Mellowdrone

"Where Ever You May Go" démarre comme une ballade americana au son d'une guitare acoustique et de la voix chaude de Jonathan Bates. Ça sent bon le trip sous le soleil de plomb du grand sud américain. Et puis, brutalement, c'est l'envolée. Réverbération, mélopées de clavier, refrain qui claque et embarque vers les hautes sphères : on jouit d'entrée de jeu.

Incontestablement, avec Angry Bear, Les Californiens de Mellowdrone ont décidé de nous bercer avec leur rock échevelé et haut en couleur. Les expérimentations se succèdent et le résultat s'avère extrêmement varié. "Elephant" accroche avec sa rythmique pop-rock douce-amère qui dévie lentement vers le fuzz-rock qui sent bon le cactus. De temps à autre, on pense à Mr Bungle et son album California, voire à QOTSA. La sueur californienne, peut-être.
"Big Winner" se la joue old-school avant de bombarder son refrain entre noise et lo-fi. La barre est haute et Mellowdrone soutient la cadence tout au long de ce disque qui oscille entre poussière, nostalgie et envie d'ailleurs. "Sugar" prend une belle ampleur sur le même schéma que le titre d'ouverture. "Lady In Her Underwear" nous joue sa jolie valse un rien mélancolique, un rien amère avec son clavier et ses choeurs aériens. Dans le même registre, "Button" nous crache sa partition triste à en crever.

Non, il n'y a à pas dire, Mellowdrone nous gratifie d'un bien bel opus, racé et habilement composé. Grattes saturées, sifflements qui sentent la porte de saloon qui grince et les grandes étendues sans jamais oublier d'être classe, "Logged Hours" illustre parfaitement cette démarche que l'on retrouve tout du long. Angry Bear se place résolument entre audace expérimentale et facture rock'n'roll du meilleur goût. La voix de Jonathan Bates rappelle par moments Tweaker et ses multiples collaborations vocales. Tantôt suave, tantôt rauque, elle bat la mesure à merveille. De la belle ouvrage.
Fantomatique, "DMT" clôt merveilleusement l'album en battant sa petite mélodie avant de finir en chants angéliques et bourrasque noisy comme si, dorénavant, le temps était écoulé.

En conclusion, un disque de très haute volée qui se place en digne successeur du déjà très bon Box. Une découverte à faire pour tous les mélomanes asphyxiés, en quête de nouveautés rock revigorantes.