Pensées Nocturnes

Il fallait que je comprenne pourquoi Grand Guignol Orchestra ne m'avait qu'assez peu tourmenté (alors que j'en lis les louanges à peu près partout) car, sans être un fin spécialiste de la discographie de Pensées Nocturnes, Grotesque reste pour moi une des pierres angulaires du Black Métal, si ce n'est international, tout du moins hexagonal.
En effet, ces huit compositions, qui sont pour beaucoup ce que la formation a écrit de mieux, représentent selon moi le parfait équilibre entre musique extrême et expérimentation, avec un sentiment de folie présent tout au long de l'heure que dure le disque. Pour ce qui est du Black, je rapprocherais Pensées Nocturnes des Anglais d'Ebony Lake et d'A Forest of Stars : ce même goût pour les ambiances baroques, ce talent pour écrire des pièces fouillées (donc longues) faisant appel à des instruments rares dans la sphère radicale : le piano, les codes, les chants opératiques et un penchant certain pour la grandiloquence. Du côté des expérimentations, c'est surtout dans l'écriture et la structure des titres qu'il faut chercher. Là, c'est la porte ouverte à tous les délires, sans limites, sans bornes, ce qui nécessite une grande ouverture d'esprit de la part de l'auditeur. Il faut certes aimer le Métal mais quiconque a un penchant pour les musiques savantes sera en mesure d'apprécier l'inspiration géniale de Grotesque.
De plus, à la différence de Grand Guignol Orchestra, je ne ressens pas de lassitude lors de l'écoute. Les dosages sont subtils, le groupe sait ménager des aérations et ne cherchaient alors pas à démontrer à quel point il était timbré. Cela se déduisait naturellement de la musique, sans surenchère superflue.
Par conséquent, si vous cherchez du Black Métal innovant qui parlera à la fois à vos instincts primaires et à votre intellect, c'est sans conteste vers cet album qu'il faut vous tourner : grandiose, tourmenté, subtil, intelligent, raffiné.