Tripping Daisy
I Am An Elastic Firecracker |
Label :
Island |
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1995. Année charnière pour le rock "alternatif" s'il en fut, clôturant quatre années de Nirvanamania. Ambiance de lendemain de fête glauque, le genre mise en scène par Brett Easton Ellis, orgie intense qui a mal tournée. De l'aveu de Kim Deal "tout le monde rentrait en studio en pleine déprime et on ne pensait qu'à jouer des morceaux dans cet état d'esprit."
Les maisons de disques, toujours prêtes à rendre service, Geffen en tête, étaient sur les dents pour dégainer le prochain Nirvana. Garbage, Red Hot Chili Peppers, Soul Asylum, Our Lady Peace, Smashing Pumpkins, Silverchair et autre Cranberries misaient sur le gros son crade et le spleen revendiqué, captant une grande partie du public auto-proclamé orphelin par la mort de Kurt Cobain, relayés par les radios dites "grunge" ( Fun Radio notamment, si, si... ), sorties entrecoupées d'extrait du testament acoustique du suicidé le plus hype du moment. Mais on sentait bien que le cœur n'y était plus. Difficile de radicaliser encore la pensée "grunge"... Un suicide collectif ? Mouais... Souvent imité, jamais égalé. S'engouffrant dans le vide médiatique, les métalleux "cool" trépignaient d'impatience et la "fusion" commençait à peine à entrevoir la rentabilité éclair du "nu metal". Bref musicalement parlant, pour le rock étiqueté "sans-étiquettes", quasi point mort.
Mais alors mes amis, mes frères, pourquoi pas miser sur le contrepied de toute cette tristesse forcenée qui pue des pieds, justement ? Bon sang mais c'est bien sûr ! Laissons les névroses adolescentes à Korn et Marylin Manson et faisons du punk rock riant et débile ! La même année, Primus triomphe avec Tales From The Punchbowl et The Presidents of the USA et autres Big Soul régalent les plages avec leur punk rock hédoniste. Dans la même veine sort alors un single au succès aussi immédiat qu'éphémère: "I Got A Girl" par Tripping Daisy.
Un texte débile et faussement triste chanté par une voix aussi nasillarde qu'espiègle, un arpège typiquement punk rock joué avec les pieds, un refrain entrainant soutenu à la batterie: la recette idéale pour un tube de l'été rock. Le groupe bénéficie alors d'une médiatisation relativement importante, le temps que durera le succès du titre. Mais tout le monde passera à côté d'un des albums les plus intéressants de cette période.
Tripping Daisy propose une pop électrique au mélodies imprégnées de la moiteur vénéneuse du grunge, mais le soleil californien sucre leurs morceaux de twee pop et de rock psychédélique. De ce point de vue-là, le plus gros succès du groupe reste le titre le plus fade de l'album. "Rocketpop" ouvre énergiquement le disque, proposant d'entrée un morceau punk rock et des chœurs très pop et hypnotiques. Une fois passée la surprise de la voix de canard du chanteur ( deuxième écoute quasi-obligatoire donc... ), la musique facile et entraînante glisse comme une planche de surf sur une vague estivale, à l'image de "I Got A Girl" donc.
"Bang", "Motivation" et "Piranha", morceaux mid-tempo, jouent plus sur les sonorités pop et folk et les harmonies vocales se font proches de ce qui deviendra plus tard l'ovni Polyphonic Spree.
"Same Dress New Day" et son riff gentiment dissonant nous replonge dans une froideur grunge, l'orgue annonce la couleur du "geek rock" approchant. Tripping Daisy propose alors, avec ce morceau et "Noose" deux perles hypnotiques et brutes, cachant sous leur apparente décontraction des mélodies sombres et légèrement toxiques.
"Raindrop" se fait à nouveau électrique et rythmé, faisant redécoller l'album vers des cieux paradoxalement plus cléments.
"Step Beyond" est certainement le morceau le plus emblématique du groupe: couplet folk, refrain clairement orienté punk rock et envolée psychédélique avec chorale en background. Les différentes couches et influences du groupes s'imbriquent ici parfaitement, l'ensemble est cohérent, maitrisé et ne fait pas alambiqué pour la pose.
"Prick" reste franchement anecdotique et "High" qui fait office de bonus track clôt par contre impeccablement l'album, avec son effet de voix "aquatique".
Ce disque restera à la fois le plus abordable et le plus construit du groupe. La production est impeccable et sert véritablement les différentes influences du groupe, faisant ainsi admirablement cohabiter rugosité grunge, candeur twee pop et chorale hallucinée. Un parfait reflet de ce rock qui se cherche et se remet en question, la décontraction californienne en plus.
Les maisons de disques, toujours prêtes à rendre service, Geffen en tête, étaient sur les dents pour dégainer le prochain Nirvana. Garbage, Red Hot Chili Peppers, Soul Asylum, Our Lady Peace, Smashing Pumpkins, Silverchair et autre Cranberries misaient sur le gros son crade et le spleen revendiqué, captant une grande partie du public auto-proclamé orphelin par la mort de Kurt Cobain, relayés par les radios dites "grunge" ( Fun Radio notamment, si, si... ), sorties entrecoupées d'extrait du testament acoustique du suicidé le plus hype du moment. Mais on sentait bien que le cœur n'y était plus. Difficile de radicaliser encore la pensée "grunge"... Un suicide collectif ? Mouais... Souvent imité, jamais égalé. S'engouffrant dans le vide médiatique, les métalleux "cool" trépignaient d'impatience et la "fusion" commençait à peine à entrevoir la rentabilité éclair du "nu metal". Bref musicalement parlant, pour le rock étiqueté "sans-étiquettes", quasi point mort.
Mais alors mes amis, mes frères, pourquoi pas miser sur le contrepied de toute cette tristesse forcenée qui pue des pieds, justement ? Bon sang mais c'est bien sûr ! Laissons les névroses adolescentes à Korn et Marylin Manson et faisons du punk rock riant et débile ! La même année, Primus triomphe avec Tales From The Punchbowl et The Presidents of the USA et autres Big Soul régalent les plages avec leur punk rock hédoniste. Dans la même veine sort alors un single au succès aussi immédiat qu'éphémère: "I Got A Girl" par Tripping Daisy.
Un texte débile et faussement triste chanté par une voix aussi nasillarde qu'espiègle, un arpège typiquement punk rock joué avec les pieds, un refrain entrainant soutenu à la batterie: la recette idéale pour un tube de l'été rock. Le groupe bénéficie alors d'une médiatisation relativement importante, le temps que durera le succès du titre. Mais tout le monde passera à côté d'un des albums les plus intéressants de cette période.
Tripping Daisy propose une pop électrique au mélodies imprégnées de la moiteur vénéneuse du grunge, mais le soleil californien sucre leurs morceaux de twee pop et de rock psychédélique. De ce point de vue-là, le plus gros succès du groupe reste le titre le plus fade de l'album. "Rocketpop" ouvre énergiquement le disque, proposant d'entrée un morceau punk rock et des chœurs très pop et hypnotiques. Une fois passée la surprise de la voix de canard du chanteur ( deuxième écoute quasi-obligatoire donc... ), la musique facile et entraînante glisse comme une planche de surf sur une vague estivale, à l'image de "I Got A Girl" donc.
"Bang", "Motivation" et "Piranha", morceaux mid-tempo, jouent plus sur les sonorités pop et folk et les harmonies vocales se font proches de ce qui deviendra plus tard l'ovni Polyphonic Spree.
"Same Dress New Day" et son riff gentiment dissonant nous replonge dans une froideur grunge, l'orgue annonce la couleur du "geek rock" approchant. Tripping Daisy propose alors, avec ce morceau et "Noose" deux perles hypnotiques et brutes, cachant sous leur apparente décontraction des mélodies sombres et légèrement toxiques.
"Raindrop" se fait à nouveau électrique et rythmé, faisant redécoller l'album vers des cieux paradoxalement plus cléments.
"Step Beyond" est certainement le morceau le plus emblématique du groupe: couplet folk, refrain clairement orienté punk rock et envolée psychédélique avec chorale en background. Les différentes couches et influences du groupes s'imbriquent ici parfaitement, l'ensemble est cohérent, maitrisé et ne fait pas alambiqué pour la pose.
"Prick" reste franchement anecdotique et "High" qui fait office de bonus track clôt par contre impeccablement l'album, avec son effet de voix "aquatique".
Ce disque restera à la fois le plus abordable et le plus construit du groupe. La production est impeccable et sert véritablement les différentes influences du groupe, faisant ainsi admirablement cohabiter rugosité grunge, candeur twee pop et chorale hallucinée. Un parfait reflet de ce rock qui se cherche et se remet en question, la décontraction californienne en plus.
Très bon 16/20 | par Gérard Cousin |
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