Jim Younger's Spirit

Missouri Woods, ou comment en seulement neuf titres Jim Younger's Spirit s'approprie, avec classe et nonchalance, l'héritage d'un Jefferson Airplane qui aurait pris froid dans les vents glaxés de la Coldwave des années 80. Pour faire une référence plus moderne, nous pourrions également creuser sans rougir du côté de Bee And Flower mais, avec son sens rare de la concision et de la mélodie, le trio apporte un peu de nouveauté à une scène musicale trop souvent obnubilée par la "hype", l'attitude, oubliant que, la musique, c'est avant tout de la musique. Pas une putain d'enseigne publicitaire.
La formation, composée de deux anciens Plastic Bag, fait étalage de son toute aisance mélodico-mélancolique. Il y a tout d'abord la voix unique de Polar Younger : grave, froide et pourtant sensuelle, juste sans artifices, totalement atypique tant nous ne sommes désormais déshabitués d'entendre une voix féminine non trafiquée qui n'en fait pas des tonnes dans la langueur et la sur sexualisation du chant. À ses côtés, la paire de guitaristes Diego Lopez et Kino Frontera jette ses accords noisy de clochards célestes. On pense au Blues, parfois à un Sonic Youth assagi, à un voyage en train dans un décor de campagne, une route déserte, le sable et la poussière...
Si vraiment je devais titiller, ce serait juste pour regretter qu'il n'y ait pas davantage d'espaces sonores instrumentaux, que les titres n'étirent pas leur langueur dans des envolées de saxo et de dissonance. Car pour le reste, Jim Younger's Spirit fait du bien de par sa sincérité, son authenticité, ne s'inscrivant dans aucune mouvance et pratiquant la musique pour la seule bonne raison qui soit : le plaisir. Tout public et trans-générationnel.