The Twilight Singers

Dynamite Steps

Dynamite Steps

 Label :     Sub Pop 
 Sortie :    lundi 14 février 2011 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Après près de cinq ans d'absence discographique avec ses Singers, mais parsemés de projets divers, Greg Dulli propose avec Dynamite Steps peut-être l'un des meilleurs albums de sa longue carrière de plus de vingt ans. L'opus, paru en février 2011 chez le mythique label Sub Pop, explore la fine ligne entre la vie et la mort, la mortalité et l'immortalité; en d'autres termes: ce moment exact où notre vie défile devant nos yeux.

L'album s'ouvre sur "Last Night in Town", quelques notes de piano et une ambiance de voyage en bagnole au milieu de la nuit. Passé la première minute, le titre s'électrifie subitement avant d'offrir un refrain à la Pearl Jam. "Last Night in Town" est une réussite, du début jusqu'à son puissant final, et s'enchaîne parfaitement à une autre: "Be Invited". On est toujours dans notre bagnole au milieu de la nuit et on le restera au moins pour toute la durée de l'album. Trop court, "Be Invited" est un morceau calme et subtilement orientalisant, notamment sur le refrain mystérieux et léger comme le vent...
Au vent succèdent les vagues, et la mer est agitée. "Waves" sonne comme les morceaux les plus agressifs de Broken Social Scene. La plage suivante ("Get Lucky") aborde quelques-uns des thèmes fétiches de Dulli: les éternels rapports amoureux conflictuels, l'éternelle lâcheté masculine, etc. Un bon morceau mélancolique qui, après ses quatre minutes, laisse la place au premier single de l'album, l'excellent "On the Corner". Incisif, armé d'une mélodie puissante, d'un crescendo maîtrisé et d'un solo de guitare ravageur, "On the Corner" est un titre rock, certes conventionnel, mais parfait et addictif. "Gunshots", la chanson qui suit, est une power ballad rock, efficace et relativement courte... Tout comme le septième titre du disque: "She Was Stolen", également, à mon sens, l'un des morceaux les plus forts de cette galette 2011. Le dialogue entre le piano et la guitare, le chant puissant et à la beauté étrange, les percussions militaires, et enfin la structure en crescendo confèrent à la chanson quelque chose de funèbre, de mélancolique et de... tout simplement... beau.
Sur le bref et ténébreux "Blackbird and the Fox", on retrouve l'artiste et poétesse Ani DiFranco qui, de sa voix envoutante, soutient le chant de Dulli. Le titre suivant, "Never Seen No Devil" prolonge le voyage dans l'obscurité; et si les chœurs signés DiFranco sur le précédent titre apportaient une couleur quelque peu celtique, les background vocals octroient ici un soupçon d'Orient.

Le parcours touche lentement à sa fin et c'est donc le bien nommé "The Beginning of the End" qui fait office d'avant-dernier morceau. La chanson sonne presque comme du Arcade Fire repensé et réécrit par Dulli.
La piste par laquelle s'achève notre périple en bagnole au milieu de la nuit est la chanson-titre, "Dynamite Steps". Si l'on peut éventuellement reprocher à Dulli la (relativement) courte durée des dix plages qui ont précédé, "Dynamite Steps" prend le temps de s'installer sur près de sept minutes. Le morceau est l'un des plus fort de l'opus. Il débute lentement: Dulli chante son amertume sur une rythmique sobre et effacée et une guitare qui chuchote quelques notes. Le morceau s'intensifie jusqu'à toucher la grâce un peu après la quatrième minute avant de retomber sur un long fade-out un peu avant la sixième minute, refermant ainsi une œuvre réussie de bout en bout.

Sombre comme sa pochette, Dynamite Steps n'en est pas moins un album brillant. Riche de sa longue expérience et de son audace à systématiquement se lancer de nouveaux défis, Greg Dulli démarre une nouvelle décennie avec un album simplement parfait.


Parfait   17/20
par Rebecca Carlson


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