Sarah Neufeld
The Ridge |
Label :
Paper Bag |
||||
Il y a moins d'un an, Sarah Neufeld – violoniste d'Arcade Fire et auteure de quelques méfaits solos – faisait équipe avec Colin Stetson – monstre du saxophone ayant justement rencontré Sarah chez Arcade Fire – pour nous offrir un des plus beaux disques de 2015 : Never Were the Way She Was. 2016 débute et la voilà déjà sur les starting blocks avec un nouvel album en février qui succède à Hero Brother, paru en 2013. Le rapprochement entre NWTWSW et le présent The Ridge est loin d'être anodin, car il semble évident que l'expérience du duo avec Stetson a profondément imprégné sa nouvelle approche musicale.
Telle qu'on l'entendait sur Hero Brother, Sarah s'armait de son seul violon pour donner vie à des morceaux minimalistes et répétitifs, qui prenaient corps dans (et brillaient précisément par) leur dénuement. Rien d'autre qu'une ligne de corde(s) qui flotte et joue avec nos attentes, vire et dérive juste au bon moment pour s'envoler vers d'autres cieux mélodiques et reprendre sa douce litanie répétitive. Et ainsi de suite. Sur The Ridge, Sarah s'habille de nouvelles couleurs et surtout n'est plus toute seule pour interpréter ses arabesques entêtants. L'accompagnent désormais une batterie, un maître électronicien... et sa propre voix. Le rapport de force est même parfois inversé : sur une piste comme "They All Came Down", le violon est carrément relégué à l'arrière plan, tandis que le chant de Sarah rafle la mise et qu'une plage de drone électronique enveloppe progressivement le morceau.
Quant à l'influence qu'a pu avoir sa rencontre avec Stetson, on en retrouvera des traces précisément dans les percussions et la voix. Deux éléments qui étaient absent de la discographie solo de Sarah, mais présents en l'état dans celle de Colin, lui qui parvient à effectuer en direct percussions (avec le son de ses touches qui frappent l'instrument) et chant (plainte de gorge, grâce à des micros bien placés). On peut supposer, humblement, que Sarah s'en est inspirée pour faire sa propre sauce. Là où le bât blesse – et c'est bien le seul véritable reproche que je fais à The Ridge – c'est que si l'effet marchait si bien chez Colin, grâce au côté intense et dans l'instant (et surtout l'immédiateté de la performance live) ; chez Sarah en revanche ça peut me taper sur le système par moments, notamment lorsque la batterie ou la voix sont trop présentes, car la première ne se marie pas idéalement avec le violon et paraît trop posée là comme un beat un peu grossier (on préfèrera les coups de talon dans le sol que Sarah utilise aussi parfois pour établir un métronome brut et sourd) tandis que sa voix, un tantinet générique, n'approche malheureusement pas la grâce mystérieuse de celle, bien plus envoûtante, qui émane des tréfonds de la gorge de Colin.
Cependant, ce défaut sait aussi se retourner en qualité sur The Ridge, qui est à mon sens à la fois moins bon et meilleur que Hero Brother ; car si certaines des couleurs invoquées ne me parlent pas vraiment, en revanche sur le long terme – c'est à dire sur la durée de tout un album – The Ridge s'en tire mieux que son aîné. La plus grande variété des styles et teintes instrumentales invoqués confère à celui-là une narration plus diversifiée (les errances atmosphériques de "Where the Light Comes In" comme une aube qui se lève sur une falaise irlandaise, les pas de danse pizzicatos de "The Glow", etc) et tient plus longtemps en haleine que le plus répétitif Hero Brother tout en proposant des pièces maîtresses, en l'occurrence les deux morceaux de bravoure "The Ridge" et "A Long Awaited Scar", épiques jusqu'à l'os. Une nouvelle approche à double-tranchant donc ; Sarah Neufeld semble encore se chercher musicalement, mais elle le fait d'une bien jolie manière qui laisse espérer aussi bien des retrouvailles futures avec l'ami au saxo que des escapades solo où Sarah continuera à appréhender et faire évoluer son art.
Telle qu'on l'entendait sur Hero Brother, Sarah s'armait de son seul violon pour donner vie à des morceaux minimalistes et répétitifs, qui prenaient corps dans (et brillaient précisément par) leur dénuement. Rien d'autre qu'une ligne de corde(s) qui flotte et joue avec nos attentes, vire et dérive juste au bon moment pour s'envoler vers d'autres cieux mélodiques et reprendre sa douce litanie répétitive. Et ainsi de suite. Sur The Ridge, Sarah s'habille de nouvelles couleurs et surtout n'est plus toute seule pour interpréter ses arabesques entêtants. L'accompagnent désormais une batterie, un maître électronicien... et sa propre voix. Le rapport de force est même parfois inversé : sur une piste comme "They All Came Down", le violon est carrément relégué à l'arrière plan, tandis que le chant de Sarah rafle la mise et qu'une plage de drone électronique enveloppe progressivement le morceau.
Quant à l'influence qu'a pu avoir sa rencontre avec Stetson, on en retrouvera des traces précisément dans les percussions et la voix. Deux éléments qui étaient absent de la discographie solo de Sarah, mais présents en l'état dans celle de Colin, lui qui parvient à effectuer en direct percussions (avec le son de ses touches qui frappent l'instrument) et chant (plainte de gorge, grâce à des micros bien placés). On peut supposer, humblement, que Sarah s'en est inspirée pour faire sa propre sauce. Là où le bât blesse – et c'est bien le seul véritable reproche que je fais à The Ridge – c'est que si l'effet marchait si bien chez Colin, grâce au côté intense et dans l'instant (et surtout l'immédiateté de la performance live) ; chez Sarah en revanche ça peut me taper sur le système par moments, notamment lorsque la batterie ou la voix sont trop présentes, car la première ne se marie pas idéalement avec le violon et paraît trop posée là comme un beat un peu grossier (on préfèrera les coups de talon dans le sol que Sarah utilise aussi parfois pour établir un métronome brut et sourd) tandis que sa voix, un tantinet générique, n'approche malheureusement pas la grâce mystérieuse de celle, bien plus envoûtante, qui émane des tréfonds de la gorge de Colin.
Cependant, ce défaut sait aussi se retourner en qualité sur The Ridge, qui est à mon sens à la fois moins bon et meilleur que Hero Brother ; car si certaines des couleurs invoquées ne me parlent pas vraiment, en revanche sur le long terme – c'est à dire sur la durée de tout un album – The Ridge s'en tire mieux que son aîné. La plus grande variété des styles et teintes instrumentales invoqués confère à celui-là une narration plus diversifiée (les errances atmosphériques de "Where the Light Comes In" comme une aube qui se lève sur une falaise irlandaise, les pas de danse pizzicatos de "The Glow", etc) et tient plus longtemps en haleine que le plus répétitif Hero Brother tout en proposant des pièces maîtresses, en l'occurrence les deux morceaux de bravoure "The Ridge" et "A Long Awaited Scar", épiques jusqu'à l'os. Une nouvelle approche à double-tranchant donc ; Sarah Neufeld semble encore se chercher musicalement, mais elle le fait d'une bien jolie manière qui laisse espérer aussi bien des retrouvailles futures avec l'ami au saxo que des escapades solo où Sarah continuera à appréhender et faire évoluer son art.
Bon 15/20 | par X_Wazoo |
En ligne
599 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages