Mount Eerie
Ocean Roar |
Label :
P.W. Elverum & Sun |
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Et le voilà, le pendant sombre de Clear Moon, celui qu'on attendait depuis la mi-mai, depuis que l'on avait appris l'intention d'Elvrum de sortir deux albums en 2012 (et si l'on en croit les catastrophistes, il fait bien de se dépêcher). Ocean Roar, donc, est censé représenter la face sombre et expérimentale de Mount Eerie. Et de fait, l'album est plutôt difficile d'accès, comme a pu l'être Wind's Poem en 2009 lorsque le public de Phil Elvrum s'est retrouvé face à une violence sonore sans précédent. Cette fois-ci on nous avait prévenu, mais ça n'empêche pas l'album de faire son petit effet.
La distorsion est de mise, et les drones aériens de Clear Moon disparaissent au profit des synthés et guitares les plus noisy qui soient. Mais ce n'est pas tout ; un autre élément est aussi mis (argh) en retrait, j'ai nommé la voix du Philou. L'élément humain qui contrebalance l'apparente opacité des expérimentations d'Elvrum, qui accompagnait son songwriting, s'efface partiellement sur Ocean Roar. Ok on était averti, reste que l'organe fragile de l'homme nous manque cruellement pendant nos premiers pas sur ce disque qui n'en paraît que plus brumeux et agressif. On se retrouve tout seul perdu au milieu de 36 minutes d'un épais brouillard surplombant un océan de guitares déchainé. Les premières minutes de "Pale Lights" sont formelles. Lorsque le chant d'Elvurm fait son entrée, c'est tout le mix qui fout le camp, laissant le chanteur seul à pousser son appel à l'aide : "'Who is there ?' I call, a small yelp to the wind, And then, more roaring". Et le mix de revenir au galop, lardé d'orgues terribles et de guitares vengeresses. Le message est clair ; sur cet album, la voix et le bruit ne se mélangeront pas.
De prime abord, j'ai eu du mal à apprécier cet album. La première écoute passée, où j'avais été impressionné par l'intensité du disque - surtout après la douceur éthérée de Clear Moon, je n'y avais en fin de compte pas trouvé grand chose de bien attirant. La part due au songwriting était réduite à deux pistes à peine, le reste n'étant qu'ambiances lourdes et grosses guitares. Puis un jour, alors que j'écoutais Clear Moon le lecteur s'est mis à enchaîner la dernière piste de celui-ci avec la première d'Ocean Roar. Et lumière fut, tant l'album est le contrepoids parfait de son grand frère.
Et même si les 10 minutes de "Pale Lights" me paraissent encore longuettes, tant le motif se répète ad libitum du début à la fin du morceaux, le reste n'est que beauté électrique, prenant tout son sens dans la continuité (et surtout le contraste) avec la plénitude de Clear Moon. Ainsi, "Engel del Luft" atomise l'originale de Popol Vuh en l'éviscérant pour l'emplir de feedback black-métalliques, pendant que "Waves" détruit l'architecture sonore à coup de cymbales et de vagues de guitare pour emplir totalement l'espace. "Ocean Roar" et "I Walked Home Beholding" sont les deux respirations bienvenues du disque. Entre les harmonies vocales haut perchées des sirènes de la premières et le calme serein de la deuxième, on souffle un peu, on se repose au doux son du songwriting retrouvé de d'Elvrum avant de repartir à l'assaut de cet océan furieux. Enfin, Phil nous laisse avec deux intrumentaux (ainsi nommés, comme d'habitude), et si le dernier conclut l'album avec 7 minutes de noise-guitar que n'aurait certainement pas renié Thurston Moore, le premier offre avec majesté une composition simple et down-tempo, où de lointains arrangements de vents orientaux ponctuent de légères distorsions.
Difficile de conclure, sinon en conseillant vivement l'écoute des deux disques d'affilée pour ce qui est en fait un double-album en deux parties très distinctes mais néanmoins reliées (et de fait, "Pale Lights" commence là où termine "(Synthesizers)"). Sur ce diptyque sont séparées les deux faces de Mount Eerie. L'une, aérienne, est tout en calme et en sérénité tandis que l'autre, bien plus plombée, dispense à tout va rage électrique et expérimentations obtuses... telle une image et son négatif.
