Lisa Papineau
Red Trees |
Label :
Harmonia Mundi |
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Lisa Papineau mène depuis longtemps plusieurs projets de front. Elle s'implique d'abord dans le théâtre avant de goûter à l'écriture et basculer progressivement dans la musique. Un premier projet rock brut nommé Pet signé par Tori Amos, puis un autre plus expérimental et productif Big Sir avec Juan Alderete maintenant connu pour être le bassiste de The Mars Volta. A côté de cela elle accumule les collaborations multiples comme avec Air et M83. L'américaine est ainsi très active et polyvalente sur différentes scènes musicales depuis bien quinze ans et pourtant demeure méconnue.
Femme d'action, moderne, nourrie par l'éclectisme, elle a fait un premier album timide d'un lyrisme légèrement convenu au carrefour d'un (trip) pop rêveur et de beats batifolant. On y apercevait son goût pour la diversité bien que les compositions étaient un peu trop synthétiques et effaçaient le dynamisme et l'implication avec lesquels elle a fait aboutir et mené ces précédents projets. Red Trees est en ce sens très réussi puisqu'il fait réapparaître ces valeurs et conjugue les plus belles influences de la chanteuse pour en faire un patchwork épuré et sommaire. Ainsi l'investissement dont elle a toujours fait preuve ressurgit tandis que l'heure est à la confidentialité dans un bain sonore minimaliste obsédant. Lisa Papineau, qui n'a pas quitté Paris et encore moins ses musiciens, se fait la compagne d'une instrumentation de l'économie, centrée sur le pouvoir évocateur des silences qui cherchent place parmi claquements de mains, filets de guitare et beats électro basiques.
Et finalement, là où nous la voyions s'éparpiller et tout tester, la miss se recentre dans un dream folk onirique à l'orée de bois gardées par Bat For Lashes et My Brightest Diamonds dans ses moments de mises à nu. Bois dans lesquels elle se perd parfois par ses propres chemins dont l'électro tribal "White Leather Pants" entêtant ou "The Language Of A Name" et "Marco Chomo" dans un univers féerique dont on ne saurait préciser pour quelles raisons tellement tout est si fugace. Ce sont ces instants que je préfère. On découvre une fille sensible qui sait se satisfaire de trois fois rien sans perdre son tempérament et surtout faisant un disque enfin pour elle. Elle recadre par la même occasion sa voix plus immaculée que jamais ("Annette Tessier" et sa respiration brisée), sans truchement. Qu'elle défie en duel dès qu'elle peut pour transmettre par bribes ses textes joliment cousus. Papineau se glisse ainsi dans une musique composite prise dans un tout et pourtant si évanescente que l'on ne sait plus d'où elle a bien pu apparaître. Les titres instrumentaux ne sont pas rares d'ailleurs. Et ce n'est sans doute pas pour rien Mark Eitzel de American Music Club, un des ambassadeurs du slowcore est présent sur "This Is For The Love (J'te Kiffe)" (on oubliera le duo anglo-français avec Mathieu Boogaerts pas top).
Lisa Papineau mène donc depuis longtemps plusieurs projets de front mais je crois qu'elle en a enfin trouvé un dans lequel elle excelle. Conter dans le murmure et la pudeur des chansonnettes qui prennent formes de chimères dans un royaume nocturne qui vit pendu à ses lèvres. Une petite parenthèse onirique que l'on n'oubliera pas de si tôt.
Femme d'action, moderne, nourrie par l'éclectisme, elle a fait un premier album timide d'un lyrisme légèrement convenu au carrefour d'un (trip) pop rêveur et de beats batifolant. On y apercevait son goût pour la diversité bien que les compositions étaient un peu trop synthétiques et effaçaient le dynamisme et l'implication avec lesquels elle a fait aboutir et mené ces précédents projets. Red Trees est en ce sens très réussi puisqu'il fait réapparaître ces valeurs et conjugue les plus belles influences de la chanteuse pour en faire un patchwork épuré et sommaire. Ainsi l'investissement dont elle a toujours fait preuve ressurgit tandis que l'heure est à la confidentialité dans un bain sonore minimaliste obsédant. Lisa Papineau, qui n'a pas quitté Paris et encore moins ses musiciens, se fait la compagne d'une instrumentation de l'économie, centrée sur le pouvoir évocateur des silences qui cherchent place parmi claquements de mains, filets de guitare et beats électro basiques.
Et finalement, là où nous la voyions s'éparpiller et tout tester, la miss se recentre dans un dream folk onirique à l'orée de bois gardées par Bat For Lashes et My Brightest Diamonds dans ses moments de mises à nu. Bois dans lesquels elle se perd parfois par ses propres chemins dont l'électro tribal "White Leather Pants" entêtant ou "The Language Of A Name" et "Marco Chomo" dans un univers féerique dont on ne saurait préciser pour quelles raisons tellement tout est si fugace. Ce sont ces instants que je préfère. On découvre une fille sensible qui sait se satisfaire de trois fois rien sans perdre son tempérament et surtout faisant un disque enfin pour elle. Elle recadre par la même occasion sa voix plus immaculée que jamais ("Annette Tessier" et sa respiration brisée), sans truchement. Qu'elle défie en duel dès qu'elle peut pour transmettre par bribes ses textes joliment cousus. Papineau se glisse ainsi dans une musique composite prise dans un tout et pourtant si évanescente que l'on ne sait plus d'où elle a bien pu apparaître. Les titres instrumentaux ne sont pas rares d'ailleurs. Et ce n'est sans doute pas pour rien Mark Eitzel de American Music Club, un des ambassadeurs du slowcore est présent sur "This Is For The Love (J'te Kiffe)" (on oubliera le duo anglo-français avec Mathieu Boogaerts pas top).
Lisa Papineau mène donc depuis longtemps plusieurs projets de front mais je crois qu'elle en a enfin trouvé un dans lequel elle excelle. Conter dans le murmure et la pudeur des chansonnettes qui prennent formes de chimères dans un royaume nocturne qui vit pendu à ses lèvres. Une petite parenthèse onirique que l'on n'oubliera pas de si tôt.
Très bon 16/20 | par TiComo La Fuera |
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