Saroos
See Me Not |
Label :
Anticon |
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Saroos c'est un peu le tiercé gagnant ou le flop de rêve pour les non turfistes. C'est la dream team des acteurs secondaires de la scène électro-pop allemande, la victoires de jockeys outsiders des écuries Morr Music, Alien Transistor, Monika Enterprise, Payola ou Lok Music (ndc : aucun lien), la confluence de ruisseaux qui dorment dans les lits de Console, Lali Puna ou Contriva. Pour la deuxième fois et avec plus de réussite, Christoph Brandner, Florian Zimmer et Max Punktezahl se réunissent sans éveiller les soupçons et déballent leurs lourds bagages techniques. See Me Not est le caravansérail où se retrouvent de façon improvisée trois artistes qui ont fait leur bout de chemin indépendamment mais ont une grande connaissance du parcours des deux autres. Les nomades germaniques qui fréquentent ces contrées sont liés par le sang qu'ils le veuillent ou non. Les huit morceaux qui composent cet album renvoient donc forcément à de nombreux références. Impossible de masquer les connexions des trois allemands, parties intégrantes de leurs carrières mais également trop fructueuses pour les laisser périr. L'excellent "Daylight Chant" retranscrit l'inertie alarmiste d'un "Day 7", les éléments de langage électroniques et rythmiques tendent vers du Martin Gretschmann pur jus ("Týden Divu"), les voix féminines qui habitent silencieusement "Yukoma" et d'autres pourraient celles de Valerie Trebeljahr ou de Masha Qrella... Malgré tout, si Alien Transistor et Anticon, qui distribuent l'album sur les deux parties du globe, avaient fait jaillir le projet 13 & God en 2005 dans un terrain relativement connu, c'est du côté électro-dub qu'il faut chercher pour cet essai confié qui plus est à la patte de Odd Nosdam. Elliptique, répétitif, évanescent, See Me Not creuse dans des strates bien plus primaires de l'électro-pop teutonne. Avec "Lobster Claw" comme entrée de choix, c'est un cortège de titres cérébraux qui défile dans une urgence bruitiste, titille des vibrations primitives aux échos lancinants et vaporise les ondes sonores à l'état d'une fine bruine glacée pour finir parfois télescopées dans un bruit de fond crépitant ou des effets cosmiques vagabonds. Il y a comme une raideur cadavérique sur ce premier titre, un chaos crépusculaire que l'on retrouve sur "Fog People" qui semble résulter de la collision entre Tied & Tickled Trio et le Do Make Say Think errant des débuts. La procession se répand alors avec méthode, guidée par un certain nombre d'automatismes, ponctuée de spasmes par moments, et puis une touche d'orient qui résulte sûrement de leur lieu de retrouvailles. Le groupe lâche rarement la bride comme pour "Daylight Chant" et se cantonne plutôt à ses entrelacs sépulcraux et ambiants. C'est avec cette formule qu'il se forge une identité à part entière, à l'écart des noms précités, dans un clivage prononcé mais dont les contours peuvent s'effacer soudainement vers des horizons éphémères plus affables et familiers. L'union des ombres Saroos prend plus que ses marques mais prend ses aises dans une branche dont tout reste à découvrir et à approfondir, et perfectionne sûrement sa recette.
Très bon 16/20 | par TiComo La Fuera |
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