Me'shell Ndegeocello
Devil's Halo |
Label :
Downtown |
||||
Deux ans après l'excellent et déroutant The World Has Made Me the Man of My Dreams (2007), Meshell Ndegeocello poursuit dans la veine expérimental en proposant une douzaine de nouvelles chansons aux inspirations diverses: de la soul (indépendante aurait-on envie de dire), du rock, de la pop, un peu de funk, un peu d'ambient, et pas mal d'electronica. Un peu comme si elle voulait définitivement faire taire les critiques qui, de par sa couleur de peau, l'ont trop souvent classée dans le R&B, le hip-hop et la soul – comme Santigold plus récemment, elle a d'ailleurs déjà exprimé son rejet de cette catégorisation facile et quasi raciste des artistes black. Cela étant, il est vrai que cet étiquetage a été largement facilité par ses quatre premiers albums, de Plantation Lullabies (1993) à Cookie: The Anthropological Mixtape (2002), mais nous ne nous attarderons pas sur ce point.
D'une très courte durée (environ trente-six minutes), Devil's Halo est majoritairement composé de chansons qui, à première vue, ressemblent à des ébauches, des petits morceaux instinctifs sans fioritures qui vont directement à l'essentiel. Ainsi, on retrouve un petit interlude ambient plutôt triste (la plage-titre), une superbe reprise très personnelle de "Love You Down" de Ready for the World, ou encore deux minis "chansons" (si on peut dire tant les codes traditionnels de la "chanson" ne s'y retrouvent pas vraiment) d'electronica aérienne ("Tie One On" et "Hair of the Dog" dans laquelle on retrouve Lisa Germano au violoncelle) – deux plages où la voix se noie dans un océan instrumental. Peut-être plus encore que sur les autres albums de Meshell, ce qui marque particulièrement sur Devil's Halo, c'est bien l'équilibre de l'instrumental et de la voix, voire la prédominance de l'instrument sur le chant sur de nombreux titres (bien qu'il s'agisse d'une tendance assez générale, ajoutons notamment, en plus des chansons citées précédemment, "Die Young" ou "Lola" qui se terminent tous deux par un long final instrumental).
À sa sortie, Devil's Halo a tout comme son prédécesseur hautement expérimental plutôt dérouté les fans de la première heure. Artiste sans concession, Meshell ne refait jamais deux fois le même album et laisse libre cours à sa créativité, rien qu'à ça, pour réellement être en phase avec une identité riche, complexe et à fleur de peau. Cet aspect "à fleur de peau" se traduit tout au long de l'opus d'ailleurs, que ce soit dans la plage d'ouverture "Slaughter" qui commence presque comme un morceau de méditation new age avant d'exploser violemment dans un refrain pêchu aux paroles sombres et désabusées ou bien encore dans la plage de fermeture "Crying in Your Beer" où l'on retrouve une Meshell méditative et plaintive ("don't let me die alone") sur un banjo et une guitare.
Probablement son album le plus chargé en émotions depuis Bitter, sorti dix ans plus tôt en 1999, Devil's Halo est un album relativement difficile d'accès, et ce malgré de certaines qualités mélodiques ("Slaughter", "Blood on the Curb"). Bien qu'il n'ait produit aucun single – d'ailleurs ce n'est pas comme si un single potentiel s'y cachait – Devil's Halo se révèle être un disque particulièrement réconfortant une fois apprivoisé: un de ses disques "de chevet", comme l'on dit parfois pour les livres, et que l'on se plaira à déplacer régulièrement jusqu'aux platines.
D'une très courte durée (environ trente-six minutes), Devil's Halo est majoritairement composé de chansons qui, à première vue, ressemblent à des ébauches, des petits morceaux instinctifs sans fioritures qui vont directement à l'essentiel. Ainsi, on retrouve un petit interlude ambient plutôt triste (la plage-titre), une superbe reprise très personnelle de "Love You Down" de Ready for the World, ou encore deux minis "chansons" (si on peut dire tant les codes traditionnels de la "chanson" ne s'y retrouvent pas vraiment) d'electronica aérienne ("Tie One On" et "Hair of the Dog" dans laquelle on retrouve Lisa Germano au violoncelle) – deux plages où la voix se noie dans un océan instrumental. Peut-être plus encore que sur les autres albums de Meshell, ce qui marque particulièrement sur Devil's Halo, c'est bien l'équilibre de l'instrumental et de la voix, voire la prédominance de l'instrument sur le chant sur de nombreux titres (bien qu'il s'agisse d'une tendance assez générale, ajoutons notamment, en plus des chansons citées précédemment, "Die Young" ou "Lola" qui se terminent tous deux par un long final instrumental).
À sa sortie, Devil's Halo a tout comme son prédécesseur hautement expérimental plutôt dérouté les fans de la première heure. Artiste sans concession, Meshell ne refait jamais deux fois le même album et laisse libre cours à sa créativité, rien qu'à ça, pour réellement être en phase avec une identité riche, complexe et à fleur de peau. Cet aspect "à fleur de peau" se traduit tout au long de l'opus d'ailleurs, que ce soit dans la plage d'ouverture "Slaughter" qui commence presque comme un morceau de méditation new age avant d'exploser violemment dans un refrain pêchu aux paroles sombres et désabusées ou bien encore dans la plage de fermeture "Crying in Your Beer" où l'on retrouve une Meshell méditative et plaintive ("don't let me die alone") sur un banjo et une guitare.
Probablement son album le plus chargé en émotions depuis Bitter, sorti dix ans plus tôt en 1999, Devil's Halo est un album relativement difficile d'accès, et ce malgré de certaines qualités mélodiques ("Slaughter", "Blood on the Curb"). Bien qu'il n'ait produit aucun single – d'ailleurs ce n'est pas comme si un single potentiel s'y cachait – Devil's Halo se révèle être un disque particulièrement réconfortant une fois apprivoisé: un de ses disques "de chevet", comme l'on dit parfois pour les livres, et que l'on se plaira à déplacer régulièrement jusqu'aux platines.
Très bon 16/20 | par Rebecca Carlson |
En ligne
122 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages