Mary Goes Round
Sunset |
Label :
New Rose |
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En voilà un groupe intéressant pour celui qui est autant friand de Post Punk que de Shoegaze: bien qu'influencé par des références très marquées (The Cure, My Bloody Valentine, Siouxsie And The Banshees, voire même les Pixies), le groupe français Mary Goes Round a su proposer dès son premier album une musique qui, bien qu'héritée de ses modèles anglais et américains, joue sur la singularité et sur un ésotérisme des sons qui saura ravir le fan des groupes cités ci-dessus.
Un mélange des genres qui aura été baptisé en son temps "Touching Pop" et auxquels auront été assimilés des groupes français tels que Babel 17 ou Asylum Party, que le label New Rose aura contribué à faire connaître. Comment décrire ? Oui ; c'est pop (dans une certaine mesure), oui, c'est touchant (pour celui qui aime le Post Punk, la Cold Wave et le Shoegaze), et il y a ce charme, ce petit truc qui fait qu'on est emporté dans les mélodies... Il y a aussi cette attitude française d'élève appliqué, ultra respectueux des références et en même temps un certain détachement... Mary Goes Round se situe quelque part par là, et cet album, Sunset est un témoin parfait du son, de cette dimension particulière entre le son de 1989 et celui de 1990... Oui, ça peut faire bizarre dit comme ça... Mais oui, en fait c'est ça, Mary Goes Round est un petit peu ailleurs, dans un monde alternatif, plus ou moins gothique mais rêveur...
Sunset est en effet sorti à la fois en 1989 et en 1990 : celui chroniqué ici est en fait le mini-album de 1989 augmenté de quelques titres pour permettre une sortie en disque compact (car c'est comme cela qu'on disait en 1990), sorti au début 1990. Vous ne suivez pas, c'est pas grave. C'est quand même un "album" vachement bien.
La plupart des gothiques suivent ce précepte de Didier Bourdon dans Maîtresses Et Patients (normal me direz-vous puisqu'ils ont le bourdon...): "quelque chose s'est brisé en moi, comme une désillusion, un désenchantement...", et aux premières notes de "Mary Sleeps Alone", on retrouve effectivement ces riffs déchirants et tourmentés, ces basses rondes et ces rythmiques répétitives qui reflètent en effet cet état d'esprit. Mais il y a ce clavier venu d'ailleurs, cette voix et ses choeurs détachés qui amènent ces motifs hors des cryptes. Et en somme, malgré des mélodies et des progressions guitaristiques que n'auraient pas renié un Robert Smith ou un Bernard Sumner, cet écart entre codes post punk gothiques et ambiances éthérées et romantiques se ressent dans tout l'album. Par exemple, "Dark Times" a une rythmique et une basse lourde, des guitares perdues, mais les voix de Jérôme Avril (guitare et chant) et de Cécile Balladino (claviers et choeurs) emmènent ces idées noires vers une sensualité rêveuse. Et ce détachement, on le retrouve dans sa plus grande précision dans "The Great Desire", sorte de rencontre entre Robert Smith et Joey Santiago, où le gothique devient enfin emprunt de coolitude. "The Night" et "The Promised Land" ont quant à eux ce dynamisme qui ne laissera pas indifférent les fans du genre. Puis, plus loin on retrouve cet instrumental, "Sunset", une tentative d'électro joyeuse qui aurait fait une excellente intro pour le "Wrong Number" des Cure. Pour ce qui est du mini album original de 1989, on a enfin "Teardrops Again", un autre instrumental qui commence comme le "It's Only Mystery" d'Arthur Simms (si si le morceaux tiré du Subway de Luc Besson...), qui se mue par la suite en une parfaite balade mortuaire entre le "Melt!" des Banshees et le "Sweetest Perfection" des Depeche Mode. Le morceau connaît une progression entre mystère, mélancolie et fébrile espoir, et est de toute beauté pour conclure l'EP.
Viennent ensuite les Bonus Tracks enregistrés pour la sortie CD, et on sent que les Pixies et My Bloody Valentine ont pris The Cure et Siouxsie And The Banshees par derrière: ce croisement entre Disintegration, Doolitle et Isn't Anything permet de retrouver précisément le son de 1989: la New Wave commence à faillir après ses oeuvres les plus emblématiques pour laisser place au retour des guitares: "Mary In The Sky" en est une parfaite illustration, avec ces guitares saturées, tentant de se coller à un mur compact de son, tout en inventant des mélodies (r)accrocheuses: en quelque sorte, Jérôme Avril aurait pu s'appeler Robert Santiago Shields ou Joey Kevin Smith. "The Shelter" retrouve les descentes languissantes et euphories vocales de Bilinda Butcher avec ce petit plus mélancolique. "On The Sea" rappellera à gros traits le Faith du groupe de Crawley et "The Nightmare" est un cauchemar Cold Wave noyé d'effets. Le disque s'achève sur "Another Sunset", une petite contemplation sucrée au synthé.
Bien que leurs références soient marquées (et en même temps, quelles références!), Mary Goes Round se paye un excellent début par un beau coucher de soleil, et réussit malgré tout à créer une musique singulière.Le groupe évoluera de plus en plus vers le côté sonique de la force, au fur et à mesure de l'entrée dans les années 90.
Un mélange des genres qui aura été baptisé en son temps "Touching Pop" et auxquels auront été assimilés des groupes français tels que Babel 17 ou Asylum Party, que le label New Rose aura contribué à faire connaître. Comment décrire ? Oui ; c'est pop (dans une certaine mesure), oui, c'est touchant (pour celui qui aime le Post Punk, la Cold Wave et le Shoegaze), et il y a ce charme, ce petit truc qui fait qu'on est emporté dans les mélodies... Il y a aussi cette attitude française d'élève appliqué, ultra respectueux des références et en même temps un certain détachement... Mary Goes Round se situe quelque part par là, et cet album, Sunset est un témoin parfait du son, de cette dimension particulière entre le son de 1989 et celui de 1990... Oui, ça peut faire bizarre dit comme ça... Mais oui, en fait c'est ça, Mary Goes Round est un petit peu ailleurs, dans un monde alternatif, plus ou moins gothique mais rêveur...
Sunset est en effet sorti à la fois en 1989 et en 1990 : celui chroniqué ici est en fait le mini-album de 1989 augmenté de quelques titres pour permettre une sortie en disque compact (car c'est comme cela qu'on disait en 1990), sorti au début 1990. Vous ne suivez pas, c'est pas grave. C'est quand même un "album" vachement bien.
La plupart des gothiques suivent ce précepte de Didier Bourdon dans Maîtresses Et Patients (normal me direz-vous puisqu'ils ont le bourdon...): "quelque chose s'est brisé en moi, comme une désillusion, un désenchantement...", et aux premières notes de "Mary Sleeps Alone", on retrouve effectivement ces riffs déchirants et tourmentés, ces basses rondes et ces rythmiques répétitives qui reflètent en effet cet état d'esprit. Mais il y a ce clavier venu d'ailleurs, cette voix et ses choeurs détachés qui amènent ces motifs hors des cryptes. Et en somme, malgré des mélodies et des progressions guitaristiques que n'auraient pas renié un Robert Smith ou un Bernard Sumner, cet écart entre codes post punk gothiques et ambiances éthérées et romantiques se ressent dans tout l'album. Par exemple, "Dark Times" a une rythmique et une basse lourde, des guitares perdues, mais les voix de Jérôme Avril (guitare et chant) et de Cécile Balladino (claviers et choeurs) emmènent ces idées noires vers une sensualité rêveuse. Et ce détachement, on le retrouve dans sa plus grande précision dans "The Great Desire", sorte de rencontre entre Robert Smith et Joey Santiago, où le gothique devient enfin emprunt de coolitude. "The Night" et "The Promised Land" ont quant à eux ce dynamisme qui ne laissera pas indifférent les fans du genre. Puis, plus loin on retrouve cet instrumental, "Sunset", une tentative d'électro joyeuse qui aurait fait une excellente intro pour le "Wrong Number" des Cure. Pour ce qui est du mini album original de 1989, on a enfin "Teardrops Again", un autre instrumental qui commence comme le "It's Only Mystery" d'Arthur Simms (si si le morceaux tiré du Subway de Luc Besson...), qui se mue par la suite en une parfaite balade mortuaire entre le "Melt!" des Banshees et le "Sweetest Perfection" des Depeche Mode. Le morceau connaît une progression entre mystère, mélancolie et fébrile espoir, et est de toute beauté pour conclure l'EP.
Viennent ensuite les Bonus Tracks enregistrés pour la sortie CD, et on sent que les Pixies et My Bloody Valentine ont pris The Cure et Siouxsie And The Banshees par derrière: ce croisement entre Disintegration, Doolitle et Isn't Anything permet de retrouver précisément le son de 1989: la New Wave commence à faillir après ses oeuvres les plus emblématiques pour laisser place au retour des guitares: "Mary In The Sky" en est une parfaite illustration, avec ces guitares saturées, tentant de se coller à un mur compact de son, tout en inventant des mélodies (r)accrocheuses: en quelque sorte, Jérôme Avril aurait pu s'appeler Robert Santiago Shields ou Joey Kevin Smith. "The Shelter" retrouve les descentes languissantes et euphories vocales de Bilinda Butcher avec ce petit plus mélancolique. "On The Sea" rappellera à gros traits le Faith du groupe de Crawley et "The Nightmare" est un cauchemar Cold Wave noyé d'effets. Le disque s'achève sur "Another Sunset", une petite contemplation sucrée au synthé.
Bien que leurs références soient marquées (et en même temps, quelles références!), Mary Goes Round se paye un excellent début par un beau coucher de soleil, et réussit malgré tout à créer une musique singulière.Le groupe évoluera de plus en plus vers le côté sonique de la force, au fur et à mesure de l'entrée dans les années 90.
Parfait 17/20 | par Machete83 |
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