Angelfish

Avant d'être la meneuse grungy-pop-cyber-punk de GARBAGE que nous connaissons tous, Shirley Manson officiait au sein d'un combo au drôle de nom d'ANGELFISH. Un an et demi avant la sortie du 1er LP devenu incontournable de GARBAGE, ANGELFISH publiait donc son unique album éponyme, une collection de 10 titres bien ficelés n'excédant jamais les 5 minutes. Alors quel intérêt de parler aujourd' hui de cet album,passé inaperçu à l'époque ? ... Parce qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire !
Rien de novateur ni de révolutionnaire chez ANGELFISH, mais aprés tout la question n'est pas là ; et puis chaque nouvel album qu'écrit un groupe ne peut pas révolutionner le Rock,on ne s'en sortirait pas sinon ! Non, non, ces 10 compos gagnent à être écoutées pour bien d'autres raisons,et d'abord pour cette voix reconnaissable entre mille, cette voix qui sur la plupart des morceaux ici apporte un supplément d'âme indéniable, et vient illuminer des lignes rythmiques un peu simples mais authentiques ("You Can Love Her" , "King Of The World"). Oscillant entre une pop efficace (le tendu et hargneux "Heartbreak To Hate") et des sursauts 'punkesques' ("Mummy Can't Drive"), cet album est étrangement marqué par une noirceur mélancolique légère, tout en filigramme, qui accroche l'auditeur d'une manière presque perverse, sans qu'il ne s'en rende tout à fait compte. L'entêtant "Tomorrow Forever" en est le parfait exemple ; mais c'est surtout du côté de l'obscur et sublimement tragique "The Sun Won't Shine" qu'il faut se tourner -sans aucun doute le titre le plus réussi sur l'ensemble-, obsédant jusqu'à plus soif, ou comment rester scotché(e) des heures sur une chanson de 4 minutes (c'est à se demander parfois si on ne prendrait pas du plaisir à se faire du mal).
Un album à découvrir donc, ou à redécouvrir, pour les inconditionnels de la Miss Manson, et pour les autres.