Kill The Thrill
203 Barriers |
Label :
Season Of Mist |
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Autant entamer cette chronique par une sentence que tout le monde a utilisée au moins une fois, mais s'il y a bien un groupe français dont la musique reste inexplicablement méconnue, c'est bien Kill The Thrill.
Actif depuis le début des années 90 du côté de Marseille, ce trio que l'on peut qualifier d'indus-metal ne gratifie que trop rarement l'underground de sa musique plombée. Et pour avoir partagé l'affiche avec des pointures comme Treponem Pal, The Young Gods, Godflesh, Killing Joke, Neurosis, Zeni Geva, Coroner ou encore Einstuerzende Neubauten (excusez du peu), nous sommes bien enclins à affirmer que Kill The Thrill mérite tout autant notre attention, voire plus, que les groupes susnommés.
203 Barriers est le troisième album du groupe. Qui trouve-t-on à la direction artistique ? Je vous le donne en mille: Michael Gira, himself ! Vous commencez à saisir le genre de plat que nous sert K.T.T. ? Je n'irai pas jusqu'à dire ce dernier est le Swans français, mais il me semble évident que les fans de la paire Gira – Jarboe peuvent se procurer la discographie de Kill The Thrill les yeux fermés et les oreilles grandes ouvertes. On y retrouve cette même obsession pour les ambiances épaisses, sombres et étouffantes.
Par certains aspects, la musique des marseillais peut rebuter: des machines en lieu et place d'un batteur, surabondance de sonorités electro-indus, instruments grésillants, aucun espace sonore vierge, un rythme général assez linéaire, et enfin un accent anglais imparfait, écueil récurent des formations françaises. Ces arguments-là, je peux les comprendre mais je pense également que ce sont ceux de pisse-vinaigre. Je les énumère pour la forme et histoire d'être un minimum objectif.
L'album s'ouvre sur ce qui est sans doute le meilleur titre de l'album: "203 Barriers." Mélodique, émotif, écrasant, la voix rauque de Nicolas Dick, mixée en retrait, prend d'entrée aux tripes. Le son et le jeu de basse de Marylin Tognolli n'ont rien à envier à ceux des influences citées plus haut et la seconde guitare de Frederick De Benedetti apporte son lot de dissonances, mais toujours au service de la mélodie, primordiale chez ce groupe.
Inexorablement, les titres s'enchaînent, compacts, homogènes, à la limite de l'étouffement. Chaque morceau se compose de différentes strates sonores qui en renforcent l'impact mais ce n'est jamais de la surenchère gratuite. Compositeurs intelligents maniant la pesanteur avec subtilité, les membres de Kill The Thrill créent une musique où sobriété n'est pas synonyme de pauvreté, les nombreux arrangements visant toujours à l'utile et jamais à l'esbroufe, de ceux qui laissent à penser que le musicien fourmille d'idées alors qu'ils ne font justement que masquer le vide sidéral de son inspiration.
Outre la faculté de Nicolas Dick à écrire des lignes vocales hypnotiques et immédiatement mémorisables, l'autre point fort de Kill The Thrill est sa faculté à diversifier les ambiances, ce qui évite un possible sentiment de lassitude. Ainsi "Shudder To Sink", avec ses faux airs de ballade désespérée, permet à l'auditeur de prendre une bonne goulée d'air vicié après l'éprouvant "Western" et ses six minutes vingt, dont un final surprenant (chant de grillons.) Ce repos salvateur, régénérant, apparaît comme nécessaire avant d'encaisser "Stase", ou huit minutes trente de chaos métallique. Après avoir écouté ce titre, il y a un bon nombre de groupes jouant dans la même catégorie qui risquent de paraître bien fades...
Néanmoins, en dépit de l'aspect indéniablement mélodique des neuf titres présents sur cet album, aspect principalement redevable au chant, il ne faut pas s'y tromper: 203 Barriers est un album dur d'approche, notamment à cause de la froideur de l'ensemble : Robotisation de la rythmique, guitares lancinantes cherchant à bâtir un mur du son plutôt qu'une harmonie limpide, le rendu général évoque une usine désaffectée, pas un bord de plage.
Pour ceux qui trouvent beaux les édifices rongés par la rouille, Kill The Thrill fait pleuvoir de l'acide.
Actif depuis le début des années 90 du côté de Marseille, ce trio que l'on peut qualifier d'indus-metal ne gratifie que trop rarement l'underground de sa musique plombée. Et pour avoir partagé l'affiche avec des pointures comme Treponem Pal, The Young Gods, Godflesh, Killing Joke, Neurosis, Zeni Geva, Coroner ou encore Einstuerzende Neubauten (excusez du peu), nous sommes bien enclins à affirmer que Kill The Thrill mérite tout autant notre attention, voire plus, que les groupes susnommés.
203 Barriers est le troisième album du groupe. Qui trouve-t-on à la direction artistique ? Je vous le donne en mille: Michael Gira, himself ! Vous commencez à saisir le genre de plat que nous sert K.T.T. ? Je n'irai pas jusqu'à dire ce dernier est le Swans français, mais il me semble évident que les fans de la paire Gira – Jarboe peuvent se procurer la discographie de Kill The Thrill les yeux fermés et les oreilles grandes ouvertes. On y retrouve cette même obsession pour les ambiances épaisses, sombres et étouffantes.
Par certains aspects, la musique des marseillais peut rebuter: des machines en lieu et place d'un batteur, surabondance de sonorités electro-indus, instruments grésillants, aucun espace sonore vierge, un rythme général assez linéaire, et enfin un accent anglais imparfait, écueil récurent des formations françaises. Ces arguments-là, je peux les comprendre mais je pense également que ce sont ceux de pisse-vinaigre. Je les énumère pour la forme et histoire d'être un minimum objectif.
L'album s'ouvre sur ce qui est sans doute le meilleur titre de l'album: "203 Barriers." Mélodique, émotif, écrasant, la voix rauque de Nicolas Dick, mixée en retrait, prend d'entrée aux tripes. Le son et le jeu de basse de Marylin Tognolli n'ont rien à envier à ceux des influences citées plus haut et la seconde guitare de Frederick De Benedetti apporte son lot de dissonances, mais toujours au service de la mélodie, primordiale chez ce groupe.
Inexorablement, les titres s'enchaînent, compacts, homogènes, à la limite de l'étouffement. Chaque morceau se compose de différentes strates sonores qui en renforcent l'impact mais ce n'est jamais de la surenchère gratuite. Compositeurs intelligents maniant la pesanteur avec subtilité, les membres de Kill The Thrill créent une musique où sobriété n'est pas synonyme de pauvreté, les nombreux arrangements visant toujours à l'utile et jamais à l'esbroufe, de ceux qui laissent à penser que le musicien fourmille d'idées alors qu'ils ne font justement que masquer le vide sidéral de son inspiration.
Outre la faculté de Nicolas Dick à écrire des lignes vocales hypnotiques et immédiatement mémorisables, l'autre point fort de Kill The Thrill est sa faculté à diversifier les ambiances, ce qui évite un possible sentiment de lassitude. Ainsi "Shudder To Sink", avec ses faux airs de ballade désespérée, permet à l'auditeur de prendre une bonne goulée d'air vicié après l'éprouvant "Western" et ses six minutes vingt, dont un final surprenant (chant de grillons.) Ce repos salvateur, régénérant, apparaît comme nécessaire avant d'encaisser "Stase", ou huit minutes trente de chaos métallique. Après avoir écouté ce titre, il y a un bon nombre de groupes jouant dans la même catégorie qui risquent de paraître bien fades...
Néanmoins, en dépit de l'aspect indéniablement mélodique des neuf titres présents sur cet album, aspect principalement redevable au chant, il ne faut pas s'y tromper: 203 Barriers est un album dur d'approche, notamment à cause de la froideur de l'ensemble : Robotisation de la rythmique, guitares lancinantes cherchant à bâtir un mur du son plutôt qu'une harmonie limpide, le rendu général évoque une usine désaffectée, pas un bord de plage.
Pour ceux qui trouvent beaux les édifices rongés par la rouille, Kill The Thrill fait pleuvoir de l'acide.
Bon 15/20 | par Arno Vice |
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