Baths
Cerulean |
Label :
Anticon |
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Baths... Will Wiesenfeld ne pouvait pas mieux choisir comme nom pour nous lancer ce premier jet. C'est après avoir vu des artistes comme Daedelus, Flying Lotus (la pochette fait d'ailleurs penser à celle de Cosmogramma) ou Nosaj Thing soulever les foules avec un simple laptop que le californien décide de laisser tomber [Post-Foetus] et de faire peau neuve. Etre libre. Voilà ce qui a toujours compté pour lui. Saturé de musique classique durant son enfance (il apprend le piano de 4 à 12 ans), il refuse de se conformer aux partitions usantes et impersonnelles et lâche cette voie toute tracée des interprétations ad libitum. Ce n'est que plus tard qu'il reprendra les touches pour servir ses propres envies : celles de composer et de déstructurer. Mais cela ne lui suffit pas, il doit évoluer seul. Et s'il se fait connaître avec le prometteur The Fabric, enregistré avec son groupe et passé entre les (bonnes) mains de Daedelus, incontournable sur la beat scene de Los Angeles, il annonce à Anticon à la signature qu'il fera pour Cerulean ce qu'il lui plait (pour faire simple).
Baths le bien nommé donc car, comme vous vous en apercevrez rapidement, on baigne ici bel et bien dans une électro moussante tricotée de pensées prises sur le fil. Cet auto-proclamé amateur utilise les enseignements rigoureux du classique pour bâtir un mélange organique d'abstract, de ritournelles funky chéries par Bibio ("Aminals" euphorisant qui sent bon l'enfance et les J5), de sleepy music et de ce naturel nonchalant propre à Toro Y Moi à laisser traîner sa voix. Dans ce clapotis en goguette, l'oxygène sous forme dissoute ressurgit par poche et engendre des remous pétillants délicieux ponctuant chaque titre d'une truffée de bulles revigorantes – et voilà pour la définition du bleu ciel aérien de Cerulean ! En effet, entre claps et beats hip hop ou même leur pénurie, rythmes hachés, à contre-temps ou déliés, des bribes de voix et d'instruments appris à l'adolescence dont un piano très présent (forcément ?) ressortent pour récupérer leurs bouffées d'air et s'agencent avec une facilité stupéfiante. Syncopés. Déformés. Ils sont expulsés comme des petits diables en boîte ou encore des filaments sous couvert d'un voile aquatique qui ne quittera pas la surface. Même la pluie et les oiseaux ne s'expriment pas de façon continue sur "Rain Smells"... "Lovely Bloodflow" est sans doute le meilleur exemple de cette émulsion : basse à ressort, envolée de piano qui devient l'écho d'un sonar, voix travesties avec ivresse... Après un 'you crawled through my computer' lancé d'entrée sur "Apologetic Shoulderblades" ou quelque chose qui y ressemble, Wiesenfeld répète son désir de captiver et de convertir même les plus réfractaires. Mais le plus étonnant dans tout ça est la place des textes. L'américain a écrit quelques lignes pour chacune de ses composition (excepté le répit ambiant "Rafting Starlit Everglades") et fait preuve d'un grand romantisme avec très peu de mots et d'effusion. Romantisme braillé d'une voix dégénérée qui le renie presque comme pour se prémunir du ridicule, mais qui laisse tout de même une empreinte très plaisante et unique. "Rain Smells"est sublime dans le genre.
En résumé, Celurean est une magnifique excursion sous-marine faite avec un vélo à roues carrées dans un jacuzzi kitch en forme de cœur. C'est con mais c'est bon 'and it is always the simplest shit that means the most' (c'est rare de citer autant un artiste électro).
Baths le bien nommé donc car, comme vous vous en apercevrez rapidement, on baigne ici bel et bien dans une électro moussante tricotée de pensées prises sur le fil. Cet auto-proclamé amateur utilise les enseignements rigoureux du classique pour bâtir un mélange organique d'abstract, de ritournelles funky chéries par Bibio ("Aminals" euphorisant qui sent bon l'enfance et les J5), de sleepy music et de ce naturel nonchalant propre à Toro Y Moi à laisser traîner sa voix. Dans ce clapotis en goguette, l'oxygène sous forme dissoute ressurgit par poche et engendre des remous pétillants délicieux ponctuant chaque titre d'une truffée de bulles revigorantes – et voilà pour la définition du bleu ciel aérien de Cerulean ! En effet, entre claps et beats hip hop ou même leur pénurie, rythmes hachés, à contre-temps ou déliés, des bribes de voix et d'instruments appris à l'adolescence dont un piano très présent (forcément ?) ressortent pour récupérer leurs bouffées d'air et s'agencent avec une facilité stupéfiante. Syncopés. Déformés. Ils sont expulsés comme des petits diables en boîte ou encore des filaments sous couvert d'un voile aquatique qui ne quittera pas la surface. Même la pluie et les oiseaux ne s'expriment pas de façon continue sur "Rain Smells"... "Lovely Bloodflow" est sans doute le meilleur exemple de cette émulsion : basse à ressort, envolée de piano qui devient l'écho d'un sonar, voix travesties avec ivresse... Après un 'you crawled through my computer' lancé d'entrée sur "Apologetic Shoulderblades" ou quelque chose qui y ressemble, Wiesenfeld répète son désir de captiver et de convertir même les plus réfractaires. Mais le plus étonnant dans tout ça est la place des textes. L'américain a écrit quelques lignes pour chacune de ses composition (excepté le répit ambiant "Rafting Starlit Everglades") et fait preuve d'un grand romantisme avec très peu de mots et d'effusion. Romantisme braillé d'une voix dégénérée qui le renie presque comme pour se prémunir du ridicule, mais qui laisse tout de même une empreinte très plaisante et unique. "Rain Smells"est sublime dans le genre.
En résumé, Celurean est une magnifique excursion sous-marine faite avec un vélo à roues carrées dans un jacuzzi kitch en forme de cœur. C'est con mais c'est bon 'and it is always the simplest shit that means the most' (c'est rare de citer autant un artiste électro).
Parfait 17/20 | par TiComo La Fuera |
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