Agoraphobic Nosebleed

Frozen Corpse Stuffed With Dope

Frozen Corpse Stuffed With Dope

 Label :     Relapse 
 Sortie :    mardi 11 juin 2002 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

On a beau se persuader que parce que l'on a pu supporter l'écoute intégrale d'un album de Merzbow ou de Patrick Sébastien, nous sommes rompus à toutes les formes de perversions musicales, seule l'épreuve Agoraphobic Nosebleed est détentrice de vérité.
Scott Hull est un mutant, son groupe, la bête inhumaine. Soutenu par une boîte à rythme supersonique et une production en béton, le quatuor explore et réinvente un grind terrifiant et apocalyptique sur la base de morceaux oscillant majoritairement aux alentours de la minute.
Plus brutal et primitif que son autre groupe, Pig Destroyer, Scott Hull repousse les limites de la barbarie, crée une nouvelle sémantique : le cyber grind.
Certes, le fait d'utiliser une machine en guise de batteur permet d'accélérer considérablement le tempo général des compositions, mais il faut encore être capable de jouer dessus. Et c'est là l'exploit de ces malades : ils sont d'une technicité et d'une vélocité ahurissantes, tout en donnant l'impression de vous forer la boîte crânienne avec un manche de pioche manié par un consanguin de cinquième génération.
Frozen Corpse Stuffed With Dope, dédicacé à "toutes les salopes qui pissent debout", est un condensé de haine où, tour à tour, les quatre protagonistes viennent vomir leurs immondices dans un ballet vocal inégalé dans le genre. Ici, pas de grind death dégoulinant aux vocaux inaudibles : ça hurle, trépigne, gueule à n'en plus pouvoir et le résultat est un truc jamais entendu, nocif, malsain, agressif.
On notera néanmoins l'intelligence de musiciens qui, bien que composant des titres aussi courts qu'un rapport sexuel avec un éjaculateur précoce, ne manquent jamais une occasion de glisser une trouvaille, un arrangement, un riff meurtrier qui permet d'identifier le morceau et d'éviter ainsi à l'album de sombrer dans le n'importe quoi ou la monotonie. Cet album est un monument, et pas de ceux sur lesquels on pisse...
Très honnêtement, la première fois que j'ai écouté du Agoraphobic Nosebleed, je n'ai pas compris, je n'étais pas prêt. Même pour un féru de metal, il y a parfois des limites à la compréhension, au soutenable, et il faut à mon sens une solide habitude des musiques brutales pour tolérer les 38 titres de ce Frozen Corpse..., frôlant parfois la plus violente des stupidités (la techno hard core décérébrée de "Hungry Homeless Handjob" par exemple) et s'ingéniant quoi qu'il en soit à constamment molester l'auditeur.
Je n'ose imaginer ce que doit donner un concert de ces dingues, mais ce qu'ils parviennent à faire en studio fait déjà suffisamment peur : s'il y a bien un groupe marginal et hors norme sur la scène grind actuelle, c'est bien Agoraphobic Nosebleed, qui ridiculise la concurrence sans aucune surenchère gore. Tétanisant...


Parfait   17/20
par Arno Vice


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