Archers Of Loaf
Icky Mettle |
Label :
Alias |
||||
(L'auteur de cette chronique est un chieur qui ne veut pas noter la musique. Par défaut, il met 20/20 partout et cette note n'engage que ceux qui veulent la prendre au sérieux)
Au petit jeu des groupes d'indie rock gringo qui ont sorti des très bons albums post-nevermind dans les années 90, en voilà un, Archers of Loaf, qui continue d'être superbement ignoré dans notre pays. Je ne m'attarderai pas sur ce regrettable constat, tant pis pour nous, on a pas de bon goût mais on a des idées paraît-il, alors concentrons-nous plutôt sur Icky Mettle, ce premier album.
Sorti en 1993, c'est sans doute le plus rentre-dedans du groupe de Chapel Hill (Caroline du Nord). L'inconscient collectif indie les a plus ou moins rangés dans la même case nonchalante mélodique que Pavement mais, sur cet album plus que sur tous les autres, il faudrait aussi regarder du côté des Pixies. C'est une ascendance plutôt prévisible pour un groupe de rock à guitares de cette époque mais elle se fera moins sentir par la suite alors profitons de l'occasion pour approfondir la parenté. Un tube comme "Wrong", qui commence avec une deuxième guitare qui fait "coucou" avant de devenir une guitare "Vol au dessus d'un nid de coucou", est un bon exemple de ce que nos amis chapelhilliens doivent aux bostoniens. Le décollage abrupt de "You and me", l'ambiance de "Last Word" tout en guitares mal rasées, la ligne de basse de "Learo, You're a Hole" ou la dynamique des morceaux en général sont autant d'atomes crochus et autant de raisons de s'attacher à cet album turbulent.
Le chant, lui, ne doit rien à personne si ce n'est à la personnalité d'Eric Bachmann. Sur le papier, la fébrilité, l'intensité et la décontraction post-adolescente sont des ingrédients clichés du chanteur d'indie rock des nonantes mais le dosage qu'il nous propose ici est assez unique. Allez, si je devais à tout prix chercher un cousinage lointain, j'irais peut-être faire mon enquête du côté de Tacoma dans l'Etat de Washington pour citer Aaron Stauffer, le chanteur de Seaweed, mais ça témoigne plus de mon envie à moi de rapprocher des groupes que j'aime que d'une influence avérée.
Pour ce qui est de la prod, c'est peut-être la moins travaillée de tous leurs albums, ça s'entend surtout sur la batterie, mais c'est pas un problème en soi. Tout d'abord parce que les enregistrements ultérieurs bénéficieront de plus de temps, de moyens et de savoir-faire (Bob Weston, Brian Paulson et les Smart Studios...) donc ya vraiment pas de quoi rougir. Ensuite parce que ce rock débraillé s'accommode très bien de ce son un peu brut (qui est loin d'être lo-fi cela étant dit).
Finalement, le seul loupé dans toute cette histoire par ailleurs rondement menée est un rendez-vous manqué. Nos amis chapelhilliers fous avaient signé sur le label californien Alias alors qu'un petit label local était déjà dans la place en train de faire du bon boulot. Les deux parties chapelhilloises ont depuis eu le temps de se mordre les doigts de s'être reniflés le derrière sans être allés plus loin. Tout est bien qui finit bien, ils finirent par se retrouver et vécurent heureux. (1)
Au petit jeu des groupes d'indie rock gringo qui ont sorti des très bons albums post-nevermind dans les années 90, en voilà un, Archers of Loaf, qui continue d'être superbement ignoré dans notre pays. Je ne m'attarderai pas sur ce regrettable constat, tant pis pour nous, on a pas de bon goût mais on a des idées paraît-il, alors concentrons-nous plutôt sur Icky Mettle, ce premier album.
Sorti en 1993, c'est sans doute le plus rentre-dedans du groupe de Chapel Hill (Caroline du Nord). L'inconscient collectif indie les a plus ou moins rangés dans la même case nonchalante mélodique que Pavement mais, sur cet album plus que sur tous les autres, il faudrait aussi regarder du côté des Pixies. C'est une ascendance plutôt prévisible pour un groupe de rock à guitares de cette époque mais elle se fera moins sentir par la suite alors profitons de l'occasion pour approfondir la parenté. Un tube comme "Wrong", qui commence avec une deuxième guitare qui fait "coucou" avant de devenir une guitare "Vol au dessus d'un nid de coucou", est un bon exemple de ce que nos amis chapelhilliens doivent aux bostoniens. Le décollage abrupt de "You and me", l'ambiance de "Last Word" tout en guitares mal rasées, la ligne de basse de "Learo, You're a Hole" ou la dynamique des morceaux en général sont autant d'atomes crochus et autant de raisons de s'attacher à cet album turbulent.
Le chant, lui, ne doit rien à personne si ce n'est à la personnalité d'Eric Bachmann. Sur le papier, la fébrilité, l'intensité et la décontraction post-adolescente sont des ingrédients clichés du chanteur d'indie rock des nonantes mais le dosage qu'il nous propose ici est assez unique. Allez, si je devais à tout prix chercher un cousinage lointain, j'irais peut-être faire mon enquête du côté de Tacoma dans l'Etat de Washington pour citer Aaron Stauffer, le chanteur de Seaweed, mais ça témoigne plus de mon envie à moi de rapprocher des groupes que j'aime que d'une influence avérée.
Pour ce qui est de la prod, c'est peut-être la moins travaillée de tous leurs albums, ça s'entend surtout sur la batterie, mais c'est pas un problème en soi. Tout d'abord parce que les enregistrements ultérieurs bénéficieront de plus de temps, de moyens et de savoir-faire (Bob Weston, Brian Paulson et les Smart Studios...) donc ya vraiment pas de quoi rougir. Ensuite parce que ce rock débraillé s'accommode très bien de ce son un peu brut (qui est loin d'être lo-fi cela étant dit).
Finalement, le seul loupé dans toute cette histoire par ailleurs rondement menée est un rendez-vous manqué. Nos amis chapelhilliers fous avaient signé sur le label californien Alias alors qu'un petit label local était déjà dans la place en train de faire du bon boulot. Les deux parties chapelhilloises ont depuis eu le temps de se mordre les doigts de s'être reniflés le derrière sans être allés plus loin. Tout est bien qui finit bien, ils finirent par se retrouver et vécurent heureux. (1)
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Santiagoo |
(1) Bravo à ceux qui ont percuté, il s'agit effectivement de Merge Records, fondé par Mac et Laura de Superchunk, qui a depuis reédité toute la disco d'Archers of Loaf en version deluxe.
Pour plus d'infos sur la scène de Chapel Hill, je vous renvoie au chapitre qui lui est consacré dans l'excellent livre collectif "Late Century Dream, movements in the US indie music underground".
Pour plus d'infos sur Merge Records, je vous renvoie à "Our Noise: The Story of Merge Records" qui fait office d'autobiographie du label, écrite à six mains par Mac, Laura et John Cook.
> La version deluxe (incluant le chouette EP Vs. The Greatest of All Time et des versions alternatives) est écoutable sur https://archersofloaf.bandcamp.com/album/icky-mettle-deluxe-reissue
Pour plus d'infos sur la scène de Chapel Hill, je vous renvoie au chapitre qui lui est consacré dans l'excellent livre collectif "Late Century Dream, movements in the US indie music underground".
Pour plus d'infos sur Merge Records, je vous renvoie à "Our Noise: The Story of Merge Records" qui fait office d'autobiographie du label, écrite à six mains par Mac, Laura et John Cook.
> La version deluxe (incluant le chouette EP Vs. The Greatest of All Time et des versions alternatives) est écoutable sur https://archersofloaf.bandcamp.com/album/icky-mettle-deluxe-reissue
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