The Lemonheads
Hotel Sessions |
Label :
Hall Of |
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Bonjour à tous et bienvenus au cours de chronique du professeur BCG. Le sujet d'aujourd'hui sera "Doit-on juger un disque sur sa qualité ou sur sa pertinence ?". Le temps que vous vous installiez, je vais vous montrer l'objet sur lequel nous allons nous appuyer, Hotel Sessions des Lemonheads.
Comme vous pouvez le constater au premier abord, une pochette bariolée un poil pop art pour un digipack vide de tout bonus, hormis un petit texte présentatif, c'est un peu léger et ça peut sentir le vite-fait. Ca nous fait donc partir sur un a priori négatif. Mais vous savez comme moi que les apparences peuvent être trompeuses et qu'on ne doit pas juger un disque sans l'écouter. Sauf si son écoute est risquée pour votre santé mentale, évidemment, je tiens à préserver mes étudiants. C'est pourquoi vous n'entendrez pas de Daft Punk dans ma classe, entre autres.
Écoutons un peu. Qu'avons-nous là ? Oui, c'est exactement ça, un ensemble de versions acoustiques primitives de qualité sonore médiocre de morceaux qui seront sur un album à venir, communément appelé "démo". Si vous avez révisé vos classiques injustement méconnus, vous saurez que celle-ci concerne l'album Come On Feel The Lemonheads. Je vous propose donc un plan en 2 parties I/Cette démo est-elle bonne ?, II/Quel est l'intérêt d'un tel album ?
I/ Indéniablement, oui. Et ce n'est pas incompatible avec la qualité sonore médiocre, évidemment. Rappelez-vous le théorème de Lou Barlow : la valeur d'un enregistrement est inversement proportionnelle à la pourritude de sa qualité s'il y a de l'émotion et de la sincérité. Vous entendez les hésitations d'Evan Dando, les variations dans son timbre de voix, néanmoins maitrisé, la moto qui passe à la fin de "Being Around", le public qui papote, la mer et les oiseaux : on est indéniablement dans un enregistrement lo-fi sincère.
Le choix des morceaux, primordial, est ici irréprochable. "Style", "Great Big No", "Down About It", "Into Your Arms", la reprise de Smudge "Superhero", inédite en plus. Du très bon. Certes, il y a d'autres titres plus dispensables, moins marquants, mais globalement on n'a rien ici de vraiment mauvais. En même temps, la démo suit la logique de l'album, et c'est tout naturel. Donc, en matière de qualité, on en a pour son argent.
II/ En revanche, en matière d'intérêt, la question est plus complexe. Un album acoustique enregistré à l'arrache, ça n'est pas condamnable en soit. Référez-vous à Sentridoh si vous voulez plus d'informations sur le sujet. Mais là, en revanche, pas d'expérimentation. Et presque pas de morceaux inédits.
Sortir une démo, d'autres l'ont fait. Des exemples ? Frank Black Francis, oui, mais il y avait également dessus un deuxième disque original bien que non transcendant. Non, je pensais plutôt à autre chose de Frank Black. The Purple Tapes des Pixies, oui, très bien ! Que nous prouvent les Purple Tapes ? Que quand un groupe n'est pas près de ressortir quelque chose, la maison de disque peut toujours compter sur les démos.
Alors vous comprenez bien que quand Evan Dando nous parle dans le petit texte introductif du rêve inachevé jusqu'alors de faire un album avec 53$, comme si c'était une démarche artistique derrière ce Hotel Sessions, c'est un peu du foutage de gueule.
En conclusion, un disque de démos, quand elles sont de cette qualité (et je ne parle pas de la qualité de l'enregistrement, bien entendu), c'est toujours une bonne chose. Mais ça perd tout son sens quand c'est sorti presque 20 ans après, au milieu de nulle part, et sans réelle explication. Nous jugerons donc ce disque au spectre de sa pertinence et non sur sa qualité intrinsèque, et en déduirons que si celui-ci avait été intégré à une édition deluxe de Come On Feel The Lemonheads, album à réhabiliter, au lieu d'être présenté comme une fausse bonne idée artistique, il aurait eu toute notre adhésion. Là, l'ensemble tombe à plat. Ce genre d'opérations maisondediscales justifie le recours au téléchargement illégal.
C'est tout pour aujourd'hui. Devoir maison pour la prochaine fois : "The Lemonhead (2006) : exploit renouvelable ou chant du cygne miraculeux ?"
Comme vous pouvez le constater au premier abord, une pochette bariolée un poil pop art pour un digipack vide de tout bonus, hormis un petit texte présentatif, c'est un peu léger et ça peut sentir le vite-fait. Ca nous fait donc partir sur un a priori négatif. Mais vous savez comme moi que les apparences peuvent être trompeuses et qu'on ne doit pas juger un disque sans l'écouter. Sauf si son écoute est risquée pour votre santé mentale, évidemment, je tiens à préserver mes étudiants. C'est pourquoi vous n'entendrez pas de Daft Punk dans ma classe, entre autres.
Écoutons un peu. Qu'avons-nous là ? Oui, c'est exactement ça, un ensemble de versions acoustiques primitives de qualité sonore médiocre de morceaux qui seront sur un album à venir, communément appelé "démo". Si vous avez révisé vos classiques injustement méconnus, vous saurez que celle-ci concerne l'album Come On Feel The Lemonheads. Je vous propose donc un plan en 2 parties I/Cette démo est-elle bonne ?, II/Quel est l'intérêt d'un tel album ?
I/ Indéniablement, oui. Et ce n'est pas incompatible avec la qualité sonore médiocre, évidemment. Rappelez-vous le théorème de Lou Barlow : la valeur d'un enregistrement est inversement proportionnelle à la pourritude de sa qualité s'il y a de l'émotion et de la sincérité. Vous entendez les hésitations d'Evan Dando, les variations dans son timbre de voix, néanmoins maitrisé, la moto qui passe à la fin de "Being Around", le public qui papote, la mer et les oiseaux : on est indéniablement dans un enregistrement lo-fi sincère.
Le choix des morceaux, primordial, est ici irréprochable. "Style", "Great Big No", "Down About It", "Into Your Arms", la reprise de Smudge "Superhero", inédite en plus. Du très bon. Certes, il y a d'autres titres plus dispensables, moins marquants, mais globalement on n'a rien ici de vraiment mauvais. En même temps, la démo suit la logique de l'album, et c'est tout naturel. Donc, en matière de qualité, on en a pour son argent.
II/ En revanche, en matière d'intérêt, la question est plus complexe. Un album acoustique enregistré à l'arrache, ça n'est pas condamnable en soit. Référez-vous à Sentridoh si vous voulez plus d'informations sur le sujet. Mais là, en revanche, pas d'expérimentation. Et presque pas de morceaux inédits.
Sortir une démo, d'autres l'ont fait. Des exemples ? Frank Black Francis, oui, mais il y avait également dessus un deuxième disque original bien que non transcendant. Non, je pensais plutôt à autre chose de Frank Black. The Purple Tapes des Pixies, oui, très bien ! Que nous prouvent les Purple Tapes ? Que quand un groupe n'est pas près de ressortir quelque chose, la maison de disque peut toujours compter sur les démos.
Alors vous comprenez bien que quand Evan Dando nous parle dans le petit texte introductif du rêve inachevé jusqu'alors de faire un album avec 53$, comme si c'était une démarche artistique derrière ce Hotel Sessions, c'est un peu du foutage de gueule.
En conclusion, un disque de démos, quand elles sont de cette qualité (et je ne parle pas de la qualité de l'enregistrement, bien entendu), c'est toujours une bonne chose. Mais ça perd tout son sens quand c'est sorti presque 20 ans après, au milieu de nulle part, et sans réelle explication. Nous jugerons donc ce disque au spectre de sa pertinence et non sur sa qualité intrinsèque, et en déduirons que si celui-ci avait été intégré à une édition deluxe de Come On Feel The Lemonheads, album à réhabiliter, au lieu d'être présenté comme une fausse bonne idée artistique, il aurait eu toute notre adhésion. Là, l'ensemble tombe à plat. Ce genre d'opérations maisondediscales justifie le recours au téléchargement illégal.
C'est tout pour aujourd'hui. Devoir maison pour la prochaine fois : "The Lemonhead (2006) : exploit renouvelable ou chant du cygne miraculeux ?"
Passable 11/20 | par Blackcondorguy |
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