The Misfits

Earth A.D./Wolfs Blood

Earth A.D./Wolfs Blood

 Label :     Plan 9 
 Sortie :    décembre 1983 
 Format :  Album / CD   

"On Earth as it is in Hell", peut-on lire si l'on détaille le dos de l'album, entre la tracklist et une gravure terrifiante dans la même veine que la pochette, macabre et angoissante. Impossible de mieux résumer l'ambiance si impressionnante de ce Earth A.D./Wolfs Blood, cadavérique, froid et infernal. Sorti en 1983, cet album allait être le dernier témoignage des Misfits de l'époque, ceux de la période Danzig, qui avaient bouleversé à eux seuls le paysage punk et hardcore aux U.S jusqu'à devenir un de ses groupes les plus influents.


Et il est facile de comprendre pourquoi même les Misfits ont hautement inspiré les groupes les plus extrêmes du black metal scandinave, entre autres. Du premier morceau ("Earth A.D.") jusqu'à la fin, et ce pendant à peine de plus de 20 minutes, on comprend. On acquiesce. On sourit maladroitement devant autant de violence et d'horreur. Car il ne faut pas oublier que si les Misfits sont les pionniers d'une musique teintée d'une imagerie horrifique, c'est avec cet album que l'image disparaît pour laisser place à un univers effrayant, glacial, dans lequel les brûlots punk hérités d'un second degré typiquement Ramones comme "I Turned Into a Martian" ou le culte "Last Caress" ont totalement disparu. Earth A.D./Wolfs Blood marque donc une véritable transformation dans la musique du groupe du New Jersey, à l'heure où Black Flag, Circle Jerks et autres Bad Brains pratiquaient un punk hardcore survitaminé et que Minor Threat venait de splitter après seulement 3 courtes années d'existence.

En effet, après l'excellent "Walk Among Us" qui débarquait l'année précédente, Danzig et sa bande allaient descendre un peu plus profond en Enfer, quitte à repousser les limites jusqu'au bout. Plus violent, plus sombre, le changement de ce Earth A.D./Wolfs Blood est radical par rapport aux autres productions des Misfits. Tout défile à une vitesse hallucinante, avec un très mauvais son qui ne pourrait difficilement être plus malsain, bien que dépouillé à l'extrême, plein de larsens qui dissimulent des cris étranges... Pour les esprits un brin paresseux, "Earth A.D./Wolfs Blood" est un album de metal. Faux : la vérité est que jamais le punk n'aura été aussi sombre et morbide qu'avec cet album. En revanche, il faut également rappeler que plusieurs titres du LP ("Earth A.D." et "Wolfs Blood", noms des chansons d'ouverture de chaque face, d'où le titre de l'album) comme les excellents "Death Comes Ripping", "Bloodfeast" ou encore le très célèbre "Die, Die My Darling" (qui NON, n'est pas une chanson de Metallica !) devaient apparaître sur les premiers enregistrements de Samhain, le projet horreur punk post-Misfits de Danzig, avec lequel le lien semble très naturel à l'écoute de Earth A.D./Wolfs Blood.

Pour ce qui est du contenu, l'album va droit à l'essentiel et ne se permet aucun détail. "Queen Wasp", "Devilock" (référence à la traditionnelle coiffure des membres du groupe), "Green Hell" (toujours pas une chanson de Metallica, non), l'incroyable "Demonomania" et ses 45 secondes de démence, le coup de grâce de "We Bite", tous les titres de l'oeuvre démoniaque forment les eaux d'un Styx monstrueux dont Charon serait le larsen infernal de la guitare de Doyle. Malgré un son catastrophique (batterie plus qu'approximative, basse inexistante...), la voix étrange de Danzig hante chaque morceau de l'album. À noter que la version CD de 1984 comporte entre les deux faces une version studio de "Mommy, Can I Go Out and Kill Tonight?", haineuse et macabre.


Earth A.D./Wolfs Blood est donc un pamphlet maudit dans l'histoire du punk : en 1983 les limites du hardcore étaient presque déjà atteintes et les Misfits avaient livré tout ce dont ils étaient capables. Plus jamais cette ambiance malsaine, héritée de leur identité horrifique, ne sera présente dans un album, une chanson, une ligne de chant, des paroles. Car Earth A.D./Wolfs Blood, contrairement à l'essentiel de l'oeuvre des Misfits, n'était pas que du second degré... Une épitaphe machiavélique pour le groupe, qui nous a offert le meilleur avant-goût de ce à quoi la musique pourrait ressembler en Enfer...


Excellent !   18/20
par Pumpkin Ben


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