Lower Dens

"Brains". La rythmique est semblable à un petit train au départ d'une destination inconnue, mais forcément ravissante. On ne sait pas vraiment où on va, mais le voyage sera très agréable, pour sûr. Se laisser happer par le chant intrigant de Jana Hunter et admirer le paysage. Pour le moment, le soleil est au rendez-vous. Et puis, depuis les fenêtres du train, de surprenants nuages font une lente apparition et viennent bousculer toutes les certitudes. Mais point d'orage ici. Juste une douce pluie mélancolique qui s'installe avec une rare délicatesse. Des arrangements fabuleux de discrétion, des murmures envoûtants font glisser le morceau dans une nouvelle dimension. Ce changement se fait sur quelques secondes, autour de 1m48 pour être précis, et fait partie de ces petits bonheurs musicaux indéfinissables. Le chef-d'œuvre se déploie alors à vous pour toujours.
"Brains" donc. Envoyé en éclaireur en début d'année 2012 pour annoncer Nootropics, la pépite a de quoi remuer les méninges et faire basculer Lower Dens parmi les meilleurs de sa génération.

Souvent proches des cousins Deerhunter par leur kraut-pop sombre et matinée de shoegaze, parfois oniriques comme Beach House (les cliquetis et l'envolée majestueuse de "Nova Anthem" n'auraient pas dépareillé sur Devotion), les Américains impressionnent par leur son ample, beaucoup plus aérien et épuré que sur "Twin-Hand Movement". Surtout, Lower Dens tient là un fragile équilibre entre mélodies irradiantes d'une simplicité renversante et noirceur abyssale. Capables de composer des titres cauchemardesques et tourmentés, comme sur les 12 minutes pleines de tension du final "In The End Is The Beginning", le groupe de Baltimore (tient, comme Beach House !) fait un bon de géant sur ce deuxième album. Un disque qui n'a pas fini de vous retourner le Brain.