Iceage
Plowing Into The Field Of Love |
Label :
Matador |
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Comme quoi il faut jamais désespérer. Il y a à peu près un mois, j'avais attaqué ce nouvel Iceage (mon premier contact avec les Danois), jeté aux oubliettes aussitôt écouté. Pour une seule raison. Cette raison a un nom : Elias Bender Rønnenfelt. J'ai toujours focalisé sur les chanteurs. J'y peux rien, c'est plus fort que moi. C'est pas pour rien que mes premières idoles de l'âge boutonneux s'incarnèrent en Freddie Mercury et Daniel Balavoine (mais je me soigne). Voix puissantes et versatiles... Forcément à l'opposé de l'organe du chanteur de Iceage. Ce n'est pas seulement que le jeune Elias a une voix de merde. Ça c'est pas grave, nombre de mes chanteurs favoris aujourd'hui ont une voix de merde ; Stephen Malkmus chante avec un je-m'en-foutisme consommé, Phil Elvrum a hérité d'un petit filet de voix ridicule, David Byrne paraît s'étrangler toutes les trois notes, Lou Reed doit avoir une demi-octave de tessiture, et vous avez déjà entendu Malcolm Mooney essayer de chanter, vous ? Non, c'est même pas ça le problème. Pire que la voix de merde, il y a les manières de merde. J'ai beaucoup de mal avec les manières ; pour cette raison j'ai longtemps boudé Morrissey et je boude encore David Tibet. Mister Elias ne se contente pas de ne pas savoir chanter, il va jusqu'à étaler ses éructations sur nos tympans en une grosse purée informe "self-aware" comme y disent outre-Manche. Un peu comme si Ian Curtis jouait le rôle d'un zombie dans le dernier Romero. Le mec a conscience de ça et en rajoute volontairement des caisses. Écœuré, j'ai bazardé la galette et juré de ne plus y revenir. Pas sans un rituel exorciste au préalable.
Promesse d'ivrogne ouais... Voilà le mois de décembre arrivée et avec lui sa traditionnelle remise en question ; la prise de recul quant aux sorties de l'année, pour s'assurer qu'on a rien loupé quand viendra le temps de distinguer ses poulains. Après tout, j'ai bien fini par aimer ce phoque précieux de Morrissey alors pourquoi pas... Je me le repasse par acquis de conscience, ce Plowing Into the Field of Love, et là c'est le choc. Merde quoi, cette patate écrasée de Elias Machin-Chøse a failli me faire passer à côté d'un super disque. Ouais parce que derrière la voix le reste est quand même super classe. Les morceaux sont tous aux petits oignons. Une énergie folle se dégage de cet album, entre roulements de toms incessants et guitares galopantes, de l'allégresse en barre. Dans leur approche esthétique, les Danois sont passés à un autre niveau. Les arrangements sont d'une richesse inattendue chez un groupe connu pour son attitude keupon jusqu'au bout des ongles, et cette façon qu'ils ont de les articuler à des compos exécutées à toute berzingue témoigne d'une maîtrise qui force le respect. Ecoutez-moi ces accès de violon et cette fanfare cuivrée qui propulse "Forever" dans les cieux, ces cuivres qu'on retrouve, apaisants, après chacun des crescendos affolants de "Glassy Eyed, Dormant And Veiled", ou même ce piano bourré qui accompagne le morceau d'ouverture. Pire encore, au milieu de tout ça j'en viens à... Aimer (faites passez le savon) la "performance" de ce truc qu'ils ont appelé un chanteur. Franchement, c'était plus facile de vous avouer adorer Balavoine que de coucher ça sur papier. Mais que voulez-vous que je fasse quand au bout d'une cavalcade effrénée, une bataille rageuse entre une batterie impétueuse et une guitare fougueuse, Elias vous crache en pleine figure, à bout de souffle, ce "how many.. ?" qui nous achève en bonne et due forme ? Et regardez-le beugler à la lune sur "Against The Moon", ce jeune imbécile, comme s'il essayait d'être crédible en clochard céleste – le pire dans l'histoire c'est qu'on se prend au jeu. En fait, le mec laisse exploser son charisme dès lors qu'il s'épuise le long des performances de ses poteaux, quand il paraît toucher du doigt le bout de son endurance. Parfaite illustration : ce "Cimmerian Shade", au long duquel l'éructeur de service halète, tel un chien en sueur, pour repartir au combat bon gré mal gré l'instant d'après. Il subjugue dès lors qu'il parvient à nous mettre à sa place, nous pauvres auditeurs lessivés, empathiques malgré nous, maltraités comme lui par les perles harassantes de ses collègues.
Y a que les cons qui changent pas d'avis. Elias mon gars, tu gagnes ce round, parce que tes potes assurent derrière. Ta voix dégueulasse de dandy-trashouille a trouvé l'écrin qui lui permet de briller en quelques belles fulgurances. Par contre je t'ai à l'œil. Je vous attends au tournant, toi et ton groupe de petits hargneux arrogants. Vous avez réussi un album superbe, vous m'avez eu au culot, mais veillez à rester culotté jusqu'au bout, parce que vous jouez sur un terrain pentu sur lequel le moindre relâchement, la plus petite concession vous fera chuter. Et si vous vous vautrez, croyez bien que je serai le premier à vous pourrir, au nom de la frustration de ne pas avoir pu le faire aujourd'hui. Je sais bien que vous vous en foutez, p'tits cons, c'est peut-être justement pour ça que vous êtes si bons. M'enfin, d'ici là paix et amour sur votre peuple, et joyeux Noël les gars.
Promesse d'ivrogne ouais... Voilà le mois de décembre arrivée et avec lui sa traditionnelle remise en question ; la prise de recul quant aux sorties de l'année, pour s'assurer qu'on a rien loupé quand viendra le temps de distinguer ses poulains. Après tout, j'ai bien fini par aimer ce phoque précieux de Morrissey alors pourquoi pas... Je me le repasse par acquis de conscience, ce Plowing Into the Field of Love, et là c'est le choc. Merde quoi, cette patate écrasée de Elias Machin-Chøse a failli me faire passer à côté d'un super disque. Ouais parce que derrière la voix le reste est quand même super classe. Les morceaux sont tous aux petits oignons. Une énergie folle se dégage de cet album, entre roulements de toms incessants et guitares galopantes, de l'allégresse en barre. Dans leur approche esthétique, les Danois sont passés à un autre niveau. Les arrangements sont d'une richesse inattendue chez un groupe connu pour son attitude keupon jusqu'au bout des ongles, et cette façon qu'ils ont de les articuler à des compos exécutées à toute berzingue témoigne d'une maîtrise qui force le respect. Ecoutez-moi ces accès de violon et cette fanfare cuivrée qui propulse "Forever" dans les cieux, ces cuivres qu'on retrouve, apaisants, après chacun des crescendos affolants de "Glassy Eyed, Dormant And Veiled", ou même ce piano bourré qui accompagne le morceau d'ouverture. Pire encore, au milieu de tout ça j'en viens à... Aimer (faites passez le savon) la "performance" de ce truc qu'ils ont appelé un chanteur. Franchement, c'était plus facile de vous avouer adorer Balavoine que de coucher ça sur papier. Mais que voulez-vous que je fasse quand au bout d'une cavalcade effrénée, une bataille rageuse entre une batterie impétueuse et une guitare fougueuse, Elias vous crache en pleine figure, à bout de souffle, ce "how many.. ?" qui nous achève en bonne et due forme ? Et regardez-le beugler à la lune sur "Against The Moon", ce jeune imbécile, comme s'il essayait d'être crédible en clochard céleste – le pire dans l'histoire c'est qu'on se prend au jeu. En fait, le mec laisse exploser son charisme dès lors qu'il s'épuise le long des performances de ses poteaux, quand il paraît toucher du doigt le bout de son endurance. Parfaite illustration : ce "Cimmerian Shade", au long duquel l'éructeur de service halète, tel un chien en sueur, pour repartir au combat bon gré mal gré l'instant d'après. Il subjugue dès lors qu'il parvient à nous mettre à sa place, nous pauvres auditeurs lessivés, empathiques malgré nous, maltraités comme lui par les perles harassantes de ses collègues.
Y a que les cons qui changent pas d'avis. Elias mon gars, tu gagnes ce round, parce que tes potes assurent derrière. Ta voix dégueulasse de dandy-trashouille a trouvé l'écrin qui lui permet de briller en quelques belles fulgurances. Par contre je t'ai à l'œil. Je vous attends au tournant, toi et ton groupe de petits hargneux arrogants. Vous avez réussi un album superbe, vous m'avez eu au culot, mais veillez à rester culotté jusqu'au bout, parce que vous jouez sur un terrain pentu sur lequel le moindre relâchement, la plus petite concession vous fera chuter. Et si vous vous vautrez, croyez bien que je serai le premier à vous pourrir, au nom de la frustration de ne pas avoir pu le faire aujourd'hui. Je sais bien que vous vous en foutez, p'tits cons, c'est peut-être justement pour ça que vous êtes si bons. M'enfin, d'ici là paix et amour sur votre peuple, et joyeux Noël les gars.
Parfait 17/20 | par X_Wazoo |
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