Feist

Metals

Metals

 Label :     Polydor 
 Sortie :    lundi 03 octobre 2011 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

De la mouvance du rock indé à l'amateur de Feist, il est difficile de comprendre le phénomène entourant cette dernière. On apprécie Feist sans trop savoir pourquoi. Un album attendu, composé en quelques semaines sur la Côté Est Canadienne, enregistré en un mois sur la Côte Ouest Américaine ; un album qui sent bon le studio d'enregistrement improvisé au bord d'une falaise, dans une grande maison de bois, avec un collectif derrière ce seul nom que l'on commence à connaître : "Feist". En fait, on l'apprécie parce que personne ne peut la suivre ; on l'aime parce qu'elle largue son monde ; effectivement, savoir écrire et composer de petites pépites pop sur deux albums coup sur coup n'est pas donné à tout le monde. Avoir une voix, une vraie, une originale, non plus. Mais Feist ne s'arrête pas là, et dépasse, de loin, et il semble avec une facilité déconcertante, le travail qu'elle a pu fournir sur l'excellent The Reminder. D'un tour de magie auquel on a rien pigé, Feist, une fois de plus, nous ramène vers le froid, l'hiver et les plaines canadiennes.
Du coup, on est surpris. On savait Feist dotée d'un énorme potentiel, mais pas à ce point là. "The Bad in Each Other", titre ouvrant l'album le prouve bien. Rythme tribal, claquements de mains, voix bluesy, le saxo de Colin Stetson, le piano de Gonzales, titre autant magnifique que tragique, annonçant la couleur et le ton de ce Metals. Il sera gris, froid, coupant et racé. Plus de véritables "tubes" comme "1,2,3,4" ou "Mushaboom" (hormis peut-être "How Come You Never Go There", et encore). L'album, malgré sa production plus ambitieuse que les précédents enregistrements, a quelque chose de brut et de spontané. Il sera en fait basé sur les voix, celle de Feist bien sûr, mais également celles qui l'entourent, comme les voix masculines et fantomatiques de "A Commotion", les rages féminines d'"Undiscovered First" ou les sublimes chœurs de "Comfort me". Feist va alors plus loin, explore des territoires où elle ne s'était jamais aventurée. Feist chante, et Feist joue ; piano, guitares, percussions, basse, quatuor à cordes, cuivres ; richesse instrumentale que Feist tisse avec minutie et délicatesse jusqu'à aboutir à un équilibre instruments-voix parfait, entre une grandiloquence que l'on ne lui connaissait pas et une intimité inhérente à ces disques ; l'ambitieuse et surprenante base instrumentale de Metals sert à la fois ces voix multiples tout en faisant de ce dernier, son album le plus aboutit à ce jour.


Excellent !   18/20
par Reznor


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