Et mises bout-à-bout, ces deux entités pourraient bien être la meilleure chose sortie par Phil Elvrum sous son l'incarnation Mount Eerie. À bon entendeur...
La distorsion est de mise, et les drones aériens de Clear Moon disparaissent au profit des synthés et guitares les plus noisy qui soient. Mais ce n'est pas tout ; un autre élément est aussi mis (argh) en retrait, j'ai nommé la voix du Philou. L'élément humain qui contrebalance l'apparente opacité des expérimentations d'Elvrum, qui accompagnait son songwriting, s'efface partiellement sur Ocean Roar. Ok on était averti, reste que l'organe fragile de l'homme nous manque cruellement pendant nos premiers pas sur ce disque qui n'en paraît que plus brumeux et agressif. On se retrouve tout seul perdu au milieu de 36 minutes d'un épais brouillard surplombant un océan de guitares déchainé. Les premières minutes de "Pale Lights" sont formelles. Lorsque le chant d'Elvurm fait son entrée, c'est tout le mix qui fout le camp, laissant le chanteur seul à pousser son appel à l'aide : "'Who is there ?' I call, a small yelp to the wind, And then, more roaring". Et le mix de revenir au galop, lardé d'orgues terribles et de guitares vengeresses. Le message est clair ; sur cet album, la voix et le bruit ne se mélangeront pas.
De prime abord, j'ai eu du mal à apprécier cet album. La première écoute passée, où j'avais été impressionné par l'intensité du disque - surtout après la douceur éthérée de Clear Moon, je n'y avais en fin de compte pas trouvé grand chose de bien attirant. La part due au songwriting était réduite à deux pistes à peine, le reste n'étant qu'ambiances lourdes et grosses guitares. Puis un jour, alors que j'écoutais Clear Moon le lecteur s'est mis à enchaîner la dernière piste de celui-ci avec la première d'Ocean Roar. Et lumière fut, tant l'album est le contrepoids parfait de son grand frère.
Et même si les 10 minutes de "Pale Lights" me paraissent encore longuettes, tant le motif se répète ad libitum du début à la fin du morceaux, le reste n'est que beauté électrique, prenant tout son sens dans la continuité (et surtout le contraste) avec la plénitude de Clear Moon. Ainsi, "Engel del Luft" atomise l'originale de Popol Vuh en l'éviscérant pour l'emplir de feedback black-métalliques, pendant que "Waves" détruit l'architecture sonore à coup de cymbales et de vagues de guitare pour emplir totalement l'espace. "Ocean Roar" et "I Walked Home Beholding" sont les deux respirations bienvenues du disque. Entre les harmonies vocales haut perchées des sirènes de la premières et le calme serein de la deuxième, on souffle un peu, on se repose au doux son du songwriting retrouvé de d'Elvrum avant de repartir à l'assaut de cet océan furieux. Enfin, Phil nous laisse avec deux intrumentaux (ainsi nommés, comme d'habitude), et si le dernier conclut l'album avec 7 minutes de noise-guitar que n'aurait certainement pas renié Thurston Moore, le premier offre avec majesté une composition simple et down-tempo, où de lointains arrangements de vents orientaux ponctuent de légères distorsions.
Difficile de conclure, sinon en conseillant vivement l'écoute des deux disques d'affilée pour ce qui est en fait un double-album en deux parties très distinctes mais néanmoins reliées (et de fait, "Pale Lights" commence là où termine "(Synthesizers)"). Sur ce diptyque sont séparées les deux faces de Mount Eerie. L'une, aérienne, est tout en calme et en sérénité tandis que l'autre, bien plus plombée, dispense à tout va rage électrique et expérimentations obtuses... telle une image et son négatif.
Et mises bout-à-bout, ces deux entités pourraient bien être la meilleure chose sortie par Phil Elvrum sous son l'incarnation Mount Eerie. À bon entendeur...
Bon 15/20 | par X_Wazoo |
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