Kill The Thrill
Tellurique |
Label :
Season Of Mist |
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Sur 203 Barriers, Kill The Thrill avait considérablement fait évoluer son style, savant mélange de noise, de cold wave, d'indus et de persistances métalliques. Tellurique ne remet pas en cause cette progression logique vers une musique plus étoffée, plus personnelle également. Mais là où le précédent album pouvait pêcher par une trop grande linéarité, peut-être due à une production très (trop ?) compacte, les compositions de Tellurique se veulent plus aérées, mais également plus tendues, plus percutantes.
Kill The Thrill affine son style et acquiert une identité musicale reconnaissable entre mille. Dès les premières mesures de "A Little Salt for A Better Feeling", nous partons en voyage dans un pays de ruines où des machines décomposées plongent leurs câbles-phallus dans la terre, dressent leurs pales contre le vent, se nourrissant des forces telluriques. C'est du moins ainsi que je perçois la musique des Marseillais : Une machine organique, digne du meilleur de Killing Joke ou de Godflesh. D'ailleurs, le groupe reprend le "Us And Them" de ce dernier dans une ambiance de fin du monde, si bien que l'on dirait une de leurs propres compositions tant elle s'imbrique admirablement dans l'ossature de l'album.
Je n'ai que trop rarement entendu un skeud faisant preuve d'une telle unité. Par rapport au précédent L.P., les guitares ont plus d'espace pour s'exprimer et l'électronique, utilisée de façon moins ostentatoire, permet à la musique de gagner en humanité. A cette chaleur nouvelle vient s'ajouter la voix de plus en plus envoûtante de Nicolas Dick. Ce mec a quelque chose dans les cordes vocales qui vous serre les tripes, un grain unique capable de vous filer la chair de poule comme des poussées de fièvre. Tantôt rauque et sensuelle ("A Little Salt" ; "Permanent Imbalance"), tantôt hurlée et désespérée tel le cri du dernier homme vivant ("Diaphragme"; "Us And Them"), elle est un des atouts majeurs de la musique de Kill The Thrill.
Si le groupe ne compose pas de "hits", il n'écrit pas non plus de morceaux de remplissage. Néanmoins, tout comme "Stase" illuminait 203 Barriers, "Soave" provoquera des dégâts irrémédiables et une accoutumance instantanée. Seule chanson de Tellurique chantée en français et une fois n'est pas coutume, par la bassiste Marylin Tognolli, "Soave" est l'escalier symbolique qui vous mène à la folie. Un morceau noir, dur, compact, aux relents punks. Ce titre pue l'urgence et la déroute d'une âme qui souffre. La voix de Marylin est de celle que l'on entend aux abords des hôpitaux, anonyme derrière la fenêtre grillagée, rongée par une passion tourmentée, elle vous met au supplice... Ce titre est le véritable acmé de l'album, parti de la violence douce-amère de "A Little Salt" pour s'achever sur une plage atmosphérique ("The Finish") apaisante mais située en aval de la démence. Les voix se sont tues, laissant place à un monologue intérieur bien plus terrifiant.
Avec Tellurique, Kill The Thrill atteint le panthéon des formations indus-metal. Album majeur d'une discographie somme toute réduite, mais également d'une scène dont nous pensions qu'elle avait tout dit, il a toutes les chances de séduire le public gothique, cold wave, indus, noise ou metal. Musique trans-genre, musique unique, il serait dommage d'ignorer le cauchemar urbain qu'incarne Kill The Thrill.
Kill The Thrill affine son style et acquiert une identité musicale reconnaissable entre mille. Dès les premières mesures de "A Little Salt for A Better Feeling", nous partons en voyage dans un pays de ruines où des machines décomposées plongent leurs câbles-phallus dans la terre, dressent leurs pales contre le vent, se nourrissant des forces telluriques. C'est du moins ainsi que je perçois la musique des Marseillais : Une machine organique, digne du meilleur de Killing Joke ou de Godflesh. D'ailleurs, le groupe reprend le "Us And Them" de ce dernier dans une ambiance de fin du monde, si bien que l'on dirait une de leurs propres compositions tant elle s'imbrique admirablement dans l'ossature de l'album.
Je n'ai que trop rarement entendu un skeud faisant preuve d'une telle unité. Par rapport au précédent L.P., les guitares ont plus d'espace pour s'exprimer et l'électronique, utilisée de façon moins ostentatoire, permet à la musique de gagner en humanité. A cette chaleur nouvelle vient s'ajouter la voix de plus en plus envoûtante de Nicolas Dick. Ce mec a quelque chose dans les cordes vocales qui vous serre les tripes, un grain unique capable de vous filer la chair de poule comme des poussées de fièvre. Tantôt rauque et sensuelle ("A Little Salt" ; "Permanent Imbalance"), tantôt hurlée et désespérée tel le cri du dernier homme vivant ("Diaphragme"; "Us And Them"), elle est un des atouts majeurs de la musique de Kill The Thrill.
Si le groupe ne compose pas de "hits", il n'écrit pas non plus de morceaux de remplissage. Néanmoins, tout comme "Stase" illuminait 203 Barriers, "Soave" provoquera des dégâts irrémédiables et une accoutumance instantanée. Seule chanson de Tellurique chantée en français et une fois n'est pas coutume, par la bassiste Marylin Tognolli, "Soave" est l'escalier symbolique qui vous mène à la folie. Un morceau noir, dur, compact, aux relents punks. Ce titre pue l'urgence et la déroute d'une âme qui souffre. La voix de Marylin est de celle que l'on entend aux abords des hôpitaux, anonyme derrière la fenêtre grillagée, rongée par une passion tourmentée, elle vous met au supplice... Ce titre est le véritable acmé de l'album, parti de la violence douce-amère de "A Little Salt" pour s'achever sur une plage atmosphérique ("The Finish") apaisante mais située en aval de la démence. Les voix se sont tues, laissant place à un monologue intérieur bien plus terrifiant.
Avec Tellurique, Kill The Thrill atteint le panthéon des formations indus-metal. Album majeur d'une discographie somme toute réduite, mais également d'une scène dont nous pensions qu'elle avait tout dit, il a toutes les chances de séduire le public gothique, cold wave, indus, noise ou metal. Musique trans-genre, musique unique, il serait dommage d'ignorer le cauchemar urbain qu'incarne Kill The Thrill.
Parfait 17/20 | par Arno Vice |
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