Crystal Castles

Inutile de chercher quoi que ce soit de neuf ou de surprenant dans ce deuxième album de Crystal Castles: le duo canadien a fermement décidé de rester sur ses (excellents) acquis. Tout au plus y verra-t-on une certaine volonté d'homogénéité, un abandon de la schizophrénie foudroyante au profit d'une folie plus contrôlée (si l'on excepte le pur délire bruitiste, presque provoc', du single "Doe Deer", loin d'être représentatif d'un disque par ailleurs assez sage). Par conséquent, ceux qui ne connaissent pas seront vite bluffés... Mais les autres ?

Eh bien les autres ne sont pas dupes et sentent bien que le couple prodige a mis de l'eau dans son vin. Ne serait-ce que par l'utilisation beaucoup plus fréquente de la voix, gros moteur diesel popisant. Présenté ainsi, ça pourrait sentir le pâté Auchan, ou presque. Mais ce serait faire fi du savoir-faire de Crystal Castles pour construire des chansons électroniques suprêmement efficaces: les gros beats séduisent immédiatement, les réverbérations démesurées assurent le trip psyché, et les basses aguicheuses finissent le travail de sape; d'aucuns diraient que le reste n'est qu'affaire d'enrobage, mais c'est bien là qu'Ethan Kath et Alice Glass sont meilleurs que leurs concurrents.

Ainsi, leur son est désormais immédiatement identifiable, et ils savent s'approprier la moindre mélodie quand bien même on a l'impression de l'avoir déjà entendue mille fois. Et voilà le résultat: dès que la facilité pointe le bout de son nez (souvent ici !), elle est piquée de mille et une trouvailles sonores et se fait oublier. Oui, on est emporté par la "touch" Crystal Castles ! Difficile de dire si la formule saura résister à l'épreuve du temps, mais pour l'instant, ça fait mouche.