout simplement envie de les tuer ces deux-là, égorger cet homme et cette femme...
- 'On verra bien où nous mène ce combat de coq' tentais-je, en rajoutant de façon subliminale ‘ Je vais louper mon train...'
A cet instant se dessine dans ma tête un étourdissement s'étalant sur quelques secondes à peine, à la manière d'une impression de déjà-vu, au moment où cet homme jette une réplique finale dont moi seul ai conscience du parallèle :
-'Allez-y monsieur. Et ouai, un combat de coq, un homme contre une femme qui vont tout vous prendre...'
Un dernier regard levé sur cette tour dominant Paris avant de me mettre debout. Et tandis que je gagne le dernier train de 0h30 je me dis que cet homme et cette femme 'qui vont tout nous prendre', ces deux guignols reconvertis en intermittents du PAF, s'ils veulent vraiment suivre le modèle américain, feraient bien de prendre exemple sur les new-yorkais de Girls Against Boys, qui eux ce soir 'nous ont tout donné'...
Exceptionnel ! ! 19/20 | par X_YoB |
La capture graphique ci-dessus, censée être une photo, a été prise par X_YoB. Arf...
Setlist :
In Like Flynn
Go Be Delighted
Crash 17
Kill The Sexplayer
Don't Got A Place
Basstation
Disco 666
Satin Down
Bullet Proof Cupid
Cruise Your New Baby Fly Self
The Kindda mzk You Like
Wilmington
Super-Fire
Let Me Come Back
>>>
Rockets Are Red
Cash Machine
>>>
Kitty-yo
Setlist :
In Like Flynn
Go Be Delighted
Crash 17
Kill The Sexplayer
Don't Got A Place
Basstation
Disco 666
Satin Down
Bullet Proof Cupid
Cruise Your New Baby Fly Self
The Kindda mzk You Like
Wilmington
Super-Fire
Let Me Come Back
>>>
Rockets Are Red
Cash Machine
>>>
Kitty-yo
Posté le 22 février 2007 à 14 h 16 |
Sexy Girls et Sale Gars.
Pour accueillir ce groupe important des nineties qui n'avaient pas joué depuis 5 ans en France, il était impossible de rater ce retour qui fût à la hauteur de nos espérances.
Oui les Girls Against Boys nous ont pondu ce 21 février un véritable groove du rock crade...
Tous les morceaux des albums de Girls vs Boys, à l'exception de Freakonica, ont été joués. Les fans étaient vite comblés dès le premier morceau.
Du pur rock fiévreux, une salle pleine à craquer, une première partie honnête et sympathique dont le nom n'a pas été mentionné par les musiciens, des titres en veux-tu en voilà!!
Et en plus de ça, les boys nous font deux rappels.
Je ne connaissais d'eux que l'album Cruise Yourself, mais quand j'ai vu maintes fois les spectateurs secouer la tête sur les titres de House Of Girls Vs Boys, je me suis précipité, tel un renard, sur la vente de disques à la fin du concert.
Ce concert fût tout simplement groovy baby!!
Pour accueillir ce groupe important des nineties qui n'avaient pas joué depuis 5 ans en France, il était impossible de rater ce retour qui fût à la hauteur de nos espérances.
Oui les Girls Against Boys nous ont pondu ce 21 février un véritable groove du rock crade...
Tous les morceaux des albums de Girls vs Boys, à l'exception de Freakonica, ont été joués. Les fans étaient vite comblés dès le premier morceau.
Du pur rock fiévreux, une salle pleine à craquer, une première partie honnête et sympathique dont le nom n'a pas été mentionné par les musiciens, des titres en veux-tu en voilà!!
Et en plus de ça, les boys nous font deux rappels.
Je ne connaissais d'eux que l'album Cruise Yourself, mais quand j'ai vu maintes fois les spectateurs secouer la tête sur les titres de House Of Girls Vs Boys, je me suis précipité, tel un renard, sur la vente de disques à la fin du concert.
Ce concert fût tout simplement groovy baby!!
Très bon 16/20
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