Keren Ann

La Disparition

La Disparition

 Label :     Emi / Capitol 
 Sortie :    lundi 22 avril 2002 
 Format :  Album / CD   

Deuxième album de Keren Ann, La Disparition est assez symptomatique de ce qu'on a pu appeler à l'époque "la nouvelle chanson française ". La même année, on assiste notamment au succès de Vincent Delerm, et aussi de Carla Bruni, qui n'était alors pour le grand public qu'une ancienne Top Model, et s'apprêtant à sortir Quelqu'un M'a Dit .

Toujours co-écrit avec Benjamin Biolay, et forts de leurs différents succès individuels et communs (La Biographie De Luka Philipsen, Rose Kennedy et surtout Jardin D'Hiver composé pour Henri Salvador), La Disparition peut donc alors trouver aisément sa place sur une étagère Ikéa, rangé entre plusieurs de ses contemporains, et s'écouter pendant que vous commandez des Pizzas, comme l'autre qui s'en fout et qui n'y va pas.

Il y en a effet un quelque chose de plus " Parisien " dans ce disque (si l'on considère la formule gagnante de l'époque : de la musique douce commandée par une guitare + paroles réalistes+ évocation de monuments ou d'endroits de la capitale qui satisfont les initiés et font rêver ceux qui en sont loin- on pense à " Surrannée "), et il est vrai qu'à ce moment-là, Benjamin Biolay ne se cache pas de vouloir conquérir Saint- Germain et rencontrer ses idoles des années 60 encore en vie, pour devenir le Serge Gainsbourg des années 2000. On ne peut donc pas faire plus Inrocks/Télérama-compatible en 2002.

Si La Biographie De Luka Philipsen avait ses moments un peu coupables, il épousait néanmoins une variété, dans son sens à la fois noble et purement classique, rafraîchissante et touchante, où la voix encore timide et fragile de Keren Ann apportait un charme certain. On y croisait du Pop Rock, du Trip-Hop,de la Bossa Nova, de la Folk et des arrangements classiques, sous des formes simples et plaisantes.
Pour La Disparition, on aura donc de manière prédominante le mariage des origines Folk de Keren Ann et des arrangements classiques de Biolay, sous une production douce et cotonneuse. Pourtant, c'est lorsqu'ils s'écartent de ce style plus convenu qu'ils sont plus intéressants : à ce titre," La Corde Et Les Chaussons " marque des arrangements R'N'B bienvenus, alors que la chanson est très casse-gueule et pourrait sombrer à tout moment dans le ridicule. Mais non. Le truc tient par on ne sait quelle magie, peut-être la sincérité de Keren Ann si l'on est un tant soit peu amateur de la chanteuse. Il y a également " Le Chien d'Avant Garde " plutôt Bluesy et pas désagréable pour le coup, et quelques surprises inattendues comme les arrangements lorgnant du côté de Danny Elfman et de l'univers de Tim Burton dans " Le Sable Mouvant ".

Pour le reste, on a un disque très homogène, qui au choix, apaisera ou ennuiera. Attention, tout est bien exécuté, c'est soigné, travaillé, écrit, délicat et tout ça, tout ça, mais le disque précédent et ceux ultérieurs sont bien plus intéressants. Pour simplifier les choses, il n'y a pas de prise de risque (soit la vraie variété du premier album, soit les incursions transatlantiques de Keren Ann ou Nolita, les essais électroniques de 101 et les vraies origines Folk totalement assumées qui seront présentes de manière authentique sur tous les albums cités). D'ailleurs lors de la tournée pour La Disparition, Keren Ann s'affranchira de plus en plus du modèle " Biolay ", affichera des poses de moins en moins timides et se révèlera de plus en plus à elle-même et au public (démarche qui sera entamée un an plus tard sur Not Going Anywhere et surtout avec le projet Lady And Bird), pour enfin apparaître plus bohème que bourgeoise, et vraie citoyenne du monde (pas dans son sens énervant, hein...).

De La Disparition seront notamment extraits les singles " Au Coin Du Monde " et " Surranée ", qui font le travail en tant que tels, mais qui ont le défaut de ne pas pouvoir révéler le visage le plus intéressant de Keren Ann (et ni même de Biolay).

Qu'importe, ce ne sera qu'un petit accident de parcours. La chanteuse prouvera, comme nous l'avons dit, qu'elle ne se range pas dans une étagère Ikea, et qu'elle peut voyager bien au-delà des salons confortables où se complurent bon nombre de ses contemporains à se demander " C'est Quand Le Bonheur ? " ou qui était dans leur couple celui qui speede l'autre.


Correct   12/20
par Machete83


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