Peaches
Rub |
Label :
I U She Music |
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Ces dernières années, Peaches n'a jamais réellement été aux abonnés absents : sortie d'un film, Peaches Does Herself, et d'un livre de photographies, What Else in the Teaches of Peaches, participation à divers projets artistiques, apparition sur un EP hommage à Casablanca Records et sur les albums de R.E.M. (top!) ou de Christina Aguilera (flop!), soutien engagé et musical aux Pussy Riots, sortie de quelques bons singles, "Burst!" en 2012, "Unzip Me" avec Cazwell en 2011 et "Jonny", une reprise de Suicide, en 2010 et, enfin, des concerts et dj-sets donnés un peu partout. Pourtant, la Canadienne installée à Berlin n'avait plus sorti d'album depuis plus de six ans. Le dernier, I Feel Cream (2009), montrait une Peaches toujours obsédée par les sexualités multiples et expérimentales et l'abolition des distinctions entre les genres, mais plus léchée au niveau de la forme grâce à une production moins brute, plutôt sophistiquée et quelques chansons electro-house, dont une intitulée "Mommy Complex" entendue par des millions de téléspectateurs entre le 20 heures de TF1 et les nouvelles aventures intrépides de Joséphine, ange gardien car elle s'est retrouvée dans une pub Citroën diffusée à tour de bras.
La surprise était donc très agréable quand Peaches a twitté son retour en studio : après moult digressions et quelques chansons semées ci et là, nous laissant toujours sur notre faim, un nouvel album studio était en préparation. Durant les sessions qui ont conduit à la parution de Rub, l'électro-punkette a collaboré avec des artistes dont la seule évocation sonne comme une promesse d'excellence : Kim Gordon, Feist, Vice Cooler, Planningtorock, mais aussi Nick Zinner (des Yeah Yeah Yeahs) et Sean Yseult (de White Zombie). La présence de musiciens résolument rock, voire hard rock, laissait imaginer un retour plus rugueux et quelques guitar tracks explosifs – I Feel Cream avait totalement délaissé le côté Def-Leppardien de Peaches. Pourtant, quelques mois avant la sortie de l'album, Peaches a indiqué qu'elle n'avait pas retenu les morceaux rock pour Rub car ils ne fonctionnaient pas sur un disque qu'elle voulait électro et minimal. Le très sympa "Bodyline", titre enregistré avec Nick Zinner, a été dévoilé entre temps, quelques semaines avant la sortie de Rub, afin d'avoir un avant-goût de... Ce qui ne serait pas sur l'album.
On ne va pas se mentir, à la découverte de Rub, on est un peu déçu. Rien n'est mauvais, mais rares sont les morceaux qui impressionnent. Le morceau d'ouverture, "Close Up", en featuring avec Kim Gordon, étonne par sa fadeur tant cette géniale (sur le papier) collaboration laissait présager au moins un très bon titre. Au final, le titre ne décolle jamais et Kim Gordon chantonne ses trois-quatres petites phrases sans conviction. Le featuring avec Feist, "I Mean Something", est plus sympa, mais manque un peu de relief. Leurs précédentes collaborations, sur "Give 'Er", par exemple, séduisaient bien plus. Le troisième featuring de l'album (avec Simonne Jones), "Vaginoplasty", est peut-être le meilleur, mais est presque trop classique, tant il semble sorti tout droit de I Feel Cream.
C'est sur les morceaux en solo que Peaches plaît le plus. Le premier single, "Light In Places", ode à son arrière-train ("so much beauty comin' out of my ass"), tient parfaitement la promesse du son minimal qu'elle voulait pour l'opus. L'instru, répétitive et hypnotique, rappelle le "I Feel Love" de Donna Summer et le phrasé de Peaches sur les couplets rappés est particulièrement entêtant. Les deux pièces maîtresses de Rub sont, cependant, le tonitruant "Pickles" – un morceau fou et addictif sur lequel il est impossible de rester impassible – et le très dark "Free Drink Ticket" sur lequel le traitement de la voix est excellent, la rendant très grave, idéale pour déblatérer pendant quatre minutes une diatribe imprégnée de rage et de violence contenue.
À l'exception de quelques morceaux, sur Rub, Peaches fait du Peaches un peu terne et propose peut-être son album le moins convaincant. C'est assez efficace, c'est (toujours aussi) décalé, c'est fun et rafraîchissant, sa plume n'a pas pris une ride (les paroles de "Light In Places", "Rub" ou encore "Dick in the Air" sont un régal), mais pour être honnête, on aurait aimé prendre plus. Est-ce que ce sont ces six années de patience qui nous ont rendu trop fine bouche ? Ou est-ce que Peaches commencerait un peu à perdre son doigté ? On espère ne pas devoir attendre six ans supplémentaires pour connaître la réponse.
La surprise était donc très agréable quand Peaches a twitté son retour en studio : après moult digressions et quelques chansons semées ci et là, nous laissant toujours sur notre faim, un nouvel album studio était en préparation. Durant les sessions qui ont conduit à la parution de Rub, l'électro-punkette a collaboré avec des artistes dont la seule évocation sonne comme une promesse d'excellence : Kim Gordon, Feist, Vice Cooler, Planningtorock, mais aussi Nick Zinner (des Yeah Yeah Yeahs) et Sean Yseult (de White Zombie). La présence de musiciens résolument rock, voire hard rock, laissait imaginer un retour plus rugueux et quelques guitar tracks explosifs – I Feel Cream avait totalement délaissé le côté Def-Leppardien de Peaches. Pourtant, quelques mois avant la sortie de l'album, Peaches a indiqué qu'elle n'avait pas retenu les morceaux rock pour Rub car ils ne fonctionnaient pas sur un disque qu'elle voulait électro et minimal. Le très sympa "Bodyline", titre enregistré avec Nick Zinner, a été dévoilé entre temps, quelques semaines avant la sortie de Rub, afin d'avoir un avant-goût de... Ce qui ne serait pas sur l'album.
On ne va pas se mentir, à la découverte de Rub, on est un peu déçu. Rien n'est mauvais, mais rares sont les morceaux qui impressionnent. Le morceau d'ouverture, "Close Up", en featuring avec Kim Gordon, étonne par sa fadeur tant cette géniale (sur le papier) collaboration laissait présager au moins un très bon titre. Au final, le titre ne décolle jamais et Kim Gordon chantonne ses trois-quatres petites phrases sans conviction. Le featuring avec Feist, "I Mean Something", est plus sympa, mais manque un peu de relief. Leurs précédentes collaborations, sur "Give 'Er", par exemple, séduisaient bien plus. Le troisième featuring de l'album (avec Simonne Jones), "Vaginoplasty", est peut-être le meilleur, mais est presque trop classique, tant il semble sorti tout droit de I Feel Cream.
C'est sur les morceaux en solo que Peaches plaît le plus. Le premier single, "Light In Places", ode à son arrière-train ("so much beauty comin' out of my ass"), tient parfaitement la promesse du son minimal qu'elle voulait pour l'opus. L'instru, répétitive et hypnotique, rappelle le "I Feel Love" de Donna Summer et le phrasé de Peaches sur les couplets rappés est particulièrement entêtant. Les deux pièces maîtresses de Rub sont, cependant, le tonitruant "Pickles" – un morceau fou et addictif sur lequel il est impossible de rester impassible – et le très dark "Free Drink Ticket" sur lequel le traitement de la voix est excellent, la rendant très grave, idéale pour déblatérer pendant quatre minutes une diatribe imprégnée de rage et de violence contenue.
À l'exception de quelques morceaux, sur Rub, Peaches fait du Peaches un peu terne et propose peut-être son album le moins convaincant. C'est assez efficace, c'est (toujours aussi) décalé, c'est fun et rafraîchissant, sa plume n'a pas pris une ride (les paroles de "Light In Places", "Rub" ou encore "Dick in the Air" sont un régal), mais pour être honnête, on aurait aimé prendre plus. Est-ce que ce sont ces six années de patience qui nous ont rendu trop fine bouche ? Ou est-ce que Peaches commencerait un peu à perdre son doigté ? On espère ne pas devoir attendre six ans supplémentaires pour connaître la réponse.
Sympa 14/20 | par Rebecca Carlson |
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