Fucked Up

The Chemistry Of Common Life

The Chemistry Of Common Life

 Label :     Matador 
 Sortie :    mardi 07 octobre 2008 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Il fallait s'y attendre. Après une flopée d'albums et de EP's aux succès critiques et publics, des performances live controversées (MTV Canada garde un souvenir ému de leur passage) et des collaborations diverses et variées (de Xiu Xiu à Dinosaur Jr. en passant par Vampire Weekend) Fucked Up signe sur Matador, LE label indé du moment.
Et transforme au passage l'essai, en produisant ce second album, unanimement salué (Prix Polaris 2009).

Du coup ils en deviennent même suspects. Mais en fait non. Rien à dire. Un conseil pour les curieux: "Son The Father" résume presque entièrement l'album: un supergroupe avec Lars Frederiken au micro (pas à la basse malheureusement...) et Jay Mascis aux guitares, et qui vandaliserait les Bad Brains avec des plages bruitistes à la Sonic Youth et des nappes blanches à la Grandaddy, en arborant des T-Shirts des Dead Kennedys.

Ca fait un peu indigeste comme ça sur le papier, mais cette ratatouille fonctionne à merveille entre les grosses paluches humides de Pink Eyes, 10 000 Marbles, Mustard Gas, Mr. Jo et Bad Kid. Oui parce qu'ils ont des noms de merde aussi, j'en avais pas parlé de ça.

Mais à l'écoute de "Golden Seal", instrumental démoniaque et clairement inspirée des glennbrancateries de Moore/Ranaldo, il apparaît clairement sous la connerie et les beuglements un amour profond pour la chose musicale. Des percussions africanisantes aux cuivres discrets (non, ne pensez pas à NOFX) et aux nappes de claviers incongrus, il n'est pas une excentricité que Fucked Up ne s'autorise pas, et ils réussissent l'exploit de renouveler le genre en ouvrant grands les portes battantes du punk hardcore, sans pour autant le fourvoyer.

C'est clairement le genre d'album qui suscitent deux émotions: l'optimisme prudent pour les futurs albums, l'espoir que le chantre de cette nouvelle scène de Toronto drainera d'autres groupes aussi créatifs et respectueux. Et la crainte de voir ce soufflé fort sympathique s'effondrer comme une merde au fond d'une latrine ouzbèque.

En tous cas ce The Chemistry Of Common Life rassasie comme un steak d'orignal confit au sirop d'érable et prouve à pas mal de monde qu'il n'y a pas que des bûcherons tristes au Canada.


Excellent !   18/20
par Gérard Cousin


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