Keiji Haino
Paris [Centre Pompidou - In Famous Carrousel] - vendredi 31 octobre 2008 |
Keiji Haino ou l'art du vocal noise
Nous voici enfin pour Keiji Haino, moi, mon pote Duke et sa copine dans une salle assise du Centre Pompidou, en soirée d‘halloween pour le festival "In Famous Carrousel". On ne sait jamais sur quoi l'on va tomber tellement l'artiste peut être imprévisible musicalement parlant. Son instrument de prédilection étant la guitare (même si lui arrive d'avoir des lubies avec certaines percussions) nous nous attendions à le voir affublé d'une ou plusieurs guitares. Avec ça à lui seul, il a quasiment crée un mouvement, le harsh-noise, même s‘il n‘a pas fait que cela il reste une grande icône de la scène bruitiste japonaise, et croyez-moi ce n'est pas la chose que vous iriez conseillez à votre grand-mère (si comme tout humain normal vous aimez votre grand-mère), faisons bref: une musique à l‘oreille qui sonne désagréable et rebutant pour un néophyte.
Et ce soir alors la guitare ? Que nenni ! Pendant que le Duke trépigne d'impatience de voir son idole, les musiciens installent le matériel et aucune guitare ne pointe le bout de son nez, ou manche pour être plus exact. Que des micros et autres pédaliers reliés à deux amplis Fender de très bonne taille. C'est encore une surprise, le voir évoluer dans un univers vocal va être intéressant... Là ou il maîtrisait le domaine électrique avec la guitare et la saturation des sons, on le verra s'escrimer avec sa voix domaine de l'accoustique mais qu'Haino, on le découvrira, mêlera audacieusement avec le domaine de l'électrique.
Voilà qu'arrive une 1ère fois Haino avec un technicien pour régler un micro et les pédaliers. On le reconnaît bien par rapport aux photos, mince, cheveux à moitié gris et longs, toujours avec des soleils de soleil, ça entretient la légende. Ces tests nous mettent dans le bain, on remarque tout de suite le volume élevé des micros et amplis. Mais avec le Duke on avait prévu le coup, il est de ces artistes, comme avec Mogwai ou My Bloody Valentine, dont on sait qu'en concert (et plus particulièrement avec les concerts noise) il faut apporter ses bouchons pour oreilles pour être sûr ne pas ressortir avec un ou plusieurs acouphènes, temporaires pour les chanceux, et permanent pour les moins chanceux, mais retournons plutôt au concert.
Haino revient, la pénombre est là et restera durant tout le concert, pas besoin de multiples effets avec lui.
Il commencera crescendo, par de simples plaintes ou longues gammes vocales, comme pour se mettre en forme mais aussi nous habituer au son... Effectivement le volume est très élevé, je ne dirais pas qu'à ce moment précis il chantait fort, mais l'association de micros très sensibles aux ampli eux aussi très certainement poussés très haut, la salle en vibrait presque. Il m'a paru alors inconcevable de retirer les bouchons, j'entends bien la musique avec, et ce n‘était que la partie la plus "soft". Décidément même armé d'une seule voix Haino défend bien sa réputation. Il produit certains sons dont je pensais pas qu'il était possible pour un homme de les faire, du moins dans des conditions normales.
Il progresse, s'assied par terre, le chant, ou plutôt les sons sortent de sa gorge aidés par son ventre qu'il presse par moments, ou s'aide de ses mains pour propager vers le micro d'une certaine manière. On entend on sent les cordes vocales qu‘il fait vibrer, la précision et la puissance des micros est bluffante. Puis les sons commencent à devenir plus déstructurés, plus primaires. Le rendu est encore supportable pour l'assemblée.
Il n'y a pas de chansons ou structure pour le concert à proprement parlé mais une progression, de plus en plus forte, Haino se lâche, subitement à la moitié du concert au bout de 2 "parties", j'en sursaute presque. Un grand cri, la silhouette mince du Japonais qui maltraite le micro de son corps, de sa voix. Oui il se lâche, à travers un vomi, une masse informe vocale et ce ne sera que le début, puis il recommence, à expérimenter, toujours le son à fond. Les cris, certains stridents, sont toujours présent c'est plus agressif nous sommes bien entrés dans une nouvelle phase du concert.
Un "intermède" qui n'aura duré que 5mn.
5mn avant de brancher ses pédaliers reliés aux micros, le côté bruitiste et expérimental prend encore plus de relief. Une accalmie survient, mais il repart encore plus fort. Les aigus d'Haino peuvent faire mal, l'agressivité, la tension est toujours présente. Il se contorsionne sur les micros, usent à foison des samplers, créent des boucles avec ses cris, ses bruits vocaux qui reviennent hanter la "chanson".
Avant c'était encore soutenable pour certains spectateurs, mais maintenant ? Oui on en voient partir, faute de bouchons, faute d'habitude, ou d'ouverture. Il s'attendaient peut-être à autre chose, car on ne sait jamais ce que vous réserver ce maître du bruit. La courageuse grand-mère à côté de moi n'y résiste pas et part. La copine du Duke aussi, même les bouchons ne peuvent protéger de déferlement.
Certains sons ne paraissent même plus humains. Et l'on redéfinit les limites de la "musique". Haino est déjà parti depuis longtemps dans son univers, d'ailleurs il n'a que ça qui importe. Mais d'une certaine c'est aussi jubilatoire, voire un truc pareil, autant au début je trouvais cela intéressant et là, captivant. Une expérience à faire, peut-être pas pour tous.
Et la clôture, un effet Haino tout craché, avant de faire redescendre la pression, il repart très brièvement sur un micro, se cabre, et crie ses sons pour la dernière fois de la soirée...
A chaud on aurait préféré un concert avec la guitare, cela aurait été tout aussi agressif, il aurait transposé cela de la même manière qu'avec sa voix. Mais finalement en y repensant il n'y a pas de regrets à avoir avec performance vocale si particulièrement et originale...
Nous voici enfin pour Keiji Haino, moi, mon pote Duke et sa copine dans une salle assise du Centre Pompidou, en soirée d‘halloween pour le festival "In Famous Carrousel". On ne sait jamais sur quoi l'on va tomber tellement l'artiste peut être imprévisible musicalement parlant. Son instrument de prédilection étant la guitare (même si lui arrive d'avoir des lubies avec certaines percussions) nous nous attendions à le voir affublé d'une ou plusieurs guitares. Avec ça à lui seul, il a quasiment crée un mouvement, le harsh-noise, même s‘il n‘a pas fait que cela il reste une grande icône de la scène bruitiste japonaise, et croyez-moi ce n'est pas la chose que vous iriez conseillez à votre grand-mère (si comme tout humain normal vous aimez votre grand-mère), faisons bref: une musique à l‘oreille qui sonne désagréable et rebutant pour un néophyte.
Et ce soir alors la guitare ? Que nenni ! Pendant que le Duke trépigne d'impatience de voir son idole, les musiciens installent le matériel et aucune guitare ne pointe le bout de son nez, ou manche pour être plus exact. Que des micros et autres pédaliers reliés à deux amplis Fender de très bonne taille. C'est encore une surprise, le voir évoluer dans un univers vocal va être intéressant... Là ou il maîtrisait le domaine électrique avec la guitare et la saturation des sons, on le verra s'escrimer avec sa voix domaine de l'accoustique mais qu'Haino, on le découvrira, mêlera audacieusement avec le domaine de l'électrique.
Voilà qu'arrive une 1ère fois Haino avec un technicien pour régler un micro et les pédaliers. On le reconnaît bien par rapport aux photos, mince, cheveux à moitié gris et longs, toujours avec des soleils de soleil, ça entretient la légende. Ces tests nous mettent dans le bain, on remarque tout de suite le volume élevé des micros et amplis. Mais avec le Duke on avait prévu le coup, il est de ces artistes, comme avec Mogwai ou My Bloody Valentine, dont on sait qu'en concert (et plus particulièrement avec les concerts noise) il faut apporter ses bouchons pour oreilles pour être sûr ne pas ressortir avec un ou plusieurs acouphènes, temporaires pour les chanceux, et permanent pour les moins chanceux, mais retournons plutôt au concert.
Haino revient, la pénombre est là et restera durant tout le concert, pas besoin de multiples effets avec lui.
Il commencera crescendo, par de simples plaintes ou longues gammes vocales, comme pour se mettre en forme mais aussi nous habituer au son... Effectivement le volume est très élevé, je ne dirais pas qu'à ce moment précis il chantait fort, mais l'association de micros très sensibles aux ampli eux aussi très certainement poussés très haut, la salle en vibrait presque. Il m'a paru alors inconcevable de retirer les bouchons, j'entends bien la musique avec, et ce n‘était que la partie la plus "soft". Décidément même armé d'une seule voix Haino défend bien sa réputation. Il produit certains sons dont je pensais pas qu'il était possible pour un homme de les faire, du moins dans des conditions normales.
Il progresse, s'assied par terre, le chant, ou plutôt les sons sortent de sa gorge aidés par son ventre qu'il presse par moments, ou s'aide de ses mains pour propager vers le micro d'une certaine manière. On entend on sent les cordes vocales qu‘il fait vibrer, la précision et la puissance des micros est bluffante. Puis les sons commencent à devenir plus déstructurés, plus primaires. Le rendu est encore supportable pour l'assemblée.
Il n'y a pas de chansons ou structure pour le concert à proprement parlé mais une progression, de plus en plus forte, Haino se lâche, subitement à la moitié du concert au bout de 2 "parties", j'en sursaute presque. Un grand cri, la silhouette mince du Japonais qui maltraite le micro de son corps, de sa voix. Oui il se lâche, à travers un vomi, une masse informe vocale et ce ne sera que le début, puis il recommence, à expérimenter, toujours le son à fond. Les cris, certains stridents, sont toujours présent c'est plus agressif nous sommes bien entrés dans une nouvelle phase du concert.
Un "intermède" qui n'aura duré que 5mn.
5mn avant de brancher ses pédaliers reliés aux micros, le côté bruitiste et expérimental prend encore plus de relief. Une accalmie survient, mais il repart encore plus fort. Les aigus d'Haino peuvent faire mal, l'agressivité, la tension est toujours présente. Il se contorsionne sur les micros, usent à foison des samplers, créent des boucles avec ses cris, ses bruits vocaux qui reviennent hanter la "chanson".
Avant c'était encore soutenable pour certains spectateurs, mais maintenant ? Oui on en voient partir, faute de bouchons, faute d'habitude, ou d'ouverture. Il s'attendaient peut-être à autre chose, car on ne sait jamais ce que vous réserver ce maître du bruit. La courageuse grand-mère à côté de moi n'y résiste pas et part. La copine du Duke aussi, même les bouchons ne peuvent protéger de déferlement.
Certains sons ne paraissent même plus humains. Et l'on redéfinit les limites de la "musique". Haino est déjà parti depuis longtemps dans son univers, d'ailleurs il n'a que ça qui importe. Mais d'une certaine c'est aussi jubilatoire, voire un truc pareil, autant au début je trouvais cela intéressant et là, captivant. Une expérience à faire, peut-être pas pour tous.
Et la clôture, un effet Haino tout craché, avant de faire redescendre la pression, il repart très brièvement sur un micro, se cabre, et crie ses sons pour la dernière fois de la soirée...
A chaud on aurait préféré un concert avec la guitare, cela aurait été tout aussi agressif, il aurait transposé cela de la même manière qu'avec sa voix. Mais finalement en y repensant il n'y a pas de regrets à avoir avec performance vocale si particulièrement et originale...
Parfait 17/20 | par Kaliayev |
En ligne
314 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages