Telefon Tel Aviv
Remixes Compiled |
Label :
Hefty |
||||
C'est une surprise et un sacré bonheur d'avoir retrouvé l'une des projets électronica les plus impressionnants de ces dernières années à travers une apparemment insignifiante compilation de remixes.
Dans ma chronique de l'album Map Of What Is Effortless, je parlais du fond et de la forme. Dans la musique électronique, la composition se fait en même temps que le mixage, c'est à dire que c'est le genre où le son constitue le coeur de la composition. Le reproche que je faisais aux Telefon Tel Aviv arrivés au cap du deuxième album, c'était d'en mettre plein les oreilles pour masquer un cruel manque de profondeur. Une sorte de musique électro qui avait de plus en plus tendance à virer ameublement pour salon Ikéa, traversée ça et là de vrais éclairs de génie, grâce au travail sur la versatilité du son et des textures qui parvenait à faire mouche de temps en temps.
Qualifiée d'IDM (Intelligent Dance Music, catégorisation hasardeuse et stupide, car toute pleine d'ellitisme et de suffisance), la musique du duo n'est ni dance, ni intelligente, mais précise et sensorielle. L'écoute de cette collection de remixes élaborés depuis les débuts du duo rassure là où le précédent album laissait perplexe dans sa tentative de rallier expérimentations fouillées et ambiance aseptisée façon musique d'ameublement hi-tech, plombée par des voix très plates et formatées. Car la base de la musique du duo américain, l'indispensable et magique base de beats aériens, ultra-clairs et complexes couplée à des nappes mélancoliques en suspension se retrouve ici confrontée aux univers d'artistes très inspirés et un peu moins sages, provenant majoritairement de leur label, le confidentiel Hefty.
Avec sa pochette et son titre qui n'ont strictement rien d'original, on pourrait penser que cette compilation est le truc anecdotique destiné aux fanatiques purs et durs du duo. Cette morne sobriété est sans doute plutôt destinée à éviter d'envahir d'images étrangères l'écran intérieur de l'auditeur, qui aura projeté toutes ses visions à l'écoute des morceaux. Car oui, ce disque n'est pas une bête et méchante compilation de remixes destinée avant tout aux fans, c'est un superbe kaléidoscope de collisions entre l'électronica pointilleuse et apaisante du duo et celui d'excellents artistes indépendants, oeuvrant majoritairement dans l'électro-pop ou le post-rock. Loin de broder le minimum syndical autour des pistes qui leurs sont confiées, Joshua Eustis et Charles Cooper élaborent des remixes avec autant de coeur et de patience que leurs propres compositions, n'hésitant pas à déconstruire totalement un morceau pour retrouver le meilleur de leur style, laissant les sonorités originales le plus souvent éparses. La sombre chanson " Even Deeper " de Nine Inch Nails devient ainsi un morceau d'electronica lumineux et riche en détails, qui vaut les meilleurs moments de " Fahrenheit Fair Enough ".
Que de diversité et de choses splendides dans ces remixes! Revisités, " All Around " de Bebel Gilberto vous donnera envie de faire l'amour sur une plage, " Komponnent " d'Apparat vous fera pleurer de tout le vide qui remplit le regard des gens des grandes cités hi-tech. Du post-rock speedé, un orchestre à cordes au bord de l'électrocution (" Stolen Moments " d'Oliver Nelson). Plus loin, je fonds face au décollage puissant et syncopé, incroyablement hypnotique de " Asleep on The Wing " de Marc Hellner...
Bien sûr le duo n'a pas pu s'empêcher de frôler à quelques reprises le mauvais goût ; je ne sais pas ce que vaut l'original de la chanson composée par American Analog Set, mais là cet espèce de refrain de boys band qui découvre le cyber-punk, c'est grotesque. D'autre part, la grosse montée post-rock finale basée sur un morceau de Slicker en fait beaucoup trop, et atténue un peu la forte impression que vient de laisser l'ensemble du disque. Mais rien n'y fait, je leur pardonne et ne cesse depuis quelques mois de me replonger dans cette suite de morceaux extrêmement élaborés et enveloppants.
Dans ma chronique de l'album Map Of What Is Effortless, je parlais du fond et de la forme. Dans la musique électronique, la composition se fait en même temps que le mixage, c'est à dire que c'est le genre où le son constitue le coeur de la composition. Le reproche que je faisais aux Telefon Tel Aviv arrivés au cap du deuxième album, c'était d'en mettre plein les oreilles pour masquer un cruel manque de profondeur. Une sorte de musique électro qui avait de plus en plus tendance à virer ameublement pour salon Ikéa, traversée ça et là de vrais éclairs de génie, grâce au travail sur la versatilité du son et des textures qui parvenait à faire mouche de temps en temps.
Qualifiée d'IDM (Intelligent Dance Music, catégorisation hasardeuse et stupide, car toute pleine d'ellitisme et de suffisance), la musique du duo n'est ni dance, ni intelligente, mais précise et sensorielle. L'écoute de cette collection de remixes élaborés depuis les débuts du duo rassure là où le précédent album laissait perplexe dans sa tentative de rallier expérimentations fouillées et ambiance aseptisée façon musique d'ameublement hi-tech, plombée par des voix très plates et formatées. Car la base de la musique du duo américain, l'indispensable et magique base de beats aériens, ultra-clairs et complexes couplée à des nappes mélancoliques en suspension se retrouve ici confrontée aux univers d'artistes très inspirés et un peu moins sages, provenant majoritairement de leur label, le confidentiel Hefty.
Avec sa pochette et son titre qui n'ont strictement rien d'original, on pourrait penser que cette compilation est le truc anecdotique destiné aux fanatiques purs et durs du duo. Cette morne sobriété est sans doute plutôt destinée à éviter d'envahir d'images étrangères l'écran intérieur de l'auditeur, qui aura projeté toutes ses visions à l'écoute des morceaux. Car oui, ce disque n'est pas une bête et méchante compilation de remixes destinée avant tout aux fans, c'est un superbe kaléidoscope de collisions entre l'électronica pointilleuse et apaisante du duo et celui d'excellents artistes indépendants, oeuvrant majoritairement dans l'électro-pop ou le post-rock. Loin de broder le minimum syndical autour des pistes qui leurs sont confiées, Joshua Eustis et Charles Cooper élaborent des remixes avec autant de coeur et de patience que leurs propres compositions, n'hésitant pas à déconstruire totalement un morceau pour retrouver le meilleur de leur style, laissant les sonorités originales le plus souvent éparses. La sombre chanson " Even Deeper " de Nine Inch Nails devient ainsi un morceau d'electronica lumineux et riche en détails, qui vaut les meilleurs moments de " Fahrenheit Fair Enough ".
Que de diversité et de choses splendides dans ces remixes! Revisités, " All Around " de Bebel Gilberto vous donnera envie de faire l'amour sur une plage, " Komponnent " d'Apparat vous fera pleurer de tout le vide qui remplit le regard des gens des grandes cités hi-tech. Du post-rock speedé, un orchestre à cordes au bord de l'électrocution (" Stolen Moments " d'Oliver Nelson). Plus loin, je fonds face au décollage puissant et syncopé, incroyablement hypnotique de " Asleep on The Wing " de Marc Hellner...
Bien sûr le duo n'a pas pu s'empêcher de frôler à quelques reprises le mauvais goût ; je ne sais pas ce que vaut l'original de la chanson composée par American Analog Set, mais là cet espèce de refrain de boys band qui découvre le cyber-punk, c'est grotesque. D'autre part, la grosse montée post-rock finale basée sur un morceau de Slicker en fait beaucoup trop, et atténue un peu la forte impression que vient de laisser l'ensemble du disque. Mais rien n'y fait, je leur pardonne et ne cesse depuis quelques mois de me replonger dans cette suite de morceaux extrêmement élaborés et enveloppants.
Très bon 16/20 | par Sam lowry |
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