Keiji Haino
C'est Parfait, Endoctriné Tu Tombes La Tête La Première |
Label :
Turtle's Dream |
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Quelle purge ! Ce disque aurait aussi bien fait de s'appeler "Catharsis".
Dans la pléthorique discographie de Keiji Haino et de ses différentes incarnations et collaborations, "C'est Parfait, Endoctriné Tu Tombes La Tête la Première N'Essayant Pas De Comprendre Quelque Chose Si Tu Te Prépares À La Décision D'Accepter De Tout Comprendre En Toi-Même Cela Se Résoudra" est sans nul doute à placer sur le podium de ses œuvres les plus extrêmes. On a pu voir le japonais furieux sous diverses formes, accompagné par sa guitare, par un piano, par des percussions, voire par tout un groupe à la fois. Là, c'est uniquement pourvu d'une boîte à rythme et de son organe vocal toujours aussi époustouflant qu'il enregistre C'est parfait (c'est quand même plus agréable une fois tronqué).
Et il convient de revenir sur cette boîte à rythme. Ne vous attendez pas à du poum-tchak robotique façon eighties, non. À l'image de Haino, qu'elle complète à merveille, la boîte est une véritable porte ouverte sur le monde des antiques démons japonais, ceux-là même qui habitent le samouraï Keiji et le poussent à s'égosiller sans retenue ni compassion pour le micro qui sature à foison tout au long de l'enregistrement. Suite arythmique de timbales, avalanche de toms dépourvue de sens, la machine se fait avatar du Démon. Sur ces atteintes cinglantes à nos tympans effrayés, Haino pose ses élucubrations, tantôt essoufflées, tantôt murmurées, le plus souvent hurlées sans ménagement. Dans ce vacarme d'apocalypse, les images viennent d'elle-même à l'auditeur abasourdi, qui essaie désespérément de donner un sens à tant de déchaînement. Haino, possédé par quelque démon, se bat-il pour préserver sa santé mentale (quitte à égratigner la nôtre), engagé dans un combat intérieur terrifiant dans lequel la seule issue est l'abandon ou le seppuku ?
On peut distinguer quelques éléments récurrents, quelques infimes points d'accroches dans ce bazar. Perdues dans le marasme, quelques boucles vocales viennent en overdub derrière les cris. Ces mantras, imagine-t-on, sont autant de tentatives futiles de Keiji pour garder l'esprit clair alors que le démon gagne du terrain. La boîte à rythme prend bientôt le relai à elle seule. Les hurlements s'arrêtent, Haino à bout de force se laisse posséder. Et la machine de faire exploser tout son potentiel bruitiste, tout en martèlements sourds. Mais ce n'est pas terminé. Keiji, dans un dernier soubresaut (entendez par "soubresaut" "hurlement de cochon qu'on égorge") parvient à reprendre une dernière fois contrôle de lui-même. Et dans sa folie épique, résolu à mettre un terme à l'affrontement acharné, on l'imagine se saisir de son sabre et s'ouvrir le ventre depuis l'aine jusqu'au thorax. Furieux, le démon lâche prise et retourne à ses enfers. Haino, lui, victorieux dans la mort, prend ses tripes fumantes à bras le corps et les contemple en souriant, avant de s'écrouler une dernière fois sur le bouton STOP de l'enregistreur.
Je ne vais pas mentir, c'est un disque difficile, une cible facile pour les quolibets anti-bruitistes qui railleront les adorateurs de musique abstraite. Il faut avoir une certaine foi en l'artiste pour tenter une deuxième écoute après un premier contact forcément effrayant. Il faut être un peu masochiste pour en arriver à apprécier l'œuvre. Pour citer le Mozz dans sa chronique de Phaedra, "Entre inaudible et intemporel, je fais quoi moi ? Je coupe la poire en deux."
Dans la pléthorique discographie de Keiji Haino et de ses différentes incarnations et collaborations, "C'est Parfait, Endoctriné Tu Tombes La Tête la Première N'Essayant Pas De Comprendre Quelque Chose Si Tu Te Prépares À La Décision D'Accepter De Tout Comprendre En Toi-Même Cela Se Résoudra" est sans nul doute à placer sur le podium de ses œuvres les plus extrêmes. On a pu voir le japonais furieux sous diverses formes, accompagné par sa guitare, par un piano, par des percussions, voire par tout un groupe à la fois. Là, c'est uniquement pourvu d'une boîte à rythme et de son organe vocal toujours aussi époustouflant qu'il enregistre C'est parfait (c'est quand même plus agréable une fois tronqué).
Et il convient de revenir sur cette boîte à rythme. Ne vous attendez pas à du poum-tchak robotique façon eighties, non. À l'image de Haino, qu'elle complète à merveille, la boîte est une véritable porte ouverte sur le monde des antiques démons japonais, ceux-là même qui habitent le samouraï Keiji et le poussent à s'égosiller sans retenue ni compassion pour le micro qui sature à foison tout au long de l'enregistrement. Suite arythmique de timbales, avalanche de toms dépourvue de sens, la machine se fait avatar du Démon. Sur ces atteintes cinglantes à nos tympans effrayés, Haino pose ses élucubrations, tantôt essoufflées, tantôt murmurées, le plus souvent hurlées sans ménagement. Dans ce vacarme d'apocalypse, les images viennent d'elle-même à l'auditeur abasourdi, qui essaie désespérément de donner un sens à tant de déchaînement. Haino, possédé par quelque démon, se bat-il pour préserver sa santé mentale (quitte à égratigner la nôtre), engagé dans un combat intérieur terrifiant dans lequel la seule issue est l'abandon ou le seppuku ?
On peut distinguer quelques éléments récurrents, quelques infimes points d'accroches dans ce bazar. Perdues dans le marasme, quelques boucles vocales viennent en overdub derrière les cris. Ces mantras, imagine-t-on, sont autant de tentatives futiles de Keiji pour garder l'esprit clair alors que le démon gagne du terrain. La boîte à rythme prend bientôt le relai à elle seule. Les hurlements s'arrêtent, Haino à bout de force se laisse posséder. Et la machine de faire exploser tout son potentiel bruitiste, tout en martèlements sourds. Mais ce n'est pas terminé. Keiji, dans un dernier soubresaut (entendez par "soubresaut" "hurlement de cochon qu'on égorge") parvient à reprendre une dernière fois contrôle de lui-même. Et dans sa folie épique, résolu à mettre un terme à l'affrontement acharné, on l'imagine se saisir de son sabre et s'ouvrir le ventre depuis l'aine jusqu'au thorax. Furieux, le démon lâche prise et retourne à ses enfers. Haino, lui, victorieux dans la mort, prend ses tripes fumantes à bras le corps et les contemple en souriant, avant de s'écrouler une dernière fois sur le bouton STOP de l'enregistreur.
Je ne vais pas mentir, c'est un disque difficile, une cible facile pour les quolibets anti-bruitistes qui railleront les adorateurs de musique abstraite. Il faut avoir une certaine foi en l'artiste pour tenter une deuxième écoute après un premier contact forcément effrayant. Il faut être un peu masochiste pour en arriver à apprécier l'œuvre. Pour citer le Mozz dans sa chronique de Phaedra, "Entre inaudible et intemporel, je fais quoi moi ? Je coupe la poire en deux."
Moyen 10/20 | par X_Wazoo |
